Pâturer des légumineuses dans les prairies multi-espèces

Créé dans le cadre d’une expérimentation conduite au Lycée agricole du Valentin (26) via le PEP bovin lait, le mélange « St Marcellin » associe graminées et légumineuses.

 

 

 

Un nouveau mélange testé riche en légumineuses

Le mélange « Saint Marcellin », constitué de Fétuque Elevée, Dactyle, RGA, Trèfle Blanc, Lotier, est semé à 20 kg/ha (2 kg de TB et 1,2 kg de Lotier). Il est complété par de la Luzerne (7 kg), du Sainfoin (20 kg) et du Trèfle Violet (2,5 kg) pour obtenir une grande quantité de légumineuses. Ces dernières assureront appétence, rendement et apport d’azote dans la ration des laitières. Elles améliorent également la souplesse d’exploitation de ces prairies.


Les légumineuses, moteur de la prairie

Les nodosités fixent l’azote atmosphérique et l’apportent à la prairie. A l’implantation, si des légumineuses étaient présentes dans la rotation depuis moins de 10 ans, l’inoculation est inutile. Le rhizobium a besoin de calcium pour bien se développer sur les racines des légumineuses. En sol acide, l'apport de chaux est très important.


A chaque espèce, ses avantages

Le sainfoin, réservé aux sols calcaires, stimule le démarrage la première année. En prairies multi-espèces, on privilégiera le sainfoin simple.
En sol granitique, le trèfle violet peut trouver sa place. Il faudra choisir une variété résistante à l’odium.
La luzerne est sensible aux sols acides et à l'excès d'eau. Un chaulage régulier est nécessaire lorsque le pH est inférieur à 6. Au Valentin, elle valorise l'irrigation estivale.
Les trèfles blancs améliorent l’appétence et la souplesse d’exploitation du mélange, privilégier les associations de trèfles (géants, intermédiaires et rampants) lorsque le déficit hydrique estival n’est pas trop marqué.
Le lotier est adapté aux terrains séchants, il s'implante lentement mais il est pérenne.
Ces deux espèces ont une forte capacité de colonisation des trous.
Comme le sainfoin, le lotier est non météorisant et est riche en tanins. Ils permettent de mieux valoriser les protéines de la ration.


Une espèce nouvelle à tester

Une parcelle avec Chicorée a été implantée en 2012 (20 kg « St Marcellin » + 3 kg Chicorée + 2 kg de Trèfle Blanc). La Chicorée résiste à la sècheresse grâce à son pivot. La pâture 2013 s'est bien déroulée. Une expérimentation sur le dosage de la Chicorée et l'intérêt du Plantain devrait démarrer fin 2013.


Jean Pierre Manteaux, Chambre d'Agriculture de la Drôme, référent PME du PEP Bovins Lait


« Lycée Agricole du Valentin, Bourg lès Valence (26) 


Plus 13 tonnes de matière sèche par ha valorisées au pâturage : les prairies multi espèces, gage d’une bonne productivité.


Daniel Jalifier dirige l'exploitation du lycée conduite en agriculture biologique depuis 2010. Les 40 vaches laitières pâturent 10,5 ha.


Pourquoi avez-vous choisi le pâturage des prairies multi-espèces ?

En 2007, une expérimentation PEP bovin lait a été menée sur les prairies multi-espèces. Au terme de cette étude, un manque d’appétence des mélanges est ressorti. Après échanges avec Jean-Pierre Manteaux, nous avons décidé d’introduire plus de légumineuses dans les mélanges pour obtenir le meilleur compromis entre appétence, valeur alimentaire, rendement, résistance à la sécheresse et pérennité.
Nous avons développé le pâturage pour simplifier le temps de travail et améliorer l’autonomie alimentaire et protéïque. En 2012, 13,8 tonnes de matière sèche par hectare ont été valorisées au pâturage.


Comment gérez-vous le pâturage au quotidien ?

Le parcellaire est composé de 34 parcelles de 30 ares. Les vaches en lactation restent une journée par parcelle. Le lendemain, les génisses et les taries pâturent afin d’atteindre une hauteur de sortie proche de 5 cm. L’intervalle de repousse de plus de 30 jours permet à la luzerne et sainfoin de se maintenir dans le couvert et assure une quantité d’herbe disponible importante aux laitières.   
En fonction des caractéristiques de la parcelle et de la pousse, j’adapte la complémentation à l’auge. Je privilégie le foin de luzerne pour corriger l’azote et le maïs ensilage et grain humide pour l’énergie. Sur la saison de pâturage, deux tiers des fourrages  proviennent des pâtures. La complémentarité des espèces dans les mélanges et l'irrigation permettent d’atténuer les variations de production.


Propos recueillis par Yannick Blanc, Drôme Conseil Elevage

 

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