Prairies temporaires : Implanter sous couvert de céréales

Gain de temps et de rendement, amélioration de la structure du sol, diminution des produits phytosanitaires : osez le semis sous couvert !

Oublié depuis longtemps cette technique refait surface. Elle fait partie de la panoplie des systèmes de polycultures élevage pour renouveler les prairies avec un bon taux de réussite et limiter ou supprimer les désherbants.

 

 

Espèces et densité de semis : trouver la bonne combinaison

Il faut accepter d’avoir une céréale moins dense et donc un rendement plus faible pour garantir l’implantation de la future prairie qui a besoin de lumière. L’agressivité et la vitesse d’implantation sont les critères de choix pour la sélection des espèces prairiales. Les Ray Grass Italien et Hybrides ainsi que les trèfles violets sont très faciles à implanter, le semis sous couvert leur convient tout à fait. Les autres espèces, à vitesse d’implantation plus lente (dactyle, fétuque, RGA, luzerne, mélanges), devront être mis dans les conditions idéales. On privilégiera les parcelles les plus fraiches, les plus fertiles et une céréale moins dense et moins agressive (blé plutôt que seigle).

 

Implantation d’automne sous couvert de céréales d’hiver

Entre 700 et 900 m d’altitude une date de semis au 20 septembre apparait comme le meilleur compromis. Attention au risque de gel pour les implantations trop tardives, surtout s’il y a des légumineuses. Deux passages sont nécessaires : semis de la céréale à 2-3 cm, puis le jour même ou le lendemain de la prairie à 1 cm. Il faut combiner une céréale agressive (seigle ou triticale) à une prairie qui l’est moins (éviter RGH et TV). Cette technique donne de bons résultats en plaine, aussi bien pour une récolte en grain qu’en fourrage, mais nous avons peu de référence en montagne.

 

Implantation de printemps sous couvert de céréale d’hiver ou printemps

Les épisodes extrêmement chauds et secs mettent à mal les semis traditionnels entre le 15 août et le 15 septembre. Les avantages du semis au printemps dans une céréale déjà en place sont nombreux. Tout d’abord, à l’abri de la céréale la prairie est moins sensible à la chaleur et les légumineuses démarrent plus vite au printemps. Pour l’éleveur un seul travail du sol est nécessaire pour deux cultures. Enfin pour le sol, à l’automne la prairie est installée, le sol structuré avec une meilleure portance facilitant la récolte ou le pâturage. Le semis de céréale peut être retardé d’une ou deux semaines pour limiter le développement des adventices et le tallage excessif. La densité de semis doit être réduite de 10 à 20 %. Le semis de la prairie ne doit pas être trop précoce (fin mars – début avril). Avec un semoir à disque classique ou une herse étrille équipée d’un semoir le léger travail du sol ne nuit pas à la céréale.

 

Implantation de printemps sous couvert de céréale de printemps

Si  cette technique est particulièrement adaptée à l’implantation de la luzerne, elle peut également se pratiquer avec les autres espèces à vitesse d’implantation lente. L’avoine est la céréale la mieux adaptée mais l’orge peut être utilisé, récoltée en fourrage ou en grain selon les besoins de l’éleveur. La période idéale d’implantation se situe la première quinzaine d’avril.

 

Patrice MOUNIER, Haute-Loire Conseil Elevage

 

« GAEC des Rosiers à Lezoux (400m d'altitude). Exploitation en bio, polyculture-élevage, 60 VL holstein 6500kg lait/VL, 15 ha de prairies temporaires ou luzerne semés chaque année.

 

N’ayant pas pu l’installer à l’automne, la luzerne a été semée sous couvert d’avoine de printemps au mois de mars dès qu’il a été possible de rentrer dans les terres. L’avoine a d’abord été semé (180kg/ ha) à 3-4 cm de profondeur puis la luzerne (30à 35 kg/ha) en surface le même jour. Le semoir est muni d’un rouleau.

La moisson a eu lieu fin juillet. L’entrepreneur a fauché assez haut. Cela permet d’obtenir des andains de paille plus modestes  assez  « foisonnés »qui ont permis à la luzerne de sécher très rapidement. La Luzerne était fleurie au moment de la fauche. Le rendement était correct à la fois en grain (45 qx/ ha) et en paille (4.4t/ ha). Cette paille s’est avérée très appétante et convient très bien pour la ration mélangée des génisses d’élevage.

Après la moisson, il est préférable de fertiliser à nouveau la luzerne si le temps le permet. Sur l’automne, il a été possible de réaliser deux coupes (plus modestes) en foin et enrubannage. Techniquement, ça a été une réussite pour l’implantation de la luzerne et nous avons obtenu une récolte correcte pour la céréale de printemps.

 

Propos recueillis par Jean Zapata, Puy-de-Dôme EDE Conseil Elevage.

 

 

 

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