Les cultures fourragères : comment allier qualité et quantité ?

Les sècheresses successives et l’augmentation continue des températures poussent certains éleveurs à s’adapter et à revoir leurs pratiques culturales afin de rester le plus autonome possible.

 

 

 

S’adapter au changement et aléas climatique

Les périodes de pousse de l’herbe seront beaucoup plus courtes dans le temps mais plus importantes, un report des stocks sur pied deviendra plus compliqué. La qualité du fourrage diminuera (notamment la MAT) proportionnellement à l’augmentation de la somme des températures. Il ne faudra pas hésiter à récolter l’herbe et à la stocker lors de l’explosion de la végétation sous forme d’ensilage ou d’enrubannage (car séchage difficile).  Avec des coupes précoces, on pourra espérer faire une 2nde coupe en quantité et qualité suffisantes.

Certaines cultures fourragères offrent une plus grande souplesse d’exploitation

La qualité des fourrages dépend du stade d’épiaison des graminées. Lors de l’implantation de prairies, il faudra alors veiller à une bonne complémentarité des espèces (surtout sur leur précocité) afin d’obtenir le meilleur compromis rendement/qualité. C’est dans ce contexte que l’on a vu réapparaitre depuis quelques années les méteils. Ces nouveaux mélanges permettent de garantir un taux de protéine très élevé tout en conservant un rendement relativement important. En effet, la quantité de céréale implantée a été réduite au profit de protéagineux et autres légumineuses. Il en résulte des rendements pouvant dépasser aisément les 4 t de MS/ha pour des MAT dépassant régulièrement les 18%. Ces méteils peuvent se récolter à partir de mai jusqu’à début juin environ sans trop perdre de valeurs. Le mode de culture pourra être de l’ensilage, de l’enrubannage ou du foin.

Semés à l’automne, ces mélanges contiennent souvent plus de 4 espèces différentes. La céréale assurera le rendement et les valeurs énergétiques du mélange. La protéine sera assurée par les protéagineux et autres légumineuses (vesces, pois, féveroles, trèfles notamment). Ces plantes diversifiées sont complémentaires d’un point de vue agronomique. Les féveroles serviront de tuteurs aux vesces. En cas de mauvais développement d’une espèce (mauvaise implantation, forte gelée, …), la présence d’une flore diversifiée compensera et assurera un rendement minimal. Des mélanges types existent mais il n’y a pas de mélange parfait, il conviendra à chacun de trouver celui qui lui correspondra le mieux à ses objectifs (rendement, teneur en MAT), et des conditions pédoclimatiques. Il est tout de même conseillé une densité de semis importante (>150kg/ha) afin de limiter le salissement. La forte proportion de légumineuses, fait de ces méteils une culture ne nécessitant que peu de fertilisation, ce qui en fait une culture très intéressante notamment en AB. Des apports de P, K, S et N en starter peuvent néanmoins être apporté afin de favoriser l’implantation, les formes organiques pourront être suffisantes.

Enfin, avec un fourrage aussi riche en protéines on peut économiser jusqu’à 150g de tourteau de colza par rapport à un foin à 14% de MAT pour une couverture identique. Ces méteils ont également la particularité d’avoir un taux de cellulose brute et une NDF importante, ce qui sécurise les rations en assurant un minimum de rumination.

 

Frederic Pacaud, ACSEL Conseil Elevage

 

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