Méteil : cultiver de la protéine et des vers de terre

Le méteil est au cœur de la révolution fourragère dans l’Ain. Depuis deux ans, un groupe d’éleveurs de la Dombe s’est constitué pour réaliser des essais agronomiques. Un accompagnement par les conseillers d’ACSEL est réalisé pour le développement et l’animation de ce groupe avec des apports techniques. Cette réflexion a abouti à des essais de méteil dès l’automne 2014.

 

 

L’implantation de méteil peut remplir différents objectifs

La fertilité du sol est améliorée. Pour obtenir un sol vivant, il faut adopter des pratiques culturales qui limitent la perturbation de la vie biologique de la biomasse qui le constitue. En cela, les vers de terre sont de précieux alliés agronomiques car ils améliorent naturellement la porosité des sols ainsi que la teneur en humus. Nourrir la faune du sol est amplifiée en mettant en place des rotations diversifiées.

C’est une alternative au RGI en dérobée, fourrage exigeant en fournitures du sol et pénalisant pour la culture suivante de maïs : préparation, semis et développement en printemps sec.

Le méteil est un fourrage structuré et riche en MAT. Il capitalise par ses légumineuses de l’azote pour les cultures suivantes.

 

2014, les premiers semis

A l’automne 2014, les premiers méteils sont mis en place avec de la céréale, un tuteur protéagineux (féverole) et deux espèces riches en MAT (pois et vesce).

Les analyses montrent que les méteils avec 20 à 40 kg de céréale par hectare ont titré 19 à 22% de MAT, avec 0,7 UFL et 140 PDI. Semés début octobre 2014, ils sont récoltés au 10 mai 2015, avec un rendement de 3 à 5 tonnes de matière sèche par hectare et une MS de 30 à 40%, rendant l’emploi de conservateur obligatoire.

 

 

Un élevage, vecteur de communication

Un élevage incorporant du méteil dans la ration constate une évolution intéressante de la composition du lait, avec une augmentation de la MSU de 2,3 points pour une production de lait identique.

Des enseignements forts sont tirés de cette première année. L’itinéraire technique est précisé, la surface engagée atteint 200 ha et un groupement d’achats de semences se met en place pour diminuer fortement le coût d’achat et avoir une base de comparaison homogène.

 

2015, un « nouveau » méteil

Le mélange mis en place à l’automne 2015 est composé de :

  • Féverole d’hiver 60 kg/ha
  • Pois fourrager d’hiver 60 kg/ha
  • Vesce d’hiver 20 kg/ha
  • Céréales 20 kg/ha

Le coût de semences du mélange (hors céréales) atteint 156€/ha.

La fumure organique apportée au semis (fumier ou lisier) améliore la levée avant l’hiver. L’hiver doux et humide favorise une croissance forte de la féverole mais aussi l’apparition de maladies telles que l’anthracnose ou le botrytis. Les tours de plaine réalisés avant récolte montrent une variabilité importante des espèces présentes malgré une composition de base identique. Les ensilages se réalisent en partie sur fin avril-début mai puis autour du 20 mai.

 

La protéine au rendez-vous et l’énergie aux abonnés absents

Les valeurs de MAT correspondent aux attentes, tandis que la valeur énergétique reste modeste. Elle est pénalisée par une forte proportion de féverole (hiver doux) dont la dMO (digestibilité de la matière organique) est faible. Les rendements obtenus en 2016 sont en progression par rapport à l’année précédente, environ 6TMS/ha.

Ces résultats sont encourageants et incitent les éleveurs à persévérer.

Cette année plus de trente analyses de méteils d’hiver ont été réalisées ainsi que des comptages et analyses espèce/espèce, afin de voir comment les espèces se comportent sur les valeurs et leur digestibilité.

 

 

 

 

 

La dynamique continue avec un méteil 2016 « nouveau millésime »

Pour l’automne 2016, ce sont 400 ha répartis sur une cinquantaine d’exploitations qui mettront en place un méteil légèrement modifié dans sa composition (incorporation de trèfle squarrosum notamment) tout en gardant un coût de semences maitrisé grâce à l’achat groupé.

Des formations Vivea sont proposées afin de profiter des expériences accumulées par ACSEL sur tout le cycle de cette culture (choix des mélanges et variétés, semis, itinéraire technique, date optimum de récolte…).

 

Camille Olier et Vincent Mamet, ACSEL Conseil Elevage

 

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