Prendre soin des sols pour assurer l’alimentation du troupeau

Le sol est un milieu vivant et riche de processus biologiques. Pendant de nombreuses années, le sol a été considéré comme un simple support. Les avancées de la recherche et les observations des agriculteurs apportent un nouveau regard sur l’agronomie et les pratiques culturales. Les analyses de sol classiques permettent de connaitre le type de constituants minéraux, la texture, le pH. Mais la vie biologique n’est pas mesurée par ces analyses  alors que la faune, les champignons et les microorganismes sont les principaux régulateurs de l’équilibre des relations sol –plantes.

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Le sol, un milieu vivant et fortement interconnecté

 

La faune

Lorsque l’on fait un profil de sol ou un test à la bêche, on observe facilement la faune présente. La plus connue est la famille des vers de terre.  Le rôle principal des vers de terre est de transformer la matière organique afin de libérer les éléments nutritifs pour les plantes. Ils digèrent les végétaux et participent à la formation du complexe argilo-humique. Les turricules, visibles au printemps, sont très riches en éléments fertilisants.  Par leurs déplacements horizontaux et verticaux, ils forment des galeries facilitant la circulation de l’eau et des racines. Les vers de terre sont les artisans principaux de la vie du sol.

La mésofaune, les animaux de taille comprise entre 100μm et 2mm, participent à l’aération des sols lors de leurs déplacements. Ils répartissent la matière organique dans la couche arable. Certains d’entre eux assurent la régulation des bactéries et des champignons nuisibles pour les plantes.

 

Les bactéries

Elles  sont impliquées dans la décomposition de la matière organique, formant l’humus et libérant des nutriments disponibles pour les plantes. Certaines sont capables de décomposer la cellulose et la lignine. Les cyanobactéries qui fixent le carbone et l’azote atmosphérique sont les premiers colonisateurs et permettent l’accumulation de nutriments dans les sols. D’autres, comme les rhizobium, forment des nodules fixateurs d’azote au niveau des racines des légumineuses.

Les populations de bactéries vivent en colonies dans tout le sol, surtout près des racines. Elles se nourrissent des nutriments fournis par les plantes. En contrepartie, elles produisent des hormones de croissance qui favorisent le développement racinaire. Les bactéries sont capables de communiquer entre elles pour lancer des  attaques contre des champignons ou d’autres pathogènes. Elles régulent ainsi les risques de maladies.

 

Les champignons mycorhiziens

Les champignons déploient de nombreux filaments mycéliens pour exploiter les ressources du sol. Dans un hectare, ils créent des millions de kilomètres de réseaux interconnectés avec les racines des végétaux. Une partie du mycélium pénètre dans les racines et fournit aux cultures des éléments nutritifs tels que l’azote, le  phosphore… mais surtout de l’eau. En échange, les cultures fournissent aux champignons les sucres élaborés lors de la photosynthèse. Cette association est bénéfique aux deux partenaires.

La glomaline, une sorte de colle naturelle produite par les champignons, stabilise le sol, en reliant des particules fines de limon, de sable ou d’argile. Elle améliore la résistance à l’érosion et retient l’eau et les minéraux.

 

 

 

Les bonnes pratiques culturales sont favorables à la vie des sols

 

La diminution du taux de matière organique d’un sol va entrainer la disparition des nombreux contributeurs de sa structure, microorganismes, faune et champignons. Les conséquences sont défavorables aux rendements.  Les phénomènes les plus fréquents sont l’érosion, les croûtes de battance, la compaction et la diminution de la rétention d’eau. L’apparition de plantes bio-indicatrices sont une aide au diagnostic.

Les apports réguliers et mesurés de matière organique et le maintien de la couverture des sols en végétaux, sont indispensables pour fournir aux organismes du sol une alimentation constante. Les cultures pluriannuelles installent des populations sur du long terme. Les rotations longues augmentent la diversité des populations. Le travail du sol doit éviter de modifier les zones de vie des organismes et de fracturer les mycorhizes. C’est pour cela qu’il est conseillé de limiter le labour et surtout de le faire le moins profond possible. Enfin, l’utilisation d’insecticides pour protéger les cultures ne seront pas sans impacts sur la faune du sol.

 

Le saviez-vous ?

Les trente premiers centimètres des sols agricoles contiennent 70 t de carbone par hectare : le sol un levier pour agir en faveur du climat

 

Dans 1 cm3 de terre on trouve :

  • 106 à 109 bactéries
  • 5 kms d’hyphes mycorhiziens
  • 10 à 60 000 protozoaires
  • 50 à 100 nématodes
  • 1 collembole
  • 1 insecte

 

Les actinomycètes, bactéries filamenteuses du sol représentent une source prodigieuse d’antibiotiques de structures et mécanismes d’action variés.

On estime à 100 millions de tonnes par an la masse d'azote fixé au niveau mondial par les rhizobium, soit le même ordre de grandeur que la production d’engrais chimique

Les turricules produits pas les vers de terre sont très riches en éléments fertilisants

 

Anne Blondel Acsel Conseil Elevage

 

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