Pâturage caprin : bonnes conditions pour finaliser les foins, mais dégradation des conditions de pâture

Avec les températures en progression et le temps sec et venteux, les foins avancent très vite sur la plupart des zones, certaines exploitations ont terminé les récoltes, y compris les coupes des repousses après ensilage et enrubannage. Avec 135°C de cumul sur la semaine à 600 mètres, la donnée atteint les 1500 °C à cette altitude, et 1100 °C à 1100 mètres. Sur les zones d’altitude, les stades des foins sont atteints jusqu’à 1200 mètres. Profitez de la période sûre pour réaliser les foins dans de très bonnes conditions.

Sur les zones en-dessous de 800 mètres, les récoltes sont réalisées dans de bonnes conditions mais avec des stades tardifs sur une majorité des parcelles, on peut craindre des valeurs limitées pour l’utilisation d’hiver.

Les conditions météo sont bonnes également pour la conduite de la pâture, mais avec une dégradation de la qualité de l’herbe sur les parcelles uniquement pâturées depuis le début du printemps.

Dans ces conditions, les fortes productions (3.5 l par chèvre) sont impossibles à couvrir. Le niveau de complémentation doit être remonté à 1.2 kilo de concentré à 20-22 % de protéines, et 0.5-0.8 kilo de foin de bonne qualité doit être distribué en chèvrerie. Dans le cas où des parcelles de repousses sont utilisées (après fauche précoce de mi-mai, broyage ou fauche de nettoyage, pâture d’autres animaux), une complémentation à 900 g de concentré à 18-20% de protéines et une distribution de 0.3-0.5 kilo de foin en chèvrerie convient.

Pour les troupeaux produisant entre 2.5 et 3 litres par chèvre, remonter la complémentation concentrée à 0.8-0.9 kilo à 22% de protéines pour permettre une bonne activité du rumen des animaux.

Pour les exploitations disposant de parcelles de broussailles et de sous-bois, la période d’utilisation de ces zones arrive. Il faut maintenir les niveaux de concentré pour couvrir les besoins de déplacements des animaux, et apporter les protéines nécessaires à une bonne digestion. La complémentation doit ainsi être à 22% de protéines, à 1 bon kilo pour 3 litres, 0.8 kilo pour 2.5 litres, 0.65 kilo pour moins de 2 litres et pour des chèvres taries.

 

Parasitisme : Adapter les pratiques !

A partir de 6 à 8 semaines de pâturage dans la campagne, la gestion du parasitisme prend plus d’importance que la gestion de l’herbe dans la conduite de la pâture. Ces bonnes pratiques ont du mal à être intégrées sur un bon nombre d’exploitations. Ainsi, très peu d’analyses de crottes ont été réalisées à ce jour, alors que nous vivons une campagne avec des risques particulièrement élevés.

Egalement, beaucoup d’éleveurs ont déjà réalisé des traitements « chimiques » (notamment avec des avermectines), sans avoir au préalable un résultat de copro, en réalisant de manière systématique le traitement alors qu’il faudrait le cibler sur la moitié du troupeau, et aussi en continuant d’utiliser les mêmes parcelles de pâture après le traitement.

Le risque est important de subir rapidement de nouvelles infestations importantes, et le plus grave est d’installer de manière irrémédiable une résistance des parasites à la seule molécule encore disponible en traitement en lactation.

A la suite d’un traitement, il est important de ne plus utiliser les parcelles utilisées précédemment et entrer dans le cycle de pâture des parcelles « propres » (repousses après fauche, broyage depuis 4-5 semaines, pâture d’autres animaux). De cette manière, la charge parasitaire sera maîtrisée et il sera possible d’attendre la rentrée en chèvrerie à l’automne pour réaliser un autre traitement.

 

Partage d'expériences

Célia THOUE élève 100 chèvres Alpine en 1ère lactation à ECLASSAN.

Le troupeau a commencé la pâture début avril sur des parcelles de RGI et de ray-grass-trèfle. Les conditions « parasitaires » sont parfaites puisque le troupeau est propre en commençant la pâture (lot de chevrettes acheté) et les parcelles propres (pas de pâture de caprins et d’ovins les années précédentes).

Les parcelles de prairies naturelles ont pu être fauchées sur fin mai et début juin, ce qui permet de disposer aujourd’hui de belles repousses. A la fin de l’utilisation du 1er bloc, l’analyse copro du 19/06 fait ressortir l’absence de strongles gastro-intestinaux. Un traitement antiparasitaire est donc inutile, les chèvres vont commencer le passage sur le 2è bloc de pâture et ne devraient pas se parasiter jusqu’à la fin de l’été. Des copros de contrôle vont être réalisées fin juillet et en Octobre pour décider si il y a besoin de nettoyer les animaux à l’entrée en chèvrerie avant l’hiver.

Sur le plan économique, la qualité de la pâture permet un maintien de la production à 2.9 litres de lait et un produit lait de 1.85 € par chèvre et par jour. Avec 0.9 kilo de concentré à 19% de protéines et 0.5 kilo de foin en sécurité, la marge alimentaire de 1.41 € par chèvre et par jour représente 76% du produit lait. Très efficace économiquement à cette période !!

 

Vincent DESBOS - Ardèche Conseil Elevage

 

 

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