Les sytèmes d’élevage à l’épreuve du changement climatique

Les sécheresses répétées impactent fortement le rendement des prairies permanentes et conduisent à la disparition des graminées fourragères productives.

 

Le projet CLIMFOUREL (CLIMat FOURrage ELevage) a été lancé en 2007 par les Chambres d’agriculture dans le grand sud français suite aux fortes sécherresses subies par les éleveurs de 2003 à 2006. Une deuxième phase de travail s’est recentrée sur Rhône-Alpes entre 2012 et 2014 pour valider les premières observations  sur le climat, étudier l’incidence sur les systèmes d’élevage et valider les solutions d’adaptation.

 

Climat : un réchauffement significatif depuis 30 ans

L’analyse des données climatiques a porté sur 15 postes de Rhône-Alpes disposant des données de 1980 à 2011. Les critètres analysés sont les températures, les précipitations, l’ETP (évapotranspiration), le bilan hydrique (précipitations-ETP). On constate une augmentation significative des températures moyennes annuelles de l’ordre de 0,35°C/10 ans en moyenne sur Rhône-Alpes.  A l’échelle de l’année on note de fortes disparités , le réchauffement se produit essentiellement au printemps plutôt qu’en été. Les températures moyennes hivernales augmentent globalement beaucoup moins.

 

Maintien des précipitations mais augmentation de l’évapotranspiration

En étroite relation avec la température ambiante, l’ETP augmente fortement (5 mm/an) en particulier au printemps (1 mm/an). Les précipitations quant à elle se caractérisent par une forte variabilité interannuelle, sans que l’on note une évolution significative des moyennes. On note toutefois une légère diminution des précipitations au printemps. Au final, avec l’augmentation des températures et de l’ETP et la stagnation des précipitations, le bilan hydrique s’oriente à la baisse de manière significative en tout point de la région.

 

Graminées : des stades de plus en plus précoces, une baisse de productivité

Avec l’enregistrement des sommes de températures on constate une avancée de 10 à 16 jours sur l’épiaison des graminées (repère 750°C). A noter également un raccourcissement du premier cycle de végétation des prairies puisque l’avancée à la mise à l’herbe (repère 300°C) est de 4 à 10 jours. L’orientation du bilan hydrique à la baisse a une incidence sur la productivité des prairies. Les premiers travaux de simulation effectués dans Climfourel estimaient une perte de production des prairies de l’ordre de 11% par rapport à 1980.

 

Robert Laurent Ardèche Conseil Elevage

 

« Emmanuel FOREL, Expert fourrage à la Chambre d'Agriculture de l'Ardèche

Sans être des révolutions, des solutions trouvent peu à peu leur place en fonction du niveau d’exposition des élevages aux aléas climatiques Les tentatives pour trouver des parades aux déficits fourragers ont été nombreuses depuis 2003, souvent dans une logique de diversification des ressources fourragères.

 

Des cultures qui s’adaptent au sec

Méteils fourragers et sorgho s’installent dans les zones séchantes. Dans la Drôme, des cultures dérobées méteil fourrage/sorgho (ou orge/sorgho) se substituent au maïs ensilage sur les terres non irriguées. Au niveau des prairies temporaires, des essais conduits dans le cadre du PEP bovins lait montrent tout l’intérêt d’intégrer dans les mélanges des grandes légumineuses ,luzerne ou sainfoin, plus adaptées à la chaleur que les graminées ou les trèfles. Les gains de production moyens sur 5 ans sont de l’ordre de 3 à 4 TMS/Ha en sol profond.

 

Un système fourrager diversifié

Des travaux ont évalué l’incidence d’aléas climatiques sur le fonctionnement de trois cas-types bovin lait différents. La recherche du bon équilibre performance zootechnique/valorisation des surfaces est souvent la clef d’un système robuste économiquement. La diversification fourragère apporte de la souplesse et de la résistance face aux aléas climatiques en particulier quand elle permet d’associer ressource de printemps (herbe) et ressource d’été (maïs). L’évolution du système fourrager et l’introduction de nouvelles cultures se fait de manière raisonnée, de l’ordre de 10 à 15 ares/VL. Les scénarios de désintensification lorsqu’ils ne s’accompagnent pas d’une valorisation supérieure du lait (Bio, transformation...) ne sont pas des solutions d’adaptation aux aléas climatiques.

 

Emmanuel Forel, Chambre Agriculture 07

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