Quel mélange pour quel méteil ? Méteil grain ou méteil ensilage ?

Le méteil peut être une alternative pour reconstituer à moindre frais ses stocks fourragers en prévision l'année prochaine.

Petit rappel : le méteil est un mélange de céréales (triticale, blé, orge, avoine), de protéagineux (pois fourrager, pois protéagineux, féverole) et d’une légumineuse (vesce). Ce mélange est récolté en ensilage ou en grain selon les besoins du troupeau.

Le mélange de plusieurs espèces permet une meilleure résistance aux maladies et une adaptation aux conditions météorologiques de l’année. Il y aura toujours une espèce adaptée à la situation. Le mélange obtenu sera différent d’une année sur l’autre avec une même composition au départ selon la rigueur de l’hiver, et la pluviométrie du printemps.

 

Date et dose de semis, proches d’une céréale

Réaliser le semis à la même date que les céréales pures courant octobre. Ne pas semer trop tôt au risque d’avoir un développement trop important avant l’hiver.

Le semis sera réalisé en un seul passage avec toutes les semences mélangées, à une profondeur de 2 à 3 cm. Seule la féverole demande une profondeur plus importante de 4 cm à 10 cm. Dans certains essais la féverole est semée avant un labour superficiel et le semis proprement dit du méteil.

La vesce et la féverole sont les plus sensibles au gel, ces espèces sont à privilégier pour un semis de printemps. La vesce velue est plus résistante au froid.

La dose de semis sera élevée (180 à 200 kg) car le désherbage n’est pas possible, donc il est nécessaire de couvrir au plus vite le sol.

 

Fertilisation, rester prudent

Un apport de matière organique avant le semis est conseillé. Un apport de lisier ou de 30 à 60u d’azote au printemps peut être nécessaire en fonction du pourcentage de protéagineux. Une quantité d’azote trop importante peut entraîner un développement trop important et la verse du mélange au mois de juin. Il conviendra donc d’être prudent sur les quantités épandues.

 

Objectif ensilage

Le rendement espéré est de 4 à 6 tonnes pour une récolte précoce, et 6 à 10 tonnes pour une récolte plus tardive. Ce sont les protéagineux qui apportent de la valeur en énergie et azote.

Avec une récolte précoce (début mai), c’est la valeur alimentaire qui est privilégiée, avec une récolte plus tardive (début juin), c’est la sécurité de la ration qui est visée (pouvoir tampon et teneur en cellulose de la ration).

Ci-contre le mélange qui avait été testé avec réussite lors des essais du PEP Bovins lait : Triticale 60Kg + Blé 20Kg + Avoine 50Kg + Pois fourrager 20Kg + Vesce 30 Kg ou uniquement 25 kg de pois.

Ce mélange peut être modulé selon la date et le mode de récolte :

  • Pour une récolte précoce du 10 au 15 mai il est possible d’augmenter la dose de protéagineux de20%, car ce mélange sera récolté avant le risque de verse.
  • Pour une récolte en enrubannage diminuer voir supprimer le triticale, et augmenter l’avoine et utiliser un blé sans barbe. Avec cette association  le rendement sera diminué mais l’appétence amélioré, dans ce cas  passer à 20Kg de triticale et 80 Kg d’avoine. Si possible utiliser une botteleuse avec des couteaux.

Si au printemps la culture a une bonne tenue et une quantité raisonnable de protéagineux la moisson est toujours possible.

 

Objectif grain

Même avec un objectif de grain, si au printemps le développement des protéagineux est très important, ne pas hésiter à ensiler pour éviter le risque de verse trop important.

  • Le mélange traditionnel qui a fait ses preuves : triticale 160Kg + pois fourrager 25 Kg. Cela permettra de gagner de 2 à 6 point de protéine.
  • Le mélange qui a un bon potentiel en protéine mais qui attire le gibier et est plus sensible aux maladies : orge 80 Kg pois + protéagineux 150 Kg. Ce mélange est éligible à l’aide à la production de protéagineux de la PAC.

En plaine il est possible de semer 80 kg de triticale + 120 kg de féverole à ajuster en fonction du poids des 1000 grains car très variable pour cette espèce. Viser 25 graines de féverole au m2. Le semis peut se faire en un seul passage à 4cm de profondeur ou en deux passages.

 

A chacun de faire son expérience pour affiner les doses adaptées à sa région et à ses terres. N’hésitez pas à nous faire part de votre expérience.

 

Patrick PELLEGRIN, Isère Conseil Elevage

 

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