Parasitisme au pâturage : vers une lutte raisonnée

Dans les systèmes pâturants, un élevage sans parasite n’existe pas. L’objectif est de maintenir une croissance suffisante des génisses tout en acquérant une immunité. 

Les parasites les plus rencontrés sont les strongles et les trématodes (grande douve, paramphistome, petite douve). Présents sous forme de larves dans l’herbe, c’est en les ingérant que les animaux se parasitent.

Suivant le chargement, le type de pâture, le climat, la durée de pâturage, certains parasites peuvent dominer par rapport à d’autres. L’observation des génisses (état de l’animal, poils piqués, diarrhées, ballonnements) et des analyses nous renseignent sur la nécessité ou non du déparasitage.  

 

Strongles digestifs : Combiner immunité et croissance

Les strongles sont des parasites à cycle court qui se développent et se multiplient dans le tube digestif de l’animal et infestent le milieu dans les fèces. Durant la première année de pâturage, l’immunité se met en place petit à petit par contact régulier, prolongé et à faible niveau avec le parasite. A partir de l’année 2, le maintien de l’immunité est assuré par des ré-infestations faibles et régulières chaque année. Pour acquérir une bonne immunité avant vêlage, le Temps de contact effectif (TCE) de l’animal avec les strongles doit être de 4 à 8 mois minimum. Le TCE correspond à la durée du pâturage réelle moins les périodes de rémanence des traitements.

Il est conseillé d’éviter d’avoir des parcelles spécifiquement pour les génisses car ce sont des prés très contaminés. Attention, la répétition de traitements inadaptés en première année et les années suivantes ne permet pas l’acquisition de l’immunité. Un chargement intensif augmente le risque de contamination. Préférer un pâturage tournant pour diminuer la pression parasitaire et limiter le sur-pâturage.

 

Paramphistome et Grande Douve : Attention aux zones humides

Le cycle du paramphistome comme la grande douve nécessite la présence de zones humides et d'un hôte intermédiaire, la limnée tronquée. Le bovin s'infeste en ingérant des végétaux contaminés. La grande douve est une larve qui se situe dans le foie. Tandis que le paramphistome peut être présent dans la paroi de l’intestin et/ou dans le rumen. Les animaux ne peuvent pas acquérir d’immunité. Un traitement en cours de saison n’est pas efficace. Un examen de type coprologie est à envisager dans le mois qui suit la rentrée des animaux. En fonction du résultat, un traitement peut être nécessaire. En termes de prévention, il est important de maitriser le chargement, d’avoir plusieurs paddocks afin de limiter la pression parasitaire et de limiter l’accès à des zones humides (prairies marécageuses, mares, zones de piétinement, points d’eau).

 

« Témoignage de Jean-Louis VARACHAUD, éleveur à Saint-Mathieu (87)

 

« Nous élevons nos génisses de renouvellement sur l’exploitation. Les jeunes sont systématiquement traitées aux anticoccidiens. Avec des vêlages toute l’année, il n’y a plus de vide sanitaire et je trouve qu’il devient difficile de maitriser ce parasite. Elles ont à disposition foin et eau à volonté, ainsi qu’une VL fermière, elles sont sevrées vers trois mois.

La mise à l’herbe s’effectue vers l’âge de 6 mois sur une parcelle proche du bâtiment réservée aux jeunes génisses. Elles sont traitées contre les mouches et les tiques en fonction de la saison. Les plus vieilles partent souvent pour valoriser des prés de fonds humides, c’est pourquoi nous déparasitons systématiquement à l’automne contre douves et strongles. Il n’est pas rare que certaines génisses passent l’hiver dehors, elles disposent d’un abri et d’une complémentation.

En fin de printemps en deuxième année de pâturage, nous contrôlons l’infestation en faisant des coproscopies pour évaluer le taux de contamination et pour cibler les traitements. La structure de l’exploitation et le manque de place dans les bâtiments ne nous permettent pas une conduite rigoureuse, avec une gestion plus adaptée des pâtures destinées aux génisses, nous sommes donc obligés d’être vigilants sur le parasitisme pour maintenir des croissances en cohérence avec nos objectifs d’âge au vêlage. »

 

Céline PIGNOL, Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne

 

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