Le temps chaud sans excès permet une pousse soutenue de l’herbe et des bonnes conditions de pâture. Par contre les stades végétatifs évoluent vite car les cumuls de température sont importants :120 °C sur la semaine à 500-600 m d’altitude. Les 1ères coupes en séchage en grange ont eu lieu et les foins séchés au sol ont commencé au 24 mai à moins de 600 m d’altitude.
A 1000 mètres, les stades sont optimum pour une pâture de qualité, avec 8 à 10h00 de présence une complémentation à hauteur de 900 g de concentré à 16% de protéines permet des hauts niveaux de production (3.5-4 litres voir +). Donner 600 à 700 grammes de concentrés à 16% de protéines pour 2.5-3 litres de lait.
Au-dessous de 800m, les graminées sont à l’épiaison et les valeurs alimentaires évoluent à la baisse. Pour maintenir des niveaux de production élevés (3.5 à 4 litres), il faut remonter le concentré au-dessus de 1 kilo, par exemple 400g de céréales, 600 g de concentré 26% et 50 g de tournesol pour 3.5 litres de lait de moyenne. Il est alors plus prudent de distribuer le concentré en 3 apports, par exemple 450g le matin, puis deux repas de 300 g avant et après la traite du soir à au moins 2 heures d’intervalle. Il faut disposer de minimum 4 Ha pour 100 chèvres à herbe à hauteur de cheville, si la surface est limitée et la qualité se dégrade, mettre des fourrages de qualité à disposition, soit de 0,8 à 1 kilo par chèvre.
Dans le cas où des nouvelles surfaces peuvent être utilisées (repousses après coupes précoces, repousses après broyage il y a 2-3 semaines, parcelles tardives pas ou peu pâturées), l’herbe est toujours de qualité et la complémentation n’est pas à changer.
PARASITISME : GERER LE RISQUE !!
Le temps instable avec des pluies et des averses orageuses sur de nombreuses zones provoquent une situation à risque à cause de l’humidité qui permet des conditions favorables au développement des parasites. La pâture a commencé depuis au moins six semaines sur la plupart des zones et le risque est élevé. Il faut réaliser des analyses de crottes régulièrement, idéalement toutes les 2 ou 3 semaines pour surveiller la charge parasitaire.
Si la charge est supérieure à 400-500 opg en SGI (strongles gastro intestinaux), associée avec des symptômes sur le troupeau (diarrhées, baisse de la production, pelage vilain), il est nécessaire de déclencher un traitement. Au point de vue des produits chimiques, il est conseillé d’utiliser une avermectine possible en lactation en pratiquant le traitement de manière ciblée, c’est-à-dire en couvrant les primipares, les adultes fortes laitières et les chèvres vilaines d’aspect, sans dépasser au total 50% du troupeau.
Si la charge est faible ou moyenne et qu’il n’y a pas de symptômes particuliers, éviter le traitement.
Dans les deux cas, il est fortement recommandé de réaliser une « rupture de bloc », c’est-à-dire d’utiliser un groupe de parcelles nouvelles qui n’ont pas été pâturées, ou seulement au moment de la mise à l’herbe, ou qui ont été fauchées ou broyées depuis 3 semaines. En commençant l’utilisation de ces parcelles nouvelles, il faut ne plus du tout faire pâturer sur les parcelles utilisées récemment pour éviter la contamination du nouveau bloc. Pour les élevages qui pâturent depuis 6 à 8 semaines, surtout sur les exploitations où le chargement est élevé, la gestion du parasitisme est aujourd’hui plus importante que la gestion de l’herbe.
PARTAGE D'EXPERIENCE
Franck DEYGAS élève 130 chèvres en transformation fromagère à SATILLIEU en nord-ardèche. Les fourrages sont récoltés uniquement en foin séchés au sol, et l’éleveur fait pâturer des zones fauchables assez tard pour décaler la pousse et récolter des foins les meilleurs possibles.
Le troupeau tourne jusqu’à maintenant sur une surface de 9 à 10 Ha, dont 7,5 Ha ne sont pas fauchables. Les deux Ha tardifs vont être écartés de la pâture, et 1 nouveau Ha pâturé précédemment par les chevaux va être rentré dans la pâture chèvre.
Concernant la fauche, Franck a décidé de couper 2.4 Ha de Dactyle le 24 Mai et réalisé les bottes le dimanche 27. Le rendement est de 1.7 t/Ha de foin bien feuillu mais il sera à surveiller pour vérifier qu’il ne s’échauffe pas. Avec les dernières pluies, une 2è coupe importante et de qualité va pouvoir être réalisée.
Des prélèvements de crottes vont être réalisés pour vérifier la charge, dans le cas d’une infestation assez élevée, les surfaces les plus utilisées en pâture depuis le printemps peuvent être écartées, et de nouvelles parcelles rentrées dans le bloc de pâture après la fauche.
Pour la production laitière, la pâture permet actuellement 2.8 litres avec 0.33 de maïs, 0.21 d’orge et 0.27 de graines de soja, ce qui donne un bon résultat technique avec 290 g de concentré par litre de lait. Une consommation de 0.4 kilo de bon foin de PN sécurise la rumination et l’ingestion par ce temps capricieux.
Vincent DESBOS - Ardèche Conseil Elevage