Optimiser la valeur des fourages lors de la récolte

Le stade, l'horaire et la hauteur de fauche sont 3 critères qui permettent d’améliorer la valeur alimentaire du foin récolté de façon significative. L’objectif à la récolte est de ne pas dégrader la qualité sanitaire mais surtout alimentaire du fourrage obtenu.

Le stade de fauche

La valeur alimentaire d’un fourrage dépend d’abord de son stade de végétation au premier cycle, puis de l’âge des repousses au cours des cycles suivants. Cette valeur diminue rapidement après le stade début épiaison pour les graminées. Ainsi, pour du RGA ou du dactyle, un écart de 10 jours à la récolte entre le début et la pleine épiaison fait diminuer la valeur du fourrage de 0,08 UFL, de 0,06 UEL et de 6 g/kg MS de PDIE. Pour maximiser au premier cycle les quantités d’UFL et de MAT récoltées à l’hectare, les graminées doivent être récoltées au stade début de l’épiaison et les légumineuses au stade boutons floraux (DEMARQUILLY et ANDRIEU, 1988).

 

L’horaire de fauche

La teneur en sucres solubles augmente pendant la journée. Elle est plus prononcée par journée ensoleillée et est maximale 11 à 13h après le lever du soleil. Entre une fauche du matin (8-10h) et l’après-midi (15- 16h15), on constate une hausse en sucres de 0,5 à 4,3 points (peut monter à 5) avec une moyenne de 1,5 pour la 1ère coupe et 2,1 pour la 2e coupe. Plusieurs études ont montré que les fourrages fauchés en après-midi et récoltés sous forme de foin ont une meilleure palatabilité, sont mieux ingérés (dMO, efficacité de l’utilisation de l’azote) et favorisent une meilleure production (Mayland et Shewmaker, 1999).

 

La hauteur de fauche

La hauteur de fauche doit être comprise entre 6 et 8 cm du sol. Cette hauteur engendre de très nombreux avantages : • Améliorer la valeur alimentaire des fourrages (énergie et azote). Faucher à une hauteur de 6-8 cm par rapport à une hauteur de 3-4 cm permet d’améliorer la teneur en MAT de plus d’1 point. • Limitation des risques sanitaires (listeria, butyriques,…). Cette hauteur limite la présence de terre et de matière organique, • Meilleure ventilation du fourrage qui déposé sur les chaumes se dessèche plus rapidement, • Limite la dégradation des prairies. Une fauche trop rase favorise les plantes à rosette et à rhizomes telles que les rumex, pissenlits, chiendent. L’apport de lumière favorise la germination de certaines graines d’adventices, • Moins de dessèchement du sol, • Favorise les repousses précoces et assurer ainsi une 2e coupe de bonne heure, • Moins d’usure du matériel et de consommation de carburant.

 

Benoit DESANLIS, Adice Conseil Elevage

 

Gaec entre Fure et Tour, Charavines (38)

La date de fauche de la 1ère coupe, un élément essentiel

Les associés du GAEC conduisent un troupeau de 100 chèvres Saanen à 1070 kg de moyenne grâce aux fourrages de qualité qu’ils produisent

 

Une première coupe précoce

La première fauche s’effectue, sur notre exploitation à partir de la seconde quinzaine d’avril (18-20 avril) lorsque les conditions météo le permettent. Les fourrages sont récoltés en vrac puis séchés en grange.

 

De nombreux intérêts

Le principal intérêt est la récolte d’un fourrage très riche en azote qui va se substituer, dans la ration, au regain. En effet, cette fauche (très précoce) permet de récolter une faible quantité de fourrage par hectare mais d’avoir du foin très riche en matière azotée, très appétant mais par contre absolument pas fibreux. C’est pour cela qu’il est indispensable de l’associer à un fourrage plus grossier afin de limiter les risques d’acidose. Elle permet également, même en année sèche, de s’assurer une 2e coupe en quantité suffisante. 

 

Hausse de production

Au niveau de la production, cette fauche précoce peut se comparer à une mise à l’herbe. En effet, avec le recul de 4 à 5 campagnes, nous observons entre 10 et 15% de hausse de production. Ce «pic» de lactation, s’il est maintenu, permet de maintenir un niveau de production plus élevé tout au long de la lactation. Cependant, il faut rester très exigeant sur la qualité des fourrages car le moindre écart se traduit par une chute de production encore plus marquée.

 

Attention à l’acidose

La fauche précoce est une alternative à la mise à l’herbe, pour les élevages en zéro pâturage. Elle doit par contre être maîtrisée avec un équilibrage de la ration (luzerne déshydratée et tourteau) afin de limiter les risques d’acidose. Cependant, elle ne doit pas être généralisée à toutes les surfaces car elle entrainerait un manque de fourrages fibreux dans la ration, avec toutes les conséquences que cela engendre.

 

Propos recueillis par Benoit DESANLIS, Adice Conseil Elevage

 

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