Le GAEC des Abattus, grand gagnant du concours TOP Alim FIDOCL en race Tarine

Accroché dans les pentes de Nozières, le GAEC des Abattus se situe là depuis des générations. Les parents des éleveurs actuels se sont spécialisés dans la race Tarine dans les années 1960. Depuis cette époque, un gros travail génétique a été réalisé, permetant aujourd’hui à cet élevage de se doter d’un troupeau à haut potentiel génétique. Plusieurs femelles appartiennent notamment au schéma de sélection de la race (Hasard et Cigal sont des taureaux issus de cet élevage). Cette année au salon de l'agriculture à Paris, vous pourrez voir Fidèle qui y était déjà en 2014 au concours national. Une autre vache de l'élevage s'est distinguée récemment au Sommet de l'Elevage de Cournon : Cathy qui a obtenu un 1er Prix.

 

Présentez-nous votre exploitation :

Nous sommes deux associés en GAEC entre frères (Marc et Dominique FOURREL). Nous exploitons 190 ha en zone de montagne entre 450 et 1000m d’altitude. Le relief est particulièrement difficile, avec 100ha qui ne sont absolument pas mécanisables.

Aujourd’hui, notre exploitation est composée de différents ateliers :

  1. Un atelier viande avec 12 mères Aubrac allaitantes. Les femelles sont gardées pour accroitre et renouveler cet atelier et les mâles sont élevés jusqu’à 18 mois puis destinés à la vente en caissette.
  2. 20 génisses Tarines sont élevées annuellement, 7 ou 8 servant au renouvèlement du troupeau et les autres vendues en génisses prêtes.
  3. 40 vaches Tarines dont le lait est destiné à :
  • La fromagerie du Vivarais à hauteur de 130 000 Litres, fromagerie très locale puisque située sur la commune voisine. Cela permet aux acteurs de la filière de se connaitre. La valorisation du lait se fait au prix du lait national.
  • Une quinzaine de vache partent en alpage en Savoie l’été ou elles produisent 12 000 Litres
  • L’engraissement de veau de lait « Tarin » pour au moins 30 000 Litres. Une vaingtaine de veaux de lait est ainsi valorisée en caissette grâce à un atelier de découpe collectif et un magasin de producteurs. Par ce système certes gourmand en main d’œuvre, le litre de lait est valorisé au moins à 600€ les 1000 Litres.

 

 

Quel est votre système d'exploitation ?

Nous avons un système qui se veut économe et qui valorise les ressources disponibles. Nous tenons à valoriser l’espace : les vaches doivent manger dehors au maximum. Dans ce milieu difficile, la Tarine s’intègre particulièrement bien, c’est une patureuse, qui passe partout et fait du lait.

L’effectif est adapté à la surface, sauf l’été dans cette zone séchante. Il y a quelques années, les laitières étaient alimentées au bâtiment à partir du mois d’aout, la ressource fourragère n’étant plus suffisante pour continuer le pâturage. Une opportunité a permis d’envoyer 15 vaches en alpages en Savoie durant la saison estivale. Le léger décalage des vêlages sur l’automne permet ainsi de ne plus arrêter le pâturage l’été. A l’automne, il y a suffisamment d’herbe pour continuer à pâturer jusqu’à l’arrivée de la neige.

Le niveau génétique de notre troupeau est bon. Même si le potentiel lait n’est pas pleinement exploité, le niveau de production correspondant au volume souhaité.

La bonne valorisation du lait par les veaux de boucherie nous convient bien. Nous envisageons de stopper la livraison du lait à la fromagerie au profit de l’élevage de plus de veaux car nous avons un débouché existant et rémunérateur. Cela permettrait de diminuer le troupeau laitier pour un même revenu. En parallèle, nous pensons augmenter le troupeau allaitant, ce qui permettrait peut être à l’exploitation d'être transmissible en différentes étapes avec des ateliers bien distincts. Car aujourd’hui, malgré notre souhait de transmettre l’exploitation, nous n'avons pas de successeurs.


Quel est votre système alimentaire ?

Le système fourrager 100% herbe est composé de prairies naturelles, mais aussi de prairies artificielles multi-espèces à dominante Dactyle Luzerne. Cela correspond bien à nos attentes, tant en rendement qu’en qualité de fourrages (sécurisation du système alimentaire grâce au volume produit et aux fibres).

