Le LactoCorder : une innovation technologique au service de la traite

Destiné initialement au contrôle de performances, le Lactocorder est rapidement devenu l’outil incontournable pour réaliser des diagnostics de traite approfondis. Ce compteur à lait portable bourré d’électronique permet en effet d’appréhender avec précision l’ensemble de la  traite, de la préparation au décrochage mais également, d’observer toutes les phases du lavage.

Le LactoCorder enregistre différents paramètres retranscris sur des courbes propres à chaque vache et à chaque poste de traite. Pour chaque vache, des courbes figurent le débit de traite moyen, la température du lait, la conductivité et la mousse. Pendant le lavage, nous avons également pour chaque griffe, la quantité d’eau circulante, la température, la conductivité et la turbulence. L’interprétation de ces différentes courbes en dit long sur l’efficacité de la technique de traite et du nettoyage de la machine.

 

La préparation à la traite

Cette étape a pour but de déclencher l’éjection du lait. Pour que l’éjection du lait soit complète, la vache doit  libérer de l’ocytocine au plus tard lors du branchement de la griffe. Sinon, en début de traite après avoir évacué le lait citernal, on observe  une période qui peut aller jusqu’à une minute, où il n’y a plus de lait dans la griffe (Graphe 1). On parle alors d’une courbe d’éjection avec bi-modalité.  Avec les cadences de traite qui s’accélèrent, la préparation est souvent insuffisante et en début de traite, la vache est branchée sans forcément libérer son lait. Le temps de traite est  rallongé et la mamelle est soumise au stress du vide plus longtemps que nécessaire. Au-delà de 20% de vaches présentant des courbes avec de la bi-modalité, on conseille de revoir les pratiques de traite. Le changement de technique va produire ses effets dès la traite suivante. Après changement de pratique, les éleveurs nous disent que finalement, le temps supplémentaire consacré à la préparation à la traite est largement compensé par la rapidité de vidange des mamelles. La traite est ainsi plus rapide et moins traumatisante.

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Courbe d'éjection du lait : une phase plateau longue

Après la phase d’ascendance qui doit être la plus rapide, la courbe d’éjection du lait d’une vache présente une phase plateau. Cette phase est plus ou moins haute et longue en fonction du niveau de production  et des caractéristiques génétiques des animaux. Cette phase nous permet de mesurer la vitesse de traite pour chaque vache. C’est  à ce moment-là que le débit est maximum. La hauteur de la courbe est  propre à chaque animal et la longueur de la phase plateau va dépendre de la production et donc du stade de lactation. On vise une phase plateau longue (3 min) et un débit moyen de 4 à 5 kg/min. La vitesse de traite est fortement héritable et seul un travail sur la génétique va permettre d’augmenter cette vitesse.

 

La gestion de la fin de traite

Dès la fin de la phase plateau, la fin de traite doit intervenir le plus rapidement possible ; c’est le cas pour une vache avec un bon équilibre de mamelle et ayant les quatre quartiers sains. Cette phase peut être plus longue si l’animal a une mamelle avec un déséquilibre avant-arrière prononcé (Graphe 2) ou si certains quartiers ont conservé des séquelles de mammites. Sur une vache bien conformée et saine, la phase descendante dure environ 1mn à 1mn 30. Au-delà de ce temps, les risques de sur-traite sont importants. Avec une installation équipée de décrochages automatiques, si ce temps est plus long, envisager alors un contrôle des déposes et leur réglage. S’il n’y a pas de décrochage automatique, l’éleveur doit intervenir plus rapidement pour déposer les griffes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La conductivité du lait

Chaque vache saine a un lait avec une conductivité spécifique  et stable. Ce paramètre nous permet, en fin de traite et sur des vaches où la phase descendante est en paliers, de voir si les quartiers les plus longs à se traire sont sains. Si ce n’est pas le cas, la courbe  de la conductivité grimpe fortement car le lait restant à traire provient uniquement du ou des  quartiers infectés.

 

Le lavage de la machine

Pendant cette phase plusieurs paramètres sont enregistrés par le LactoCorder  au niveau de chaque poste (Graphe 3) :

 

  • Le volume d’eau :

On peut mesurer pour chaque griffe le volume d’eau circulant. Il est très fréquent d’observer sur la même installation des variations entre les différents postes. Dans certains cas, la  quantité d’eau absorbée est très insuffisante pour une bonne désinfection. L’homogénéité du lavage est primordiale car des manchons mal nettoyés peuvent devenir des réservoirs de germes pouvant provoquer des mammites même si la teneur  en germes totaux est bonne.

 

  • La turbulence :

Pour un lavage efficace, en même temps que le passage d’eau dans la tuyauterie et les griffes, il doit y avoir des prises d’air pour avoir de la turbulence. Ce sont les turbulences qui permettent de nettoyer parfaitement la machine. Une installation saturée en eau ou avec des prises d’air insuffisantes lors du lavage ne se nettoiera pas correctement.

 

  • La température de lavage :

Pendant toute la durée du lavage, la température est enregistrée et il est intéressant de noter sa variation en cours de cycle. Il est très courant de rencontrer en fin de cycle une température de lavage trop faible. Même si les résultats bactériologiques peuvent rester dans les normes, un lavage à faible température ne va pas permettre à la lessive d’être efficace et la désinfection sera insuffisante.  Les installations de traite étant  de plus en plus grandes, la capacité des chauffes-eau n’est pas toujours adaptée, notamment le jour du lavage du tank.

 

  • La conductivité  de l’eau:

Elle va nous permettre de savoir si l’eau de lavage est suffisamment chargée en lessive. Un manque de produit va se traduire par une faible conductivité. C’est intéressant à vérifier mais globalement, les dosages sont bien respectés.

 

Le diagnostic dynamique de la traite

Ce type de diagnostic avec LactoCorder est proposé sur le département par Loire Conseil Elevage depuis octobre 2012. Benoît Durieux, le technicien en charge du suivi, intervient en général à la traite du matin. Si plusieurs personnes traient dans l’élevage, il peut être intéressant qu’elles interviennent à tour de rôle le jour du diagnostic pour pouvoir juger de la technique de chacun. Une première restitution  de résultats est faite de suite et un document complet est ensuite adressé à l’éleveur par courrier. En cas de problèmes de cellules récurrent, le diagnostic avec LactoCorder permet de mettre en cause ou pas ce qui se passe autour de la traite. Le plus souvent, le LactoCorder est un outil pédagogique utilisé en préventif, pour corriger d’éventuels défauts et éviter des problèmes futurs.

 

Yves Alligier et Benoît Durieux, Loire Conseil Elevage

 

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