Prenons soin des primipares au robot de traite

C’est  bien connu, le déroulement de la première lactation engage les suivantes. En système robotisé, l’impact est généralement plutôt positif (multiplication des traites), mais il faut toutefois rester  vigilant sur l’aspect « longévité » des animaux.

Une perte de poids des primipares, en début de lactation est très préjudiciable à la longévité de ces animaux « non adultes ». On constate généralement que les primipares sont :

  • Moins compétitives dans l’accès à l’auge et au robot
  • Une capacité d’ingestion moindre
  • Des besoins alimentaires différents (production de lait et reconstitution des réserves).

Il faut donc être attentif à la gestion de l'élevage des génisses, à la gestion de l'alimentation et complémentation des génisses au robot, et au logement et traite de ces primipares.

 

Gestion de l’élevage des génisses

L’objectif d’un poids au vêlage de 580-600kg est un optimum.

Un poids inférieur risque d’entrainer des problèmes de compétitivité et de capacité d’ingestion.       Un poids supérieur, souvent cumulé à un engraissement excessif (note d’état >3.5) est un fort risque d’acétonémie en début de lactation et de présence d’œdème mammaire.

Le premier facteur bouleversant l’ingestion des animaux est leur tonus et leur capacité à se déplacer. Le deuxième facteur est lié aux difficultés de branchement au robot,  des mamelles douloureuses entrainent une augmentation d’échecs ou de traites incomplètes.

La préparation  au vêlage des génisses doit rester identique à celle des  vaches taries : distribution d’un « fond de cuve », ¼ à 1/3 de la ration des vaches laitières avec utilisation de minéraux spécifique de ce stade.

Penser au parage le cas échéant.

 

La gestion de l’alimentation et de la complémentation au robot

Les primipares sont particulièrement pénalisées par un défaut de qualité des fourrages. Ces animaux sont plus sensibles à l’acidose en traite robotisée et encaissent très mal les déficits énergétiques.

Il  faut une ration diversifiée, avec un taux de MS de la ration de 40% minimum.

Une granulométrie de la ration adaptée et des fourrages « intègres », mais également respecter les fondamentaux (auges propres, régularité de distribution…).

Bien gérer les transitions, avec un temps minimum lors de la mise à l’herbe et de l’ouverture de nouveaux silos. Accompagner le cas échéant avec des substances tampons.

Faire attention aux silos qui chauffent, surtout en période d’été (utilisation possible de conservateur) et les maïs fraichement fermentés, moins de 3 mois depuis la mise sous bâche.

Les logiciels des  robots autorisent un pilotage différencié et rigoureux de la complémentation des primipares en démarrage de lactation.

Il faut adapter la durée, le démarrage des primipares est moins rapide que celui des multipares. Autrement dit il faut plus de temps pour exprimer leur potentiel. Une table de complémentation  courte pénalise le pic de lactation. La mise en place de la table en fonction de la production devra donc être programmée 10 jours après celle des multipares (environ 55 jours).

Il faut également maintenir un seuil minimal en aliment de production, pour finaliser la croissance des plus jeunes primipares (vêlage 2 ans).  On préconise généralement de maintenir 1,5 à 2 kg de concentré type VL18  en deuxième partie de lactation, indépendamment  de la production. Attention toutefois à ne pas dépasser 35% de concentré total dans la ration.

 

Logement et traite des primipares

Plus la taille des troupeaux augmente, plus l’adaptation d’une  primipare  devient difficile. L’ensemble des changements (robots, logettes, portillons…) additionné à l’intégration dans un groupe d’animaux plus important est en cause. Le temps passé à rencontrer les congénères se fait au détriment des temps d’alimentation et de repos. Les primipares sont alors nourries avec une part élevée de concentré (risque d’acidose) et restent beaucoup plus longtemps debout (risque de lésions du pied, fourbure…).

Pour une adaptation idéale, lorsque le bâtiment le permet, l’aménagement d’un petit box, si possible sur aire paillée, est une solution. Il permettra aux primipares d’avoir un libre accès au robot, de manger tranquillement et de se reposer. La proximité de ce box permet également à l’éleveur d’intervenir rapidement auprès de ces animaux sans déranger le reste du troupeau.

