Pâturage, on la joue collectif

Fourrage le plus rentable pour l’éleveur, l’herbe pâturée au bon stade est aussi le plus équilibré pour l’animal sur l’aspect nutritionnel. Mais la concrétisation est parfois plus difficile. Les groupes d’éleveurs permettent de lever les freins et partager ses pratiques.

 

L’art du compromis

Au pâturage, la règle consiste à faire coïncider les besoins du troupeau à la ressource fourragère des prairies accessibles au pâturage. Au printemps l’épiaison des graminées et la croissance explosive compliquent la tâche de l’éleveur. L’été, les températures excessives et le manque de précipitation peuvent impacter fortement la croissance. Pour ajuster cette croissance aux besoins, le rôle de l’éleveur est déterminant. Ses choix de gestion influent directement sur la dynamique de pousse bien au-delà des critères pédoclimatiques.

Progresser en groupe au pâturage

Avec une croissance parfois imprévisible, difficile de donner des recettes pour gérer le flux d’herbe. Depuis quelques années, les Conseils élevages de la région animent sur les territoires des groupes d’éleveurs. Ces groupes se rassemblent régulièrement sur la saison de pâturage pour échanger sur la gestion de l’herbe : Date de mise à l’herbe, hauteur d’herbe à l’entrée ou à la sortie des animaux, niveau de complémentation à l’auge, quantité de concentré, surface accessible, choix des espèces sont autant de sujets abordés entre les participants. Suivant les besoins du troupeau, les décisions pourront être différentes selon les élevages mais des règles communes à tous les systèmes devront être respectées. A chaque rencontre, les sujets abordés sont divers mais chacun peut repartir avec la réponse à ses questions et des pratiques à mettre en œuvre ou à tester sur son exploitation. Une véritable façon de progresser sur un domaine où la recette n’est pas la solution.

Mickaël COQUARD, Rhône Conseil Elevage

 

 

Gaec des 3V à St Trivier sur Moignans (01)

«Les échanges entre éleveurs nous permettent de sortir de notre système en partageant d'autres pratiques et des visions différentes.»

Les deux associés du GAEC élèvent une centaine de vaches Prim’Holstein à 10 500 kg. Depuis 35 ans les vaches exploitent une vingtaine d’hectares.en pâturage tournant dynamique (PTD), une parcelle nouvelle est offerte chaque jour

 

Il est de plus en plus rare de voir pâturer des grands troupeaux. Pourquoi ce choix ?

«L’intérêt pour le pâturage est d’abord économique, en réduisant le cout de ration. La santé et le bien être des animaux sont stimulés par l'activité engendrée, en particulier la santé des pieds .On aime voir les vaches dehors, elles sont bien ! Mais depuis quelques années, nous nous interrogions sur notre conduite en PTD, aucun voisin n’utilisant cette technique. Nous nous sommes demandés si un passage à système avec quatre parcelles ne serait pas plus simple à gérer.»

Comment êtes vous rentrés dans un groupe pâturage ?

« En 2017, des formations ont été organisées sur le PTD et des groupes d'échange se sont créés par la suite. Le groupe nous a remotivé à continuer le PTD. Grâce aux discussions entre éleveurs nous avons une meilleure réactivité sur la gestion du pâturage. Nous hésitons moins à écarter des parcelles quand la pousse de l'herbe s'intensifie, la valorisation de l'herbe est meilleure. Nous profitons de l'expérience des autres éleveurs, quel soit positive ou négative. Nous avons pâturé du 3 mars au 3 octobre 2021 et rentré les vaches avant la mise en route des deux robots GEA le 4 octobre. »

Allez-vous poursuivre le pâturage après l’installation des robots ?

« En 2021, du 1er mai au 1er juin, l'herbe pâturée représentait entre 50 à 55% de l’alimentation des vaches sur l'application Happygrass. En 2022, suite à l’installation du robot, nous allons réduire la surface pâturée car 5 ha sont de l'autre côté d'une route communale. L'objectif reste tout de même de valoriser au maximum les 15 ha accessibles tout en maintenant la production. Nous allons donc modifier notre organisation. Le bâtiment disposant de deux sorties nous allons tester le pâturage avec deux parcelles de chaque côté du bâtiment avec un fil avancé toutes les 12 heures en alternance sur ces deux parcelles. L'objectif est que les vaches repassent par le bâtiment pour pouvoir changer de parcelle, à suivre… »

Propos recueillis par Rémi BERTHET (Acsel)

Tags: