La rénovation Inra du système d’alimentation des ruminants - Systali

Depuis plusieurs années, l’Inra travaille sur une refonte des tables et recommandations alimentaires pour les ruminants. Le nouveau système intègre plus d’interactions digestives et métaboliques. Il tient compte également des pratiques alimentaires et de l’évolution des performances des animaux.

 

 

Plus de précision dans l’approche des interactions digestives

3 nouveaux critères de rationnement sont pris en compte pour évaluer les interactions digestives, c’est-à-dire comment le tube digestif (flore du rumen, absorption intestinale…) transforme les aliments en nutriment pour l’animal et quelle part de la matière organique ingérée est réellement valorisable par le ruminant.

  • Le pourcentage de concentrés de la ration totale (%Co)

Plus la part de concentrés d’une ration augmente,  moins bonne est la digestibilité de la matière organique alimentaire totale. Au-delà de 40% de concentrés, les interactions avec le reste de la ration sont au maximum. Un apport supplémentaire n’aura aucun effet sur la production. Par exemple, le fait de passer de 30 à 50% de concentrés dans une ration diminue de 2,3 % la dMO.

 

  • Le niveau azoté ruminal  (BalProRu)

Un nouveau critère fait son apparition avec Systali: la BalProRu (Balance Protéique du Rumen). La BalProRu  tente de refléter la synthèse microbienne de l’azote, les PDIMN et PDIME. C’est la différence entre les MAT ingérées et celles passant au duodénum (hors fraction ammoniacale) et qui vont être absorbées au niveau de l’intestin. Ce critère est fortement corrélé au rapport PDIN-PDIE/UFL qui, lui, est bien connu. Lorsque le niveau azoté augmente, la digestibilité organique de la ration totale est améliorée. Les interactions sont donc moins élevées.

BalProRu équilibrée : 14,8% MAT/MSI ce qui correspond à un PDIN-PDIE/UFL entre 4 et 8.

Si la BalProRu est inférieure, l’azote est un facteur limitant, il n’y aura pas assez de recyclage de l’urée, les performances sont réduites

Si la BalProRu est élevée, l’azote excédentaire est éliminée dans les urines et entraine une surconsommation d’énergie

 

  • Le niveau d’ingestion (NI)

Lorsque le niveau d’ingestion de l’animal augmente, une partie plus importante de la matière organique n’est plus dégradée. Cela s’observe régulièrement avec des bouses contenant des aliments de la ration qui sont presque intacts. Dans ce cas, les interactions digestives seront plus élevées avec Systali.

Pour 21 Kg de MSI, le % de dMO diminue de 1,4%  environ.

 

Plus de précision dans l’évaluation de la vitesse de transit

Dans les tables Inra 2007, la vitesse de transit des aliments dans le tube digestif était estimée à 6% par heure. Avec Systali, la vitesse de transit des fourrages est évaluée à 3,8% par heure et celle des concentrés à 5,2% par heure. Si le transit est moins rapide dans le tube digestif, la matière organique alimentaire a plus le temps d’être dégradée.  Il en résulte, dans les tables de valeurs des aliments, une hausse globale des valeurs énergétiques (UFL)

 

Plus de précision dans le calcul du rendement de la matière organique

Dans les tables Inra 2007, la production de matière azotée par la flore du rumen était évaluée à 145 g par kg de matière organique fermentescible. Avec Systali, l’efficacité de la croissance microbienne est moins bonne pour les régimes riches en MOF et meilleure pour les régimes pauvres ou pour les régimes alimentaires transitant lentement (rations foin ou paille). En moyenne les fourrages augmentent de +0,06 UFL et perdent 4 à 5g de PDIE.  Pour les concentrés les changements sont faibles.

 

Les valeurs des aliments dépendent de la ration dans laquelle ils sont distribués

Concrètement, ces nouvelles données amènent à revoir le calcul de la valeur des aliments au sein d’une ration : dans ce nouveau système, les valeurs ne sont plus fixées mais varient en fonction de la composition de la ration et du niveau d’ingestion. En conséquence, ce ne seront que les valeurs indicatives des aliments qui figureront désormais dans les tables INRA.

Le moteur de calcul de ration prendra les valeurs de référence des aliments ingérés mais réévaluera la dMO de ces aliments en fonction du pourcentage de concentrés, du niveau d’ingestion et de la BalProRu de la ration totale.

Dans les tables 2007, le taux de PDI par kg de MAT était de 67% quelque-soit les aliments. Avec Systali, le rendement des protéines dépend du niveau énergétique et azoté de la ration. Lorsque la ration est moins riche, le rendement augmente. Lorsque la ration est riche, le rendement diminue. La flore microbienne améliore son potentiel de transformation lorsque la ressource en azote est limitante.

 

Plus de précision dans l’évaluation des besoins des animaux

Jusqu’à présent, les besoins d’entretien azotés des vaches laitières étaient évalués autour de 400 g de PDI quelque-soit le niveau de production. Avec Systali, les besoins d’entretien d’une vache suivent sa production. Par exemple, une vache produisant 30 kg de lait aura des besoins azotés augmentés de +200 PDI / j environ par rapport aux tables 2007.

Pour les besoins azotés de production, ils vont dépendre du rendement des protéines de la ration.

  •   Si PDI/Kg MS = 100,  le rendement des protéines est de 67 %  il faut 48 PDI / Kg lait
  •   Si PDI/Kg MS = 120,  le rendement des protéines est de 58 % , il faut 55 PDI / Kg lait
  •   Si PDI/Kg MS =  80,   le rendement des protéines est de 77 % , il faut 42 PDI / Kg lait

 

Pour les besoins énergétiques non productifs, ils sont toujours liés au poids de l’animal et à son activité. Ils évoluent à la hausse du fait d’un réajustement de la valeur de l’UF en Kcalories

  • UFL 2007 = 1700 kcal    UFL systali = 1760 Kcal
  • 6,9 UFL à l’attache
  • 7,7 UFL en stabulation
  • 8,3 UFL au pâturage

Pour produire 1 kg de lait standard, il faut 0,42 UFL systali

 

Les nouvelles équations vont corriger les problèmes de rationnement rencontrés avec les aliments atypiques et l’évolution des productions des vaches. Pour des vaches produisant plus de 35 kg de lait, il faut ajouter de l’azote au-delà des recommandations Inra 2007 pour assurer la production. Avec Systali, ces ajustements faits intuitivement par les conseillers seront inutiles. 

 

Anne BLONDEL, Acsel Conseil Elevage,  pour le groupe nutrition de la FIDOCL

 

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