Concilier productivité et revenu demande à maitriser certains critères. Dans ce cadre, le projet R & D PEP trajectoire analyse des conduites techniques et économiques de 14 exploitations laitières de la région Rhône-Alpes. Ces exploitations allient une production de lait et une rémunération du travail élevée par unité de main d’œuvre.
Des élevages à plus 30 000 €/UMO de revenu disponible
Le choix des exploitations s’est fait en premier lieu sur la productivité du travail, c’est-à-dire le volume de lait produit par unité de main d’œuvre (UMO) de l’atelier lait. Le seuil retenu est plus de 350.000 litres/UMO lait. En second, ce sont les résultats économiques qui ont déterminés le choix des fermes. Les critères, revenu disponible supérieur à 30.000€/UMO et nombre de smic/UMO supérieur à 1,5 semblaient les plus pertinents pour évaluer la capacité de rémunération des systèmes. Rien ne sert d’être gros si la structure ne permet pas de gagner sa vie. Enfin, les exploitations devaient avoir des conditions de travail jugées durables. Le recrutement des exploitations s’est basé sur le résultat du calcul des coûts de production de l’atelier lait, méthode Institut de l’élevage, réalisés dans plus de 500 exploitations de la zone FIDOCL sur les années 2013 et 2014.
Comprendre le fonctionnement et la cohérence
14 exploitations retenues sur quatre départements : Ain, Isère, Loire et Haute-Savoie ont été enquêtées en 2015. Pour bien analyser comment s’obtient la performance, il est primordial de connaitre les outils de travail, les contraintes structurelles et les pratiques d’élevage. Les stratégies et les choix d’investissement sont développés dans la démarche. L’organisation et les conditions de travail ont été détaillées pour comprendre le fonctionnement humain. Une synthèse complète de l’étude et les fiches de présentation des exploitations seront diffusées au printemps 2016. L’article ci-contre donne en quelques lignes les premiers résultats.
Anne Blondel, ACSEL Conseil Elevage
« L'avis d'Anne BLONDEL, membre du groupe PEP trajectoire
Des chefs d’entreprises en action
Les exploitations retenues sont toutes différentes mais des caractéristiques communes se dégagent de l’analyse de leur fonctionnement.
Des exploitations construites pas à pas
Leur stratégie d’évolution est celle d’entrepreneurs : pour avoir de bonnes conditions de travail, il faut être plusieurs. Dégager du revenu pour tous suppose nécessairement d’avoir un volume de production ou chiffre d’affaire important. Ce ne sont pas des éleveurs qui ont voulu être gros pour être gros. L’agrandissement des structures s’est fait petit à petit en cohérence avec leur l’environnement et leurs contraintes structurelles : relief, valorisation des prairies naturelles, PAC, financement PMPOA…
Des éleveurs gestionnaires qui privilégient leur revenu
Le trait commun des exploitants est leur capacité à faire des investissements raisonnés et progressifs.
D’une part, les achats sont décidés en fonction d’un budget et de la trésorerie. C’est souvent le niveau des annuités qui sert d’ajustement. Le pourcentage d’annuités sur produit est stabilisé autour de 15%. Par exemple les bâtiments sont conçus pour être évolutifs. D’autre part, les investissements réalisés sont au service des hommes et des animaux et facilitent les tâches quotidiennes. Enfin, la diversification des productions assure parfois une sécurité financière en cas de baisse de prix.
Des éleveurs specialises mais capables de se remplacer
En général, les hommes sont spécialisés dans un domaine (traite, alimentation, culture-fourrages, transformation) de manière à être efficace. Mais ils sont capables de se remplacer facilement les week-ends et congés. D’un point de vue fonctionnel, les exploitants organisent ensemble les plannings de travail, les travaux à réaliser et les jours de congés. Ils se donnent les moyens de gérer efficacement leur entreprise (bureau, matériel informatique…). Ce sont également des hommes avec une grande ouverture d’esprit, prêts à remettre en cause leurs méthodes de travail. Ils participent régulièrement à des sessions de formation ou d’échange.
Jean-Philippe Goron, Isère Conseil Elevage