Prairies : mélangez, c'est gagné !

Associer les espèces pour gagner en pérennité et en valeurs alimentaires. La qualité du fourrage dépend du choix des espèces et de leur bonne association. Il en découle des valeurs alimentaires intéressantes, une bonne adaptation de la prairie à son milieu et une limitation de travail et d’intrants.

 

 

Pour des prairies plus résistantes

Face aux aléas climatiques et aux terrains difficiles, la diversité d’espèces augmente la robustesse et la pérennité d’une prairie. Avec une bonne gestion, les rendements obtenus en prairies multi-espèces peuvent être supérieurs aux prairies d’association simples (type dactyle/luzerne par exemple). Le fait d’associer des légumineuses dans les prairies a fait ses preuves, aussi bien d’un point de vue technique qu’économique : les légumineuses apportent des valeurs alimentaires plus élevées et plus stables. Ainsi, on constate moins de variabilité de production d’une année à l’autre, mais aussi entre chaque coupe. Enfin, lorsqu’elles composent un mélange, les légumineuses favorisent l’ingestion et permettent aussi de réduire les apports d’azote sur les prairies. Les mélanges prairiaux s’adaptent aussi bien à la pâture qu’à la fauche. Il faut cependant choisir les espèces et les variétés en fonction de l’utilisation que l’on souhaite en faire.

 

 

 

En fonction de son système

Pour conserver des fourrages secs ou mifanés, certains paramètres tels que le développement de la plante, son appétence, sa facilité de séchage sont des critères importants à prendre en compte. Au-delà du mode de récolte, il faut également s’interroger sur les conditions pédo-climatiques, la durée de vie de la prairie, les utilisations que l’on veut en faire (période d’utilisation, rendement, qualité recherchée). En système pâturant, pour créer son mélange, on choisira au maximum 6 espèces fourragères et 8 variétés différentes. Il faut au moins 5% de chaque constituant dans le mélange. Au moment de la constitution du mélange, il est important de déterminer l’utilisation qu’on en fera pour cibler les espèces les mieux adaptées : pâture uniquement, ou pâture+ fauche en sec, enrubannage/ensilage… L’appétence de la prairie aura une très grande importance en élevage caprin : du plus appétant au moins appétant, on nommera la luzerne, le trèfle violet, les ray gras anglais et italien très bien ingérés ; la consommation devient plus moyenne pour la fétuque ou le dactyle. Le trèfle blanc quant à lui est à éviter. Pour la chèvre, privilégiez les espèces et variétés à port dressé plus facilement préhensibles.

 

Selon ses objectifs et contraintes techniques

SI l’on souhaite augmenter la valeur protéique d’une prairie, on misera sur une légumineuse à intégrer à hauteur de 40 à 50% (minimum 30%). Ce dosage permettra de freiner l’agressivité de certaines espèces (dactyle par exemple) pour laisser la place à d’autres (luzerne, fétuque élevée). Le ray grass hybride, le trèfle violet ou hybride, sont des espèces agressives et peu pérennes. Elles peuvent être intégrées dans des mélanges de longue durée dans le but d’augmenter la productivité la 1ère année. Mais leur manque de pérennité créera des vides dans les mélanges en fin de vie. La luzerne et la fétuque élevée sont des espèces très appréciées par la chèvre mais, ayant une durée d’implantation lente, elles peuvent être très vite concurrencées par un trèfle violet ou un ray-grass hybride.

 

Caractéristiques des principales espèces fourragères présentes en Rhône-Alpes

 

Légumineuses

 

Luzerne

Légumineuse la plus riche en protéines mais déficitaire en énergie ; système racinaire puissant qui permet de valoriser l’eau du sol, ne supporte pas les sols acides (pH>6) ; plante gourmande en azote et phosphore, nécessité de profondeur de terre. Pérennité 4 ans. Association possible avec dactyle, brôme, multi-espèces.

Sainfoin

Très bonnes valeurs énergétiques et protéiques, forte appétence et fibrosité. Productivité limitée (une coupe de printemps voire repousse pour pâturage d’automne) mais bonne résistance à la sécheresse et adapté aux sols superficiels. Sols calcaires indispensables. Culture pure voire multiespèces. Pérennité 2 à 3 ans.

Trèfle violet

Très bien adapté à la région Rhône-Alpes ; très intéressant pour enrubannage et ensilage, peut convenir en séchage en grange ; supporte mal le sec mais s’adapte à l’acidité ; pauvre en énergie ; pérennité 2 ans ; association possible de courte durée avec ray grass italien/hybride, mélange multi-espèces.

Trèfle blanc

Convient à la région Rhône-Alpes, s’adapte aux sols frais mais craint la sécheresse ; peu pâturé mais excellentes valeurs alimentaires ; sa durée de vie est plus longue que le trèfle violet (pérennité 4 ans) ; association moyenne durée avec ray-grass hybride ou multi-espèces.

 

 

Lotier

Prix élevé et peu de production pour de la prairie temporaire, on peut se questionner sur son intérêt économique. Par contre cette légumineuse convient bien en espèce secondaire, en multi-espèces ou pour améliorer la valeur d’une prairie naturelle. Elle s’adapte aux conditions difficiles et aux sols moins fertiles. Forte pérennité.

Vesce

Espèce annuelle plutôt utilisée dans les méteils ; bonnes valeurs nutritives et très appétente.

 

Graminées

 

Ray-grass hybride et italien

Espèce agressive, implantation rapide. Adapté aux coupes précoces, bons rendements ; pérennité de 2 à 3 ans pour le ray-grass hybride. Très bonnes valeurs énergétiques mais manque de protéines : association possible avec trèfle violet et incarnat.

Ray-grass anglais

Très appétent au pâturage, très bonnes valeurs énergétiques ; espèce pérenne parfois limité à 3-4 ans en zone séchante ; association en multi-espèces longue durée.

Dactyle

Adapté aux sols superficiels et résistance à la sécheresse ; pérennité >5ans ; valeurs nutritives moyenne (elles s’effondrent à l’épiaison) mais le dactyle reste la graminée fourragère la plus riche en protéines. Espèce s’adaptant peu aux mélanges du fait de son agressivité par rapport aux autres espèces ; pas de retour d’association réussie à ce jour, à utiliser en mélange multi-espèces longue durée ou luzerne.

Fétuque élevée

Très résistante à la sécheresse et aux sols profonds ; valeurs nutritives très moyennes ; pérennité >5ans ; mélange possible en multiespèces ou luzerne ; impératif de choisir des variétés à feuilles souples pour la pâture.

Brôme

Très bonnes valeurs alimentaires qui chutent moins que le dactyle à épiaison, très productif et adapté à la chaleur ; bonne appétence mais très sensible au piétinement, à réserver pour des prés de fauche. Espèce à implanter seule ou en association avec de la luzerne ; ne convient pas aux mélanges.

Fléole

Espèce d’altitude qui se caractérise par une grosse coupe au printemps puis qui végète. Très tardif. S’accommode de sols très acides mais sensible à la sécheresse. Peu intéressant à 500m d’altitude car son cycle correspond aux périodes de sec. Plus adapté à 1000m d’altitude.

 

Florine Woehl, ADICE

 

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