Les fourrages sont récoltés en enrubannage et foin. L’essai de l’ensilage avait vite été stoppé du fait d’un coût élevé et d’un parcellaire éloigné et morcelé. La récolte en enrubannage permet donc plus de souplesse et d’adaptation au stade de la flore suivant l’espèce et l’altitude.

Le fourrage de meilleure qualité est trié et distribué en priorité aux laitières.

 

Quelle complémentation en concentrés ?

Nous raisonnons l'achat des concentrés en fonction du coût et de la qualité de nos fourrages. Suivant le prix, nous n'hésitons pas à changer d’aliments ou bien de fournisseurs.

Ainsi cette année, nous travaillons avec :

  • Du maïs pour ramener de l’énergie sans risque d’acidose et pour sécuriser un bon niveau de TP.
  • Un mélange de tourteaux en granulé pour équilibrer la ration en protéine et pour améliorer la digestion.
  • Une VL 15,  choisie pour sa richesse en cellulose permet de sécuriser une ration basée sur des fourrages jeunes. C’est un aliment qui convient bien pour des primipares et des fraiches vêlées dont la capacité d’ingestion n’est pas encore optimum et dont les besoins restent importants.

 

Parlez-nous du DAC :

Le DAC est pour nous un super outil. Il a été installé en 2009 et permet la distribution de 3 aliments différents et d'un minéral. Pour nous, le DAC présente de nombreux avantages :

  • Economique : moins d’aliments passés pour le même niveau de production. Aujourd’hui à 4 de mois moyen lactation, donc avec beaucoup de fraiches à fort besoin, nous distribuons seulement 230g de concentré par Litre de lait. Ce niveau est faible en système foin et les performances n’en sont pas pénalisées.
  • Efficace : limitation des problèmes alimentaires grâce aux fractionnements,  le troupeau est plus calme.
  • Précis : cible les animaux et ajuste réellement leur alimentation. Cela aide à la maitrise des démarrages de lactation.

 

 

Les performances 2014 qui ont permis ce classement au concours Top Alim FIDOCL :

 

 

 

 

 

 

Propos recuillis par Odile SEIVE, Ardèche Conseil Elevage

Chiffres clés de l'exploitation

Nombre de vaches :40VL race Tarine
Niveau étable :4 800 Kg / VL
Taux :38,8 TB et 33,1 TP
Production :130 000 Litres laiterie + 30 000 Litres pour les veaux gras + 12 000 Litres produit en Alpage en Savoie
Reproduction :IVV de 394 jours
Ration hivernale :5 Kg enrubanage + 5 Kg de foin + 5 Kg 2e coupe enrubanage ou de foin sec + 2 Kg de maïs concassé + 1 Kg de correcteur azoté + de la VL15
Ration estivale :Pâturage à volonté + foin à disposition + 2 Kg de maïs concassé + 0.5 Kg de correcteur azoté
Coût concentrés :250 g/L et 1050 Kg de concentrés par vache par an

 

 

Le point de vue d'Odile SEIVE, conseillère de l'élevage

Je constate sur cet élevage une bonne maitrise de l’alimentation. Elle se traduit par le classement du meilleur élevage TOP ALIM pour la race Tarentaise. Maitriser toute l’année l’alimentation sur un système basé sur l’herbe n’est pas simple. Cela demande savoir-faire et capacité d’adaptation. Ces éleveurs sont également des personnes à l’écoute, qui s’informent et échangent sur leur pratique.

A chacune de mes visites sur cet élevage, j’ai toujours été impressionnée par :

  • Le remplissage du rumen optimum sur les vaches.
  • Le très bon état corporel des animaux, même en fin de saison de pâturage.
  • La capacité des éleveurs à s’adapter en cas de taux ou de bouses non satisfaisants
  • L’œil avisé des éleveurs, ils sont observateurs et détectent très vite tout changement d’état ou de comportement de leurs animaux.

Je félicite les associés du GAEC des Abattus, pour leur passion et leur engagement dans leur métier d’éleveurs. Et surtout je leur souhaite de parvenir à transmettre le bel outil de travail qu’ils ont façonné tant au niveau des bâtiments, du troupeau que de leur savoir-faire.

 

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