Le lactocorder enregistre différents paramètres de la traite et du lavage : durée, débit, température, concentration de la lessive… C’est un véritable scanner de la traite, la traite scrutée de A à Z. Les informations de quantité de lait, débit instantané, temps de traite, conductivité du lait sont ainsi collectées pour chaque animal, ce qui permet d’établir des courbes d’éjection du lait spécifiques à chaque vache. Une synthèse est ensuite réalisée au niveau du troupeau.
Visualiser les pratiques de traite
L’observation de la phase de début de traite permet de déceler les problèmes de préparation qui induisent des courbes bimodales, les vaches insuffisamment stimulées donnant leur lait en deux fois. La phase de débit maximum est intéressante pour cerner le potentiel de débit de traite de chaque animal. On peut optimiser les accouplements pour ramener de la vitesse de traite sur le troupeau. La sur-traite qui retarde le travail, abime les trayons et augmente le risque de mammite peut aussi être visualisée et quantifiée. Un fonctionnement défectueux des systèmes de décrochage peut être repéré, même si un contrôle des déposes est nécessaire pour régler les décrochages. L’analyse des courbes de chaque vache et l’observation du déroulement de la traite permet d’établir un diagnostic de la traite et de connaitre les caractéristiques de chaque animal.
Corriger les erreurs, régler le matériel
Des pistes d’amélioration peuvent ainsi être dégagées en fonction des résultats sur la technique de préparation des animaux, les délais de pose des gobelets trayeurs, la gestion de la fin de traite. Le lactocorder collecte également des renseignements précieux sur le lavage de l’installation de traite. Il mesure la température de l’eau tout au long du lavage, la turbulence, la durée des différents cycles, la concentration en lessive via la conductivité de la solution de lavage et la durée des phases de rinçage et de séchage. Des adaptations simples peuvent être réalisées tel que l’installation d’une plaque en plexiglas sur le bac de lavage pour augmenter la température de l’eau en fin de cycle.
Anne BAPT Puy-de-Dôme Conseil Elevage
« GAEC DE L'ESCLUZE, Saint-Donat (63)
« Le Lactocoder, un outil indispensable »
Eric MARION et sa femme Martine fabriquent du Saint Nectaire Fermier au lait cru dans le massif du Sancy avec un troupeau de 55 vaches montbéliardes. Suite à des alertes de listéria et de coliformes pendant plusieurs mois, ils ont dû suspendre la transformation fromagère.
Le lavage de la machine était la source de nos problèmes
Pour sortir de cette impasse nous avons mis en place plusieurs actions : hygiène de traite irréprochable, contrôle machine à traire, analyse vache par vache… et la machine à traire était neuve. Aucun résultat ! Cela nous a couté beaucoup d’argent sans compter le manque à gagner de la transformation fromagère. C’est notre conseiller, Mikael Vigouroux, qui nous a suggéré de réaliser un diagnostic, un technicien est venu auditer la traite et le lavage avec les lactocorders. Il a mis en évidence une préparation à la traite un peu longue car nous avons une hygiène draconienne. De plus, 68% des vaches étaient concernées par environ deux minutes de sur-traite, variable en fonction du trayeur. Le lactocorder nous a fait prendre conscience des améliorations que l’on pouvait faire sur nos pratiques de traite. Pour le lavage, le diagnostic est sans appel, trois postes sur six ne se lavaient pas correctement! Le taux de saturation en eau n’était que de 12%. Par contre les températures de lavage et la conductivité (concentration de lessive) étaient bonnes. La source de notre problème était le mauvais lavage de la machine à traire. Pour confirmer et approfondir ce diagnostic nous avons fait réaliser un contrôle de la machine à traire, Net Traite.
Un investissement gagnant
Après avoir réglé l’installation de traite, le résultat sur la qualité du lait (coliformes, listéria) a été immédiat. Nous avons pu redémarrer la transformation. Depuis nous sommes revenu à une hygiène de traite plus légère. Nous étions toujours proches de la limite avec un niveau cellulaire de 250 à 300.000 cellules. Aujourd’hui, les analyses se situent autour de 150.000. En fait, ce n’est pas parce qu’un matériel est neuf qu’il fonctionne correctement.
Propos recueilli par Anne BAPT Puy-de-Dôme Conseil Elevage