Plan d'alimentation caprin : la période de reproduction doit s'anticiper

Il est compliqué de vouloir obtenir de bons résultats de reproduction, tout en maintenant une production laitière élevée dans la période de préparation à la gestation, car la prolactine (hormone de la production laitière) est antagoniste avec la progestérone (hormone de la gestation). 

 

 

Reconstituer les réserves

D’un point de vue des besoins alimentaires, les chèvres ont terminé la phase de prélèvement sur les réserves corporelles sur le 3ème mois de lactation. A partir du 4ème mois, la ration doit couvrir les besoins d’entretien et de production laitière, puis permettre une reconstitution des réserves dans le mois ou les deux mois qui précèdent les chaleurs. On peut souligner que, surtout dans le cas de troupeaux au pâturage, la NEC (Notation de l’Etat Corporel) est un outil très utile pour suivre les variations de l’état corporel.


Rationner l’azote et couvrir l’énergie

Dans la période de pleine lactation, la ration doit couvrir les besoins de la moyenne du lot + 1 kilo de lait. En période préparatoire à la reproduction et pendant celle-ci, il est préférable que les apports protéiques ne dépassent pas 120 % des besoins et il est important de maintenir les apports énergétiques (objectif NEC à 2,5). Les réserves doivent être en phase de reconstitution et les besoins supplémentaires sont alors de 0,2 UF et de 4 g de PDI par jour.


Des besoins supplémentaires pour les primipares

Cette période est encore plus critique pour les primipares. En plus des besoins d’entretien, de production laitière et de reconstitution des réserves, se rajoutent les besoins de croissance de la 2ème année. Dans le cas où les chevrettes avaient atteint un poids suffisant à la saillie, ces besoins à rajouter sont de 0,13 UF et 13 g de PDI par jour à partir du 3ème mois de lactation. En sachant que la capacité d’ingestion des primipares est inférieure à celle des adultes, il est indispensable de vérifier qu’elles ne sont pas concurrencées pour l’accès à l’auge, voir de leur distribuer les meilleurs fourrages.

Vincent Desbos,
Ardèche Conseil Elevage

 

« Christian PHILIPPE, St-bauzile, Ardèche


Objectif : un bon taux de réussite à la repro pour les primipares

Les performances laitières s’améliorant, la période de préparation à la reproduction est une phase difficile à gérer pour l’éleveur, et les taux de réussite ne sont pas toujours au niveau espéré, notamment concernant les primipares.

C’est ainsi qu’en 2011, le taux de réussite des chèvres en 1ère lactation était de 59 %, soit 19 chèvres sur 32. L’éleveur, en discussion avec le contrôleur laitier, a alors estimé que ces résultats n’étaient pas satisfaisants. D’abord parce qu’ils l’obligeaient à garder un lot de chèvres en lactation prolongée à traire en été, et ensuite parce que cela supprimait des femelles jeunes possibles à inséminer sur les deux campagnes suivantes.
En 2012, le choix a été fait de privilégier la reprise d’état corporel suivie par une notation NEC.
Les 1ères lactations sont allotées, de manière à ne pas subir la concurrence des multipares à l’auge et favoriser l’ingestion, et alimentées différemment. A partir de fin janvier, soit plus de 2 mois avant la reproduction, les primipares reçoivent 0,5 kg d’un aliment chèvre laitière à 13 % de protéines alors que les multipares continuent avec un concentré à 23%. La couverture azotée par rapport à l’énergie passe de 132 % pour les multipares à 118 % pour les primipares. La NEC sur le lot des primipares se maintient à 2,5 de février à mai, alors qu’elle avait chuté de 2,5 à 2,3 sur la même période en 2011.

Propos recueillis par Vincent Desbos, Ardèche Conseil Elevage

 

Christian PHILIPPE élève un troupeau de 100 Saanen depuis 2005, à St-BAUZILE, en bordure de la vallée du rhône. Ayant démarré son élevage avec un lot de chevrettes achetées dans la DROME, il a tout de suite poursuivi le travail de sélection avec l’adhésion au contrôle laitier et l’insémination de 30 chèvres chaque année. Les performances du troupeau sur la campagne 2011 s’élèvent à 1 014 kilos de lait par chèvre, avec 33,2 de TB et 31,8 de TP, en système désaisonné avec mise-bas début septembre et adhésion AOC picodon.   »

 

Pour aller plus loin sur ce sujet, consultez notre Lait's Go spécial Reproduction

 

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