Maïs : tout conduit à ensiler à 32 %

FLASH au 15 juillet : Ensiler ni trop tôt, ni trop tard !

Sur les zones de plaine, pour les maïs semés première quinzaine d’avril, le stade floraison peut être atteint. La date de récolte prévisionnelle sera entre le 15 et 20 août. Une visite des parcelles fin juillet est indispensable pour éviter d’ensiler trop tard. Un point de MS est gagné avec 20 à 24 degrés-jour, soit une plage quotidienne de température de 20 à 36°. L’évolution est donc très rapide, on passe de 30 à 35 % en moins d’une semaine. Soyez vigilant.

L’ensilage de maïs est la base de la réussite de la ration à l’auge. Cultiver du maïs, c’est pour assurer un fourrage avec du rendement, une conservation sans souci et une forte valeur ajoutée par les animaux. C’est le pivot énergétique de beaucoup de système fourrager cohérent. Cette cohérence s’accompagne de la récolte de ce fourrage au stade optimal car nous observons des dérives importantes.

L’objectif de cet article est de démontrer que, dans la plupart des situations, l’ensilage doit se réaliser quand la plante entière se trouve à un taux de matière sèche de 32 %. Nous allons détailler les avantages combinés d’une plante à 32 % contre une plante ensilée trop tôt, c’est-à-dire un taux inférieur à 30 % et une plante ensilée trop tard, c’est-à-dire un taux supérieur à 35 %.

A 32 %, le rendement est atteint.

Le tableau (Arvalis-Institut du végétal) montre l’évolution du rendement en fonction du stade de végétation. Le rendement maximal exprimé en tonne de matière sèche à l’hectare (T MS/ha) est atteint dès 32 % de MS. L’augmentation est progressive, 45 % du rendement au stade floraison, 75 % à 25 % de MS et 93 % à 30 % MS. Au-delà de 32 %, le rendement n’augmente pas et se maintient jusqu’à 40 % de MS. Par contre, la plante évolue dans sa composition. Avant 30 % de MS, le pourcentage d’épis complets est faible, après 35 % de MS, le pourcentage de tiges + feuilles diminue au profit du pourcentage d'épis complets ainsi que du taux de remplissage du grain. Il faut retenir qu’à 32 % de MS, la plante combine un parfait équilibre entre la part produite par les tiges + feuilles qui représentent 46 % du rendement et l’épi complet qui atteint 54 %.

 

 

 

 

 

 

 

 

A 32 %, la conservation est facilitée.

Ce document (Arvalis) montre la plage optimale pour ensiler. Cette plage est comprise entre 30 et 35 % de MS. Et c’est pourquoi 32 % de MS situé au centre est un objectif. Avant 30 % de MS, le taux de MS des tiges-feuilles est faible et les pertes dues aux écoulements des jus sont fortes. Il faut attendre que le taux de MS des tiges-feuilles dépasse les 22 % de MS pour limiter ce phénomène. A ce stade, la plante entière est à un taux de MS de 30 %.

Au-delà de 35 % de MS, des difficultés de conservations sont observées qui se traduisent par un échauffement au front d’attaque.

A 32 % de matière sèche, les conditions sont réunies pour envisager une longueur de coupe de 17 mm, avec une coupe franche, l’absence de particules indésirables, et des grains éclatés. Le bon réglage des ensileuses (taille de coupe, éclateur serré et vitesse) est facile à obtenir.

A plus de 35 % de MS, il faudra réduire la taille de coupe, serrer d’avantage l’éclateur et surtout ralentir la vitesse d’avancement de la machine

 

 

 

 

 

 

 

 

A 32%, le lait est au rendez-vous.

La réussite d’une ration dépend du bon mariage des différents fourrages et concentrés qui la composent.

L'avantage de l’ensilage de maïs est sa souplesse d’utilisation. Le fonctionnement du rumen demande un équilibre entre la flore cellulolytique et amylolytique. Pour approcher cette dimension, on doit évaluer, pour le maïs, sa force en énergie grâce à l’amidon apporté mais aussi le respect sanitaire du rumen par la digestibilité des tiges-feuilles. L’énergie est jugée par le niveau des UFL et le taux d’amidon et la digestibilité des tiges-feuilles par le niveau des parois, NDF, et sa dégradabilité, dNDF.

Le tableau reprend les valeurs nutritionnelles optimales d’un ensilage de maïs. Le couple amidon+NDF représente souvent 700 g/kg de MS, avec un compromis idéal de 400 g pour le NDF et 300 g pour l’amidon et une digestibilité pepsine cellulase à 72 %, ce qui traduit un dNDF à 30 %. Les bactéries cellulolytiques et amylolytiques pourront digérer l’ensilage de maïs de façon synchronisé en assurant un pH correct au rumen.

A moins de 30 % de MS, le potentiel du maïs est limité en énergie et ingestion. La réponse aux concentrés supplémentaires n’était pas toujours évidente. A plus de 35 % de MS, l’ingestion est au rendez-vous. Les animaux peuvent consommer au-delà du raisonnable. Le taux d’amidon devient très vite élevé. Son utilisation devient incomplète à partir de 22 % d’amidon dans la ration. Le gaspillage est de 0.3 UFL par point au-delà de ce seuil de 22 %. L’instabilité ruminale peut conduire à l’acidose.

 

 

 

 

 

32 % : savoir observer ce stade

Compte tenu des conditions de semis et de végétation de cette année, il est nécessaire de repérer la date de floraison de vos parcelles afin de mieux appréhender la date de récolte. A partir de 50 % des plantes portant des soies, la floraison est là !

A partir de la floraison, la plante met en place puis remplit ses grains, source principale de rendement et d’énergie. A la récolte, les grains représentent 45 % du rendement et 65 % de la valeur énergétique du fourrage. La date de floraison est un indicateur de la précocité de la parcelle. La connaître et la noter est utile à la prévision de la date d’ensilage. «  A partir de ce stade, il faut environ 600 à 640 degrés/jour pour atteindre le stade optimal de récolte plante entière… soit 45 à 60 jours selon les régions et le climat», explique Bertrand CARPENTIER, Ingénieur maïs fourrage chez ARVALIS- Institut du Végétal.

Prévoyez ensuite un autre rendez-vous au champ, un mois après la floraison, pour observer le remplissage du grain et estimer l’avancement de la culture. C’est de cette seconde visite que dépendra la date de récolte.

 

Patrice Dubois, Rhône Conseil Elevage

Groupe Nutrition FIDOCL

 

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