Observations animales : Quelles relations avec le taux d'Urée?

Des taux d’urée stables correspondent à des vaches en forme. C’est l’enseignement majeur de l’expérimentation du PEP Bovin Lait sur l'Urée réalisée en 2012.


L’étude urée a repris la grille synthétique de notation des vaches proposée par l’étude THAM. Les quatre critères retenus sont la Note d’Etat Corporel (NEC), le Remplissage de Rumen (RR), la locomotion et la bousologie (examen des bouses). L’objectif a été de croiser les observations animales (NEC, rumen, locomotion et bouses) aux différents profils d’urée. Une vache en forme, productive et féconde est une vache avec une NEC modérée (allant de 2 à 3 en Holstein et de 2,5 à 4 pour les autres races), un rumen rempli (note entre 3 et 4), des pieds sains (note 0) et une bouse raffinée (note 3). L’ensemble des pointages morphologiques ont été décrits dans le Lait’s go THAM (automne 2012).

 

La Note d'Etat Corporel (NEC) : Une illustration de la nutrition des 3 à 6 mois écoulés

Un taux d’urée élevé est majoritairement dû à un excès de protéines brutes dans la ration (pourcentage de Matières Azotées Totales supérieure à 15 %).
Cette configuration favorisant la production est un facteur de risque aggravant le pourcentage de vaches maigres. Les rations riches en azote dégradable accélèrent le transit intestinal par une augmentation de la sécrétion biliaire (détoxification de l’ammoniac). Ce mécanisme métabolique privilégie la synthèse mammaire au détriment de l’état de chair (métabolisme énergétique diminué par un temps de séjour trop court au niveau intestinal). Dans l’expérimentation, nous montrons que 33 % des animaux présentent une NEC faible avec un taux d’urée élevé. Les NEC faibles sont encore plus importantes en Montbéliarde qu’en Holstein.
Un autre enseignement, en situation urée faible, les Holstein semblent avoir plus de difficultés à conserver un bon état corporel (32 % des animaux ont une note <2). En revanche, les Montbéliardes confirment donc que lorsqu’elles ont une ration peu lactogène et fortement pourvue en amidon, elles privilégient une voie métabolique graisseuse.

 

La locomotion : Un point essentiel qui devient crucial à l’heure du robot et des logettes !

Nous confirmons que les troupeaux présentant une variabilité forte des taux d’urée, sont sensibles aux problèmes de boiteries qui sont la conséquence d’une instabilité ruminale provoquée par une acidose subaigüe. Les taux d’urée bas « stables » souvent associés à des excès énergétiques n’engendrent pas des problèmes de boiteries importants.
Un nouvel enseignement, en accord avec les travaux de R. WOLTER, confirme que l’excès de protéine dans la ration génère un état métabolique d’alcalose ammoniacale ruminale accélérant la kératogénèse (corne de mauvaise qualité, tendre, poreuse, friable, sensible aux érosions physiques et aux infiltrations). Cette configuration d’urée haute présente des problèmes de boiteries importants, et cela, contrairement aux préjugés orientant plutôt sur des configurations métaboliques excédentaires en glucides fermentescibles.
Les Montbéliardes semblent plus sensibles au niveau des pieds dans les cas d’urée haute ou variable (48 % des vaches présentent des boiteries). La rusticité connue de la Montbéliarde peut être demain perturbée par ses problèmes de locomotion.

 

Remplissage de Rumen (RR): Un instantané du film alimentaire de la journée et de sa qualité

Les mauvais remplissages de rumen se retrouvent dans les configurations urée faible ou variable. L’excès d’énergie conduisant à des urées faibles se traduit également par des rumens peu remplis car la vache « vide son contenu ruminal » pour remonter le pH. Couramment, nous constatons des transits rapides. Un film alimentaire discontinu suite à un apport massif de concentrés provoque une instabilité ruminale conduisant à des taux d’urée variables. Les vaches dans cette configuration, présentent en majorité des symptômes de maladies nutritionnelles de type acidose chronique.
Un autre enseignement est que les Montbéliardes présentent des rumens globalement mieux remplis que les Holstein. La Montbéliarde semble mieux s’adapter à son film alimentaire…

 

Une bonne bouse: Témoin d’une ration bien valorisée

Le transit et la digestion évalués, par l’intermédiaire des bouses, sont fortement perturbés dans les configurations urée faible et urée variable. La présence de grains et de fibres longues (> à 2 cm) indique un transit ruminal rapide lié à une acidose chronique par manque d’azote fermentescible ou par excès d’amidon dans la ration (> 20 %).
L’expérimentation urée nous démontre que bouses et RR sont très fortement corrélés.

 


 

 

 

 

 

 

 

20% des animaux uniquement sont alertés sur les différents critères quand l'Urée est stable  ----------- L'Etat de forme des animaux se déteriore pour 3 profils : Urée forte, faible et variable.

 

Eric BERTRAND - FIDOCL Conseil Elevage

 

Pour aller plus loin sur ce sujet, consultez un article de synthèse sur le taux d'urée, ou un article sur la variation du taux d'urée du troupeau

D'autre part, un n° de Lait's Go spécial Urée sortit au printemps 2013 existe également

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