Pâturage caprin : la pluie profite à l'herbe mais perturbe la pâture

Avec les fortes perturbations et les températures douces, la croissance reste soutenue, mais le pâturage est fortement perturbé sur toutes les zones. Le cumul de pluie atteint 110 mm sur le nord Ardèche depuis le 20 Mai.

Les stades de foin sont atteints jusqu’à 800 m d’altitude avec des sommes de températures dépassant 1000 °C sur ces zones. Avec les sols détrempés et les averses quasi quotidiennes, il est impossible de commencer les coupes en foin séché au sol.

 

La pousse reste importante et il est toujours recommandé de mettre à disposition 4 à 6 Ha pour 100 chèvres avec une hauteur d’herbe à la cheville. Si aucune zone n’a été broyée ou fauchée, il est de plus en plus difficile de disposer d’une herbe de qualité. Sur les exploitations disposant de beaucoup de surfaces, il est possible de revenir maintenant sur des parcelles précoces pâturées jusqu’à début mai, et rajouter des parcelles tardives peu ou pas pâturées. Il est judicieux de ne plus pâturer sur les parcelles de mai, en rupture pour la conduite parasito.

Au-dessus de 800 m et en montagne, la pousse est maximale pour du plein pâturage, limiter les concentrés à 800-900 g à 16% de protéines pour des fortes productions, et disposer du fourrage de bonne qualité en chèvrerie en fonction de la météo ( 0.5-0.8 kilo si la pâture dure 8heures minimum, 1 kilo pour 5 à 8heures de pâture, 1.5 kilo pour 2 à 3heures de pâture).

A basse et moyenne altitude, il faut adapter la complémentation à l’évolution de la production. A partir du 3é mois de lactation, la chute ne doit pas excéder 10% d’un mois sur l’autre. La baisse de la richesse du lait peut aussi être un témoin d’un manque d’énergie de l’alimentation. Pour des productions fortes de + de 3.5 litres, le concentré doit remonter à 1-1.1 kilo à 20% de protéines, la correction en matière grasse est recommandée pour parvenir à 3.5 % de teneur moyenne de la ration. Du foin de bonne qualité doit être mis à disposition et augmenter les quantités les jours de pluie. Pour les troupeaux désaisonnés, les fins de lactation approchent, il faut quand même remonter le concentré entre 0.7 et 0.8 kilo de concentré à 16 % de protéines si la production est entre 2 et 2.5 litres de lait pour éviter un amaigrissement des chèvres.

 

PARASITISME : PREVENIR LE RISQUE !!!

Encore trop peu de résultats de copro à cette période et vu le niveau de risque lié à la météo.

Des charges importantes sont relevées à la fin mai (1200 opg de strongles intestinaux). Il est rappelé encore l’importance de réaliser régulièrement des analyses de crottes à la cadence de toutes les trois semaines. Avec une bonne maîtrise depuis le début de la pâture, la charge ne devrait pas dépasser 500 opg. Si le troupeau change de parcelles pâturées, on parle de « rupture de bloc » en utilisant alors des parcelles nouvelles (repousses de fauche, parcelles pâturées par d’autres animaux sauf des ovins ou nouvelles parcelles tardives pas encore pâturées). Dans le cas d’analyse faible on peut se passer d’un traitement, dans le cas de résultat fort (au-dessus de 500 opg) il est recommandé de traiter en ciblé, c’est-à-dire la moitié du troupeau en incluant les primipares et les fortes laitières. Cette pratique a pour objectif de garder « un réservoir » de parasites non traités sur l’exploitation et éviter l’apparition de résistance.

Les produits de traitements efficaces en lactation sont rares et il est vital de préserver cette efficacité. Il faut donc limiter au maximum à deux utilisations annuelles ces produits, et il est donc indispensable de gérer l’utilisation des parcelles pour maîtriser la charge parasitaire.

 

PARTAGE D’EXPERIENCE

Coraline et Florian du GAEC DU PINET à ST-CLEMENT élèvent 120 chèvres Alpine en 1ère lactation en 2018. Avec le printemps tardif, la pâture n’a commencé que début Mai ici à 1100 m d’altitude, et les chèvres sont restées 3 jours en chèvrerie avec les 60 cm de neige tombées le 13 Mai. La courbe de lait a accusé une baisse de 0.4 litre par chèvre, mais la production est remontée avec le temps doux de fin Mai. Le bloc de pâture utilisé couvre environ 12 Ha avec des zones de broussailles et de rocher, et Florian agrandit le parc tous les jours avec des filets électriques.

Un 2ème bloc doit être utilisé en été avec les repousses d’une zone fauchée, ou des pentes et des bordures seront à utiliser. Une copro sera réalisée à ce moment-là avec traitement si besoin, et cela permettra une « rupture de bloc » bien utile pour la gestion du parasitisme.

D’un point de vue tech-éco, la moyenne actuelle de 2.8 litres par chèvre est obtenue avec 350 g de maïs et 500 g d’un granulé à 25% de MAT (soit un mélange à 19% de MAT). Le temps instable de ces derniers jours a obligé une distribution moyenne de 1 kilo de foin de montagne de bonne qualité.

Les taux de richesse de 39 en TB et 31 en TP permettent un prix de 652.5 €, soit un produit lait de 1.83 € par chèvre et par jour.

Le coût de l’alim est estimé à 0.45 € par chèvre dont 0.3 € de concentré, soit 24% du produit brut.

Avec une amélioration de la météo, la production peut remonter à 3 kilos par chèvre avec une diminution du foin distribué, ce qui améliorera encore la marge alimentaire.

 

Vincent DESBOS - Ardèche Conseil Elevage

 

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