La notation d’état corporel (NEC) caprine

Un outil pour gérer la complémentation énergétique des chèvres laitières. 

Développée dans les années 90 à 2000 et vulgarisée par la ferme expérimentale du Pradel et le PEP caprin, la NEC est une méthode de notation de l’engraissement des chèvres qui sert à suivre de près le niveau des réserves corporelles. C’est un outil très important dans le cas de troupeaux à la pâture, où les quantités de fourrages ingérées sont difficilement estimables.

La NEC est réalisée à deux endroits de la morphologie des animaux ; sur le dos, entre la 3e et la 5e côte lombaire (note lombaire), et sur le poitrail (note sternale). L’échelle de ces deux notations varie de 0 à 5, la majorité des notes étant située entre 1,5 et 3,5. Un échantillon des chèvres est choisi dans le troupeau et il doit être représentatif du nombre d’animaux par année de naissance, en surestimant le lot des primipares. Le nombre d’animaux notés doit représenter le quart ou le tiers du troupeau, sans dépasser 30 chèvres.
 
Un outil éleveur pour la gestion du troupeau
On suit l’évolution des notes moyennes, en calculant une note à part pour le lot des primipares.
Un état satisfaisant serait d’avoir une note moyenne voisine de 3 un mois avant les mise-bas, en sachant que les chèvres commencent à puiser dans leurs réserves corporelles pendant le dernier mois de gestation. Cette note va évoluer sans passer au dessous de 2,25 après 4 mois de lactation. Il est important que l’engraissement soit en phase de reprise avant la période de reproduction.
La NEC devant être réalisée assez régulièrement pour être fiable, il est intéressant que l’éleveur s’approprie lui-même cet outil et s’en serve fréquemment.
 
Vincent Desbos, Ardèche Conseil Elevage
 
Marie-Hélène et Laurent Poulet, éleveurs à Saint-Alban-d’Ay (07)
 
<<Nous essayons de réduire les charges alimentaires, un suivi précis des NEC nous a permis d’améliorer la fertilité du troupeau.
Nous sommes installés depuis 2002 dans le nord de l'Ardèche sur une petite exploitation où nous conduisons un troupeau de 120 chèvres en AOC Picodon avec des mises-bas de fin août. Comme beaucoup d'éleveurs, nous essayons de réduire les charges alimentaires, ce qui, chez nous, passe par l'optimisation du pâturage et la baisse de la consommation d'aliments achetés. Ainsi depuis quatre ans, le contrôleur laitier effectue régulièrement des NEC pour caler l'alimentation : une chèvre trop grasse me coûte cher et une chèvre trop maigre compromet sa reproduction et sa lactation à venir.
Nous sommes particulièrement vigilants au printemps. En effet, avec la mise-à l'herbe, nos chèvres perdent de l'état pour reprendre du lait. La fertilité notamment des primipares, a souvent été altérée par cette perte d'état. Un suivi précis des NEC nous a permis d'améliorer la fertilité du troupeau sans pour cela dériver dans les coûts alimentaires.
Je me sers aussi des NEC pour tarir les chèvres au plus juste : une chèvre maigre sera tarie trois semaines de plus. Dans l'ensemble, un suivi des états corporels me permet d'anticiper car une perte d'état précède souvent une baisse de lait et des taux, une altération de la reproduction, voire de l'immunité. Sur des rations qui fluctuent beaucoup en quelques jours, les NEC représentent pour moi un outil indispensable de gestion du troupeau. >>
 
Propos recueillis par Vincent Desbos, Ardèche Conseil Elevage
 
Cournon 2009

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