Malgré la forte chute des températures des derniers jours, les conditions de pousse de l’herbe restent favorables grâce à une pluviométrie suffisante : 50 à 80 kilos de MS par jour et par Ha sur prairie de bonne qualité.
Les trois jours de pluie (ou neige au-dessus de 900/1200 m selon les secteurs) avec temps frais ont compliqué la conduite de la pâture. Dans ces conditions, les animaux reçoivent à nouveau des fourrages à volonté en chèvrerie. Au niveau des concentrés, il est dangereux d’augmenter de façon brutale la quantité distribuée. On peut rajouter 200g sur un repas ajouté en fin de matinée par exemple, en s'assurant que les chèvres sont prises au cornadis pour éviter la concurrence et la consommation excessive de certains animaux. Ces pratiques ont pour seul objectif de limiter la casse, et l’éleveur doit être prêt à accepter la baisse de production sur les quelques jours défavorables.
Avec une pluviométrie suffisante (60-70 mm depuis le 1er mai par exemple sur le haut-vivarais) et une chaleur modérée, la pousse favorable va se poursuivre. Il faut profiter au maximum de ces conditions pour gérer la pâture. A basse altitude, les surfaces enrubannées ou ensilées vont repousser pour proposer des surfaces à pâturer très favorables sur fin mai et début Juin. Sur les exploitations en AOP, n’hésitez pas à faucher les refus importants sur les parcelles précoces ou broyer les zones mécanisables pour disposer de belles repousses dans 3-4 semaines. Prévoir dès maintenant un bloc de 4 à 6 Ha pour 100 chèvres à utiliser dans 2 à 4 semaines. Au-dessus de 800 m, les chèvres ne pâturent plus les surfaces prévues pour la fauche.
Les conditions sont toujours assez favorables pour ne pas augmenter la complémentation, 800 à 900 g de concentrés à 16% de matières azotées par chèvre permettent des productions supérieures à 3.5 litres de lait de moyenne.
PARASITISME
La période est venue de vérifier la charge parasitaire par analyses copro, si cela n’a pas été fait cette semaine, prévoyez d’envoyer vos analyses le mardi 22 mai.
Si les résultats font apparaître un comptage supérieur à 400 opg, et d’autant plus si des symptômes apparaissent (diarrhées, baisse de production, aspect vilain sur certains animaux), il faudra prévoir un traitement juste avant le prochain changement de bloc de parcelles.
Il est fortement recommandé de pratiquer un traitement « ciblé », c’est-à-dire appliqué sur maximum la moitié du troupeau, en traitant toutes les primipares, les fortes laitières et les chèvres à vilain aspect. Pour connaître la résistance aux anti-parasitaires, il faut refaire une analyse de crottes sur les mêmes chèvres une semaine après le traitement, et obtenir 90% d’efficacité sur le nombre d’œufs pour tester l’efficacité du traitement.
PARTAGE D'EXPERIENCE
Célia THOUE est une jeune éleveur de chèvres en 1ère année d’installation, sur la commune d’ECLASSAN, à l’ouest de la vallée du rhône, à 400 m d’altitude. Le troupeau est composé de 100 primipares Alpine, conduites en pâturage et en AOP picodon.
Le pâturage a commencé au 2 avril sur une parcelle de RGI, la prévision était d’utiliser 2 Ha de RGI et 2 Ha de rgi-trèfle. La pousse étant rapidement trop importante, le pâturage a été fait au fil sur 2 Ha de rgi et 1 Ha de rgi-trèfle, le 2ème Ha de rgi-trèfle étant écarté en prévision d’une fauche. Pour éviter le débordement, 1 Ha de rgi pâturé une fois est fauché sur la dernière semaine d’avril avec l’espoir de le réussir en foin. Les 10 balles rondes étant en traine de chauffer, elles seront distribuées aux vaches allaitantes pour éviter de les gaspiller. L’expérience est intéressante mais il est envisagé l’année prochaine d’enrubanner cette coupe pour les VA.
Une parcelle de 0.4 Ha de PN a été rajoutée dans le bloc pour servir de tampon quand la parcelle de rgi a été fauchée. La surface mise à disposition chaque jour est d’environ 0.15 à 0.2 Ha. Grâce à la fauche, le troupeau va repasser maintenant sur les 2 Ha de rgi dans des conditions très favorables (photo ci-contre : la partie qui a été fauchée est à gauche, la partie pâturée à droite). Sur la dernière semaine, les 100 chèvres ont produit 328 litres par jour avec 38.6 de TB et 32.1 de TP.
La complémentation moyenne est de 0.9 kilo de concentré à 19% de protéines et de 0.6 kilo de foin de PN (avec très peu de refus toléré pour assurer l’ingestion des parties les plus cellulosiques).
Sur le plan économique, grâce à la richesse, à la prime AOP et au taux de cellules bas, le prix atteint 679 €/1000 litres. La charge alimentaire par chèvre atteint 0.414 € (0.282 € de concentré, 0.072 € de foin et 0.06 € estimé pour la pâture), ce qui donne 0.126 € par litre de lait. La marge alimentaire est donc de 553 € par 1000 litres de lait, soit 81 % du produit lait.
Vincent DESBOS - Ardèche Conseil Elevage