Une pratique qui fait des adeptes suite aux évolutions de cahier des charges AOP. Les AOP Charolais et Mâconnais ont imposé le pâturage ou l’affouragement en vert avec parcours d’exercices 6 mois de l’année minimum.
Réduire la pénibilité
Les plus gros troupeaux (plus de 150 chèvres) ont parfois du mal à gérer le pâturage, que ce soit à cause d’un parcellaire inadapté ou des difficultés à gérer la pousse de l’herbe. De plus la pose de clôtures et la conduite des animaux au pré peuvent s’avérer contraignant et chronophage. Ainsi certains éleveurs ont choisi de s’équiper d’une autochargeuse et d’emmener l’herbe aux chèvres tous les jours.
Il devient nécessaire d’avoir un couloir d’alimentation suffisamment large pour y circuler avec une autochargeuse distributrice ; la dépose de tas redistribués à la fourche devenant vite une contrainte fatigante.
Dans certains bâtiments, un tapis d’alimentation facilite la distribution de l’herbe ainsi que l’évacuation des refus.
Quoi ramasser ?
Quand les sols s’y prêtent, la culture de la luzerne en pure ou associée à du Dactyle permet d’avoir de l’herbe régulière une bonne partie de la saison.
Les ray Grass Trèfles fonctionnent bien au printemps dans les sols plus acides ou hydromorphes, mais il faudra envisager des dérobés en cas de sècheresse estivale.
Les prairies naturelles sont aussi parfois exploitées à l’autochargeuse au printemps permettant des coupes de foin de meilleures qualités ensuite.
Quels résultats ?
La valeur de l’herbe récoltée au bon stade, avant épiaison pour les graminées, associés à des légumineuses permet des économies de concentrés importantes, de l’ordre de 300 à 400 g par chèvre et par jour pour 4 litres de lait.
L’herbe est fauchée au bon stade quel que soit le temps. L’appétence est au rendez-vous et le tri est limité avec une bonne ingestion de l’ensemble de la plante. Il n’y a donc plus de refus à gérer. En cas de pousse plus rapide, la parcelle doit être destinée à la fauche en enrubannage ou en foin.
Les apports en concentrés protéinés (tourteaux) sont fortement diminués et le pilotage de l’alimentation avec le taux d’urée est intéressant. L’autonomie alimentaire en fourrages, comme en concentrés, est largement améliorée.
La gestion du parasitisme est simplifiée permettant de gagner du temps et des euros (peu ou pas de traitement). Il faut malgré tout s’équiper avec du matériel adapté, être disponible.
Un travail national a été fait par l’IDELE et le réseau REDCAP qui donnera lieu à une publication spécifique.
Jean Luc NIGOUL, ACSEL Conseil Elevage
« Milène et Michel LACHARME, La chèvrerie des Filetières, Buxy (71)
300 chèvres, fromager vente directe, 67 HA d’herbes et céréales
L’affouragement en vert, couplé à un séchoir à foin en vrac, est pratiqué depuis plusieurs années. Le cahier des charges AOP charolais, la taille du troupeau et un parcellaire morcelé nous on fait choisir cette solution.
La ration est composée de luzerne/dactyle affouragé, avec un peu de Ray Grass/trèfle au printemps. La complémentation est faite avec des céréales autoproduites (orge, épeautre), du maïs grain et un concentré azoté à 40 % de MAT achetés suivant la ration de base.
Le choix du tout vrac permet de faucher quasiment tout le temps, c’est le stade de l’herbe qui commande. Il faut toujours être prêt à couper, que ce soit pour faire des stocks d’hiver ou assurer la ration quotidienne des chèvres.
Une autochargeuse de 35 m3 est dédiée au ramassage du foin, et une de 24 m3 à l’affouragement en vert du troupeau. La saison d’affouragement débute dès que possible, la portance des sols n’est pas un problème. En 2018, l’affourragement a débuté fin mars avec des Ray Grass/trèfles précoces, puis avec les luzernes/dactyles et quelques prairies naturelles.
L’autonomie alimentaire est très élevée et les 760 litres par chèvre sont faits avec moins de 280 kg de concentrés produit à 50 %, soit une charge alimentaire de 189 €/1000 litres (dont approvisionnement des surfaces). Attention à ne pas sous-estimer le poste mécanisation et amortissement du matériel dans le raisonnement économique.
Le temps passé à l’affouragement est très variable avec la distance des parcelles, mais surtout en fonction de la hauteur d’herbe sur pieds. Parfois, 2 à 3 autochargeuses sont nécessaires, en fin de matinée et fin d’après-midi.
Un choix technique qui s’avère payant pour l’éleveur, il faudra néanmoins se réintéresser à l’agronomie et à la culture de l’herbe, un quatrième métier pour nos éleveurs, transformateurs, et commerçants.
Jean Luc NIGOUL, ACSEL Conseil Elevage