Le rôle du colostrum est trop souvent négligé pour répondre à des problématiques sanitaires dans les élevages. En effet, l’apport de colostrum aux nouveaux nés  est un passage obligé pour garantir une protection immunitaire. Cette méthode est loin d’être innovante mais elle ne doit pas être mise de côté pour autant.

Le colostrum un condensé de bienfait

Quand on parle de colostrum on pense tout de suite aux anticorps, mais ce n’est pas son seul atout. L’objectif est double :

• Nourrir le jeune veau avec un aliment riche
• Le protéger grâce aux anticorps

Le lait sécrété par la vache avant le vêlage est primordial au jeune veau. Il est particulièrement riche en protéines (anticorps notamment) et en matière grasse (2 fois plus énergétique que le lait). Cette énergie lui sera indispensable pour maintenir sa température corporelle (lors de sa naissance, il passe d’un milieu à 38°c à un environnement plus froid, proche de 0°C l’hiver). Il contient également beaucoup de vitamines.

Le colostrum est l'unique moyen de défense du jeune veau pendant les premiers jours de sa vie. En effet le veau à la naissance n’a pas d’immunité active (placenta du bovin imperméable) il est donc incapable de se défendre contre les germes pathogènes de l’environnement extérieur.
Le veau ne produira ses propres anticorps qu'à partir d'une quinzaine de jours. Au cours de cette période, le veau se défend contre les agressions extérieures uniquement à partir des anticorps maternels contenus dans le colostrum (= immunité passive) qu'il aura ingéré et assimilé. Voilà pourquoi la distribution du colostrum est primordiale !

La règle des 3Q Quantité/ Qualité/ Quickly (rapidité)

Pour assurer un bon transfert d’immunité, il y a trois règles à respecter :

1.     Qualité :

tous les colostrums ne se valent pas. Donc pour connaitre sa valeur il est nécessaire de la mesurer. L’outil le plus simple à utiliser est le réfractomètre optique. Il suffit de déposer une goutte de lait sur la vitre puis de lire le chiffre qui se situe sur la ligne qui délimite le bleu du blanc. L’échelle de mesure est en %BRIX.

Il y a beaucoup de critères qui influencent la quantité d’anticorps dans le lait. Il y a le numéro de lactation de l’animal. En effet plus la vache est vieille plus le colostrum est riche. Mais il y a également la race, l’alimentation, les problèmes sanitaires…..

La vaccination est également un moyen d’améliorer le colostrum mais attention seul la bonne prise colostrale permet à la vaccination d’être efficace !

 2. Quantité :

Il faut savoir que le veau a besoin de 200g IgG. Ainsi si le colostrum est très bon (BRIX >30%) alors 2.5l suffises pour acquérir une bonne immunité. Mais nous savons que 50% des colostrums sont en moyenne à moins de 50g IgG/l. Dans ce cas le veau aura besoin de 4l de colostrum pour atteindre l’objectif des 200g IgG.

Ainsi pour garantir une bonne immunité il faut distribuer au veau 4l de lait dans les 6 premières heures de vie. En une ou plusieurs fois suivant la méthode choisie.

3. Quickly (rapidité)

Il faut distribuer le colostrum le plus tôt possible ! La problématique du transfert d’immunité du colostrum au veau est qu’il n’est efficace que pendant 6h. Au-delà la paroi intestinale du veau devient imperméable et les anticorps contenus dans le lait ne peuvent plus passer dans le sang. « des études montrent que 6h après sa naissance, le veau est capable d'absorber 66 % des anticorps du colostrum alors que 24h après sa naissance, il ne peut en absorber que 10 % ».

Il ne faut donc pas attendre. Il est là le secret de la réussite. Si le veau ne veut pas boire au début il est nécessaire de le sonder rapidement sinon vous prenez un gros risque. Sonder un veau avec du colostrum 24h après sa naissance n’a aucun intérêt pour le transfert de l’immunité.

En résumé : La qualité du transfert de l'immunité du colostrum au veau sera fonction :

• De la concentration en Anticorps du colostrum 
• De la quantité de colostrum ingérée par le veau
• De la précocité de l'ingestion du colostrum par le veau

Pour pouvoir respecter la règle des 3Q il faut toujours avoir à disposition du colostrum. Pour cela il est nécessaire de conserver du lait de la première traite de certaines vaches au  congélateur. Le mieux est de le mettre dans un sac congèle ou des petites bouteilles pour faciliter la décongélation. Celle-ci peut se faire au bain marie mais jamais au four à micro-onde, les anticorps seraient dénaturés. Pendant les grosses périodes de vêlage les meilleurs colostrums peuvent être conservés 5j au réfrigérateur.

Etude des facteurs influençant la qualité des colostrums sur la zone fidocl

Pour essayer de définir quels facteurs influences les valeurs en IgG des colostrums sur les exploitations, le groupe régional génisses de la FIDOCL a décidé de  mettre en place une étude. Nous collectons sur les fermes des échantillons de colostrum. Les éleveurs remplissent également une feuille d’information sur l’animal et  les pratiques d’alimentation. Les premiers résultats montrent quelques tendances, notamment un effet du nombre de lactation. L’étude va se poursuivre cet hiver si vous souhaitez y participer, prenez contact avec votre conseiller.

Mathilde VIAL - Expert Génisses - Ardèche Drôme Isère Conseil Elevage