La météo 2016 n’a pas été favorable à la production de fourrages de qualité

La météo du printemps 2016 a suivi un hiver très doux et un début de printemps clément avec un mois d’avril intermédiaire présentant en gros un jour de pluie sur deux. De début mai jusqu’à mi-juin, les journées ont été pluvieuses avec manque d’ensoleillement et de chaleur.

Ces conditions ont fortement joué sur la qualité des récoltes des fourrages de printemps.

 

Pour un certain nombre d’exploitations, le besoin de fourrages dû aux faibles stocks de 2015 a poussé à la récolte précoce, permise par les bonnes conditions de début de printemps. Il y a donc eu sur de nombreux secteurs de plaine, des premières coupes d’ensilage très tôt, dès le mois de mars, à des stades précoces. Sur ces parcelles, une deuxième coupe a même pu être réalisée en avril elle aussi dans de bonnes conditions.

La dégradation des conditions météo en mai a empêché la coupe des foins, et a saturé en eau les sols  dans les parcelles. Les fourrages ont poussé avec trop d’eau, et n’ont bénéficié ni de lumière, ni de température. Les sols ont moins minéralisés et les plantes ont réduit leur activité de photosynthèse.

Tous ces épisodes météo expliquent la faible valeur alimentaire, surtout en matière azotée, des fourrages récoltés. On constate les évolutions des valeurs moyennes entre avril et mai, en particulier la décroissance élevée de la MAT. Il en résulte des valeurs faibles sur les PDI des ensilages et surtout des foins.

 

Les ensilages d’herbe sont très hétérogènes

Les courbes d’évolution des valeurs analytiques montrent 2 périodes. Les valeurs alimentaires sont en moyennes très bonnes en particulier en digestibilité et en énergie sur les fourrages récoltés tôt. Par exemple pour  les ray grass italiens,  50% des valeurs des ensilages réalisés avant fin avril sont comprises entre 0.82 et 0.90 UFL. A partir du 24 mars, l’épi des RGI dépassent le 1er nœud. La teneur en cellulose et en NDF augmentent de 18%. Cela fait chuter les valeurs énergétiques calculées (UFL). Après le 7 avril et l’épiaison, c’est la teneur en matières azotées qui diminue le plus. Les PDI perdent 10% de leur valeur en 10 jours.

Légende : La valeur des fourrages a fortement diminué dès la mi-avril

Il y a autour de ces moyennes une dispersion importante des valeurs des paramètres.  La teneur en MAT est parfois très basse et devra être corrigée par des aliments azotés.

 

La qualité des foins n’est pas favorable à la production de lait

La qualité des foins 2016 est très médiocre. Les valeurs moyennes sont de 0,6 UFL et 45 PDI. Un kilo de foin  permettra à peine la production d’un kilo de lait. Avec ingestion 14 kg de foin, difficile de faire plus de 22 kg lait sans donner plus de 6 de concentrés et respecter le cahier des charges de l’AOP Comté. Il faut complémenter avec des concentrés riches en énergie (maïs grain de préférence) mais apportant suffisamment d’énergie et d’azote rapidement dégradables dans le rumen pour stimuler la flore digestive. 1 kg de triticale, de la betterave et le tourteau de colza sont donc bien adaptés pour améliorer la dégradation de la cellulose des foins.

Pour stimuler l’ingestion du foin par les vaches, les pratiques de distribution sont décisives. Il est préférable d’étaler le foin fréquemment  et de retirer les refus.  L’ajout de sel sur le foin à l’auge peut aussi  favoriser l’appétence  et augmenter ingestion.

 

Ensilages de maïs, toutes les récoltes ne sont pas terminées

Les ensilages des parcelles semées en début de printemps sont terminés. Il reste à faire les récoltes des maïs semés en juin. Les résultats d’analyse des 1eres récoltes donnent en moyenne des valeurs correctes en énergie (0,93 UFL) et légèrement plus faible en azote (45 PDIN).  La digestibilité moyenne est identique à l’année dernière (70,6%) mais il y a plus de silos avec une digestibilité inférieure à 70%. Le taux d’amidon se situe entre 25% et 35%. Les récoltes ont été précipitées en raison de la chaleur fin Aout. Cela se traduit par des taux de matière sèche élevés (38,1% en moyenne).

Légende : les valeurs alimentaires des ensilages de maïs 2016 sont hétérogènes.

Avec ces ensilages plutôt secs et riches en amidon, il faut ralentir le transit pour éviter pertes (apport de fibres ingérées), surveiller les ingestions totales et le pourcentage d’amidon total de la ration. Il doit être inférieur à 25%.

Le point le plus délicat sera le taux d’azote faible. Les autres fourrages récoltés sont aussi pauvres en PDI. Dans un contexte de prix du lait très faible, la quantité de tourteau doit être ajustée au plus près des besoins des animaux et du lait visé. Pour produire 26 Kg de lait, la concentration de la ration doit viser 90-100 g PDIE/UFL.

Cette année encore, les valeurs alimentaires des fourrages sont très hétérogènes. Pour ajuster au mieux vos achats de concentrés, il est très utile de faire des analyses.

 

Exemple de ration à base de foin

Avec 14 Kg de foin ingéré, complémenté avec 4kg de céréales (maïs et triticale) et 3 kg de tourteau de colza, cette ration permet de produire tout juste 22 Kg de lait. La concentration énergétique est de 0,78 UFL et en azote de 80 PDI. Les besoins des animaux sont couverts mais avec un risque de faible production de taux protéique. Le coût de la ration se situe autour de 114€/ 1000 L.

Exemple de ration à base d’ensilage

Dans cette ration composée de 1/3 d’ensilage d’herbe de prairie de mélange et 2/3 d’ensilage de maïs et 2 kg de foin, il faut apporter 3,5Kg d’un tourteau 50%soja/colza et 1kg d’orge pour produire 27 Kg de lait. Les indicateurs sanitaires (taux d’amidon, % cellulose..) sont satisfaisants. Le coût de la ration se situe autour de 114€/ 1000 L.

 

Anne Blondel, ACSEL Conseil Elevage

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