Des filières laitières recherchent des laits sans OGM ou plus riches en oméga 3. Comparé au tourteau de soja, le tourteau de colza expellor associé à la luzerne a fait ses preuves au lycée de Fontaines (Saône et Loire).L’essai conduit en 2009 sur la ferme du lycée de Fontaine en partenariat avec le pôle de compétence de Bourgogne, visait à trouver des alternatives au tourteau de soja et à utiliser le maximum de protéines végétales produites dans la région.
Pendant 10 semaines les 2 lots de vaches ont consommé une ration de fourrage identique, 1/3 d’ensilage d’herbe et 2/3 d’ensilage de maïs. La complémentation à base de tourteau de soja (2 Kg) distribuée au lot témoin a été comparée au mélange tourteau de colza expellor (2 Kg) plus concentré de jus de luzerne (1 Kg) du lot expérimental.
La luzerne et le colza, une alternative pour produire des oméga 3
Plus de lait et moins de taux butyreux
La consommation du lot expérimental est légèrement supérieure et il a produit 2 Kg de lait de plus et 2 g/Kg de TB en moins. L’écart sur le TP n’est pas significatif. Le surcout modéré en concentré est ainsi compensé par une ration plus efficace. En effet, le coût total de la ration aux 1000 Litres est de 110 € pour le lot expérimental (colza expellor et extraluz) contre 116 € pour le lot témoin (soja).
Un profil en acide gras plus favorable
L’utilisation du colza et de la luzerne permet une diminution des acides gras saturés et une augmentation des acides gras poly-insaturés dont les oméga 3. Le rapport oméga 6 / oméga 3 est proche de la valeur optimale recherchée (inférieur à 5). Globalement, le profil en acides gras correspond donc mieux aux attentes des transformateurs et des consommateurs. L’objectif d’améliorer la qualité fromagère et de produire du lait avec des protéines produites localement est donc atteint, avec des performances techniques meilleures que pour le lot témoin. Anne Blondel, Contrôle Laitier Saône et Loire d’après Denis Chapuis (chambre d’agriculture 71) et Guillaume Dupuits (Lycée de Fontaines)
Des protéines végétales méconnues : Deux concentrés d’origine végétale et produits en Bourgogne en alternative au tourteau de soja
Le Colza expellor®, qu’est ce que c’est ? C’est un tourteau de colza issu d’un pressage sans solvant. C’est un tourteau qui contient plus de matière grasse (10 %) qu’un tourteau industriel (3 %) Les connaissances montrent que son utilisation est limitée à 3 Kg maximum dans les rations. Il est produit à Chalon sur Saône par la coopérative Bourgogne du sud.
Valeurs indicatives (sur brut) : UFL 1,06 PDIN 222 g PDIE 136 g PDIA 88 g Protéine brute 34 % Cellulose 11 % Matières grasses 10 %
EXTRALUZ®, qu’est ce que c’est ? C’est un concentré protéique obtenu par déshydratation du jus du 1er pressage de la luzerne. Son utilisation dans les rations et son coût sont comparables à ceux de la graine de lin. Il est produit par la société Désialis et se présente sous forme de granulés ou de semoulette.
Valeurs indicatives (sur brut) Humidité 8 % données par la société UFL 1,16 PDIE 425 g PDIN 449 g PDIA 399 g Protéine brute 50,6 % NDF 14 % Cellulose 2,3 % Matières grasses 10,5 % dont AG oméga 3 34,5 g/kg dont AG oméga 6 12,9 g/kg Vitamines E 460 ppm ß-carotène 460 ppm Fer 750 mg/kg IT3 28 g Des protéines végétales Méconnues Deux concentrés d’origine végétale et produits en Bourgogne en alternative au tourteau de soja
« Lycée agricole, Fontaines (71)
Une expérimentation enrichissante
Raphael Lejeune gère depuis plusieurs années les 73 vaches à 7000 kg de la ferme expérimentale. Il témoigne sur le comportement des animaux lors de l’essai.
Comment les animaux ont réagit lors de l’expérimentation ?
J’ai vu très rapidement que les laitières du lot recevant expellor et extraluz avaient des bouses plus compactes et du coup elles étaient moins sales. C’était très visible à la traite. Les mamelles étaient plus propres. La différence de production s’est remarquée aussi assez vite. En fécondité, nous n’avons rien remarqué et nous n’avons pas fait de comparaison des résultats.
La ration était-elle bien consommée ?
Lors de la transition, il y avait plus de refus dans le lot recevant du colza expellor. C’est souvent le cas au début. Mais après 3 semaines, les consommations étaient très bonnes. Il faut juste un peu plus de temps pour que les vaches s’habituent au goût.