Pâturage caprin : croissance de l'herbe et créneau météo de fauche au menu de la semaine

Les précipitations importantes et le temps chaud sans excès maintient une pousse importante de l’herbe mais perturbe la bonne gestion de la pâture et a empêché les foins  jusqu'à présent. Sur le nord Ardèche depuis le 22 mai, 170 mm de pluie sont ainsi tombés.

Pour les températures, avec 125°C à moyenne altitude sur la semaine 23, et un cumul atteignant les 1000°C à 1000 mètres,  les stades des foins sont atteints jusqu’à cet altitude. Au-dessus de 1000 m, les fauches des foins précoces sont possibles avec la fenêtre qui paraît se présenter entre jeudi 14 et mercredi 20 juin. Sur les zones plus basses, faucher rapidement sauf les parcelles qui demandent un écoulement de l’eau pour récolter dans de bonnes conditions.

Concernant la gestion de la pâture, les recommandations sont identiques à la semaine dernière. Les exploitations n’ayant pas à leur disposition des parcelles fauchées tôt, broyées ou pâturées par d’autres animaux il y a 3 ou 4 semaines, ont beaucoup de difficulté à disposer de pâture de qualité.

Pour des animaux en pleine lactation et une production moyenne à 3.5 litres, la complémentation remonte à 1.1 kilo par chèvre en 3 distributions (2 repas en soirée) à une teneur moyenne de 18 à 20% de protéines. La teneur moyenne de la ration devant être de 3.5 à 4% de matière grasse. Par période pluvieuse il est recommandé de mettre à disposition du foin même de qualité médiocre (0.5 à 1 kilo si les chèvres sortent 5 à 8h00, 1 à 1.5 kilo si elles sortent 3 à 5h00).  Pour les élevages disposant seulement de pâture de mauvaise qualité ou trop restreints en surface pâturée (moins de 4Ha pour 100 chèvres), il peut être utile d’intégrer de la luzerne déshy à hauteur de 300 g par chèvre, voire plus si la pâture est vraiment restreinte. La quantité journalière ne dépassera jamais 800 g et elle sera associée à une distribution de foin grossier.

Pour une production de 2.5 à 2.8 litres, 0.8 kilo de concentré à 18% de protéines suffisent, 0.65 kilo à 18% de protéines à 2-2.5 litres, et 0.55-0.6 kilo à 16-18% pour 1.5 à 2 litres. Pour les animaux à partir du 5è mois de lactation, attention à considérer également les besoins de reprise d’état corporel.

Si la pâture se déroule sur des repousses, ou pour les élevages au-dessus de 1000 m, les valeurs de l’herbe permettent encore des fortes productions avec des complémentations modérées (3.8 litres par chèvre cette semaine avec 1.05 kilo de concentré à 19% de protéines pour un élevage à 1000m).

 

PARASITISME

Tous les voyants sont au rouge : humidité importante, chaleur sans excès, impossibilité d’introduire des parcelles de repousses « propres » après fauche, toutes les conditions sont au rouge pour causer des fortes infestations et des accidents sanitaires. Sur la fin du mois de mai, un troupeau du nord Ardèche a perdu 25 chèvres sur mortalité pour un cheptel de 150 chèvres. Cette perte est causée par des antérotoxémies dues à une présence importante de parasites (certainement strongles gastro-intestinaux et taenias).

Il est recommandé de contrôler l’infestation parasitaire par des analyses de crottes toutes les 3 ou 4 semaines. Si la charge augmente (supérieure à 500 œufs par gramme de SGI), réaliser un traitement avec un produit à base d’avermectine toléré en lactation de manière ciblée, c’est-à-dire sur la moitié du troupeau en couvrant les primipares et les fortes laitières. Après le traitement, utiliser des parcelles non pâturées précédemment ou des repousses après fauche. Le fait d’utiliser des surfaces plus importantes (8 à 10 ha pour 100 chèvres par exemple) diminuent le chargement et donc le risque parasitaire. Egalement, l’utilisation de parcelles de sous-bois ou de broussailles diminue la charge car les chèvres mangent des végétaux en hauteur qui ne sont pas chargés de parasites.

Sur certaines exploitations ayant un fort chargement et aucune possibilité de varier l’utilisation des parcelles pâturées, le risque est tellement fort à la fin du printemps qu’il est préférable de laisser les chèvres à l’intérieur et distribuer des fourrages en chèvrerie.  

 

Vincent DESBOS - Ardèche Conseil Elevage

 

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