Le jour du vêlage, l'éleveur doit accompagner sa vache dans le robot et être présent naturellement à la première traite. Quand le robot le permet, il faut en profiter pour indexer l'auge pour ces primipares afin de sécuriser la pose des gobelets, mais à partir de 3 ou 4 jours, l'indexation doit être retirée pour laisser un maximum de liberté à la vache dans la stalle.
Au bout de 3 ou 4 jours, la vache doit fréquenter la station toute seule et atteindre 2,5 traites en moyenne pour monter à 3 traites au bout d'une dizaine de jours. La consommation d'aliment au DAC sera supérieure à 85 % de ce qui est programmé.
Selon le tempérament des animaux, au bout de 15 jours à 3 semaines, les primipares pourront intégrer le troupeau des adultes.

 La production minimale devra également être adaptée pour les primipares : 1 à 2 kg par traite en moins par rapport aux multipares.

Il est également intéressant de se rappeler quelques fondamentaux :

  • une place à l'auge / VL
  • une logette / VL
  • une aire paillée dimensionné à la production est au nombre de vaches laitières

Si insuffisance il y a, les animaux principalement pénalisés seront bien sur les petites nouvelles.

 

La gestion des primipares au GAEC des Elfes

Le GAEC des Elfes utilise deux robots de traite pour traire environ 90 Vaches depuis début 2012. Les vaches sont conduites en « zéro pâturage », avec une ration 2/3 Ensilage de Maïs, 1/3 Ensilage d’Herbe.

Le troupeau Montbéliard est aujourd’hui à un niveau de production de 8500 Kg de Lait. Les éleveurs, Mrs Avinin, ont comme objectif technico – économique de « faire vieillir » les vaches. Aujourd’hui le troupeau est composé de 30 % de vaches laitières à plus de cinq lactations (3.5 lactations de moyenne). Une quinzaine de  génisses de 30 mois, intègrent le troupeau chaque année, soit un taux de renouvellement de moins de  20%. Les éleveurs sont très pointilleux à l’intégration de ces dernières et essayent de limiter au maximum les problèmes d’adaptations au robot.

En pratique les primipares intègrent le lot des vaches taries précocement (dès quelles sont échographié « pleine »). La ration est composée de :

  • 3 à 4 kg de ms ensilage de Maïs
  • 1 à 2 kg de ms ensilage d’herbe
  • 1 kg de céréales
  • Foin à volonté
  • 50 g de minéral spécial « baca »
  • 50g de Chlorure de Magnésium

 

3 semaines avant le vêlage, les futurs laitières rejoignent le troupeau. Elles ont accès au robot, et ont à disposition 1kg de VL 18 et 1kg de correcteur azoté (dominante de tourteau de soja). Contrairement à la préparation des multipares, elles ne reçoivent du propylène glycol (200g pendant 10 jours) qu’après leur vêlage. Ceci afin d’éviter les problèmes d’appétence du concentré distribué.

A partir du vêlage les primipares sont traites manuellement (robot parking), deux fois par jour. Les éleveurs favorisent ainsi des traites « calmes » avec moins de stress pour les animaux et des traites réussies. Cette période dure environ 8 jours pour deux tiers des animaux. Lorsque elles se présentent seules, de façon calme et consomment leur concentré sans problème, les primipares sont passées en traite automatique : 5 heures et 6 kg de lait attendus jusqu'à 90 jours. Ensuite le paramétrage passe à 7 heures et  7 kg de lait attendus.

La distribution de concentré se fait de façon automatique en fonction de la quantité de lait à partir de 35 jours après vêlage.

 Avec cette technique, les éleveurs obtiennent de bons résultats (bonne fréquentation, traites efficaces, consommations correct de la complémentation…), mais avouent  y passer du temps. L’adaptation étant très variable selon les individus, le tempérament des animaux devient, aujourd’hui sur l’exploitation, un critère de sélection à part entière.

Avec cette adaptation maison les primipares ne peuvent plus forcer les portes du robot et sortir de façon intempestive. Le système se replie, grâce à un vérin pneumatique couplé au vérin principal, lorsque le robot commande l’ouverture de la porte et devient rigide en position fermé.

 

Sébastien Brignon, Haute Loire conseil élevage pour le groupe robot FIDOCL

 

 

 

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