L’ agro-écologie, au cœur des preoccupations des éleveurs

Comprendre la vie du sol pour adapter ses pratiques. L’agronomie au service de la production fourragère apporte de nouvelles pistes de travail.

 

 

 

Regarder sous le sol pour comprendre l’incidence des pratiques culturales

Le sol est vivant et fonctionne avec un équilibre température, lumière, chaleur permettant la vie de la flore microbienne et de la faune de structure. Les pratiques culturales ont une influence non négligeable. Dans la couche supérieure (< 30 cm), il faut apporter de la matière organique régulièrement et la mélanger à la terre sans la retourner. Sans semelle de labour ou de zone de compactage, les racines vont pouvoir descendre dans le sol. En été, le système racinaire va chercher de l’eau profondément, c’est un décompactage naturel qui s’opère.

Pour obtenir le meilleur résultat possible, les sols doivent être couverts toute l’année. Le système racinaire apporte de la matière organique et de la structure au sol, la partie végétative fixe l’azote et évite l’évaporation. La plante construit elle-même le sol.

 

Exploiter des vers de terre

Les vers de terres sont des « laboureurs » naturels. Ils assurent le drainage en creusant des galeries verticales. Ils dégradent la matière organique ou participent à la création du complexe argilo-humique. Mais attention, chaque espèce a un rôle bien défini. Entre les parcelles, le nombre de vers variait entre 200 et 300 au m2, soit plus d’une tonne de vers à l’hectare. L’histoire de la parcelle et le type de rotation expliquent les différences de dénombrement. Des comptages sur parcelle labourée n’avaient recensé qu’une vingtaine de vers ! Couper un ver de terre en deux ne le dédouble pas, contrairement aux idées reçues. Les outils de travail du sol n’ont donc pas tous la même incidence sur la population de vers.

 

Produire de la protein pour gagner en autonomie

Les éleveurs ont la chance de pouvoir utiliser les couverts végétaux en alimentation des animaux. Les différentes inter-cultures sont une source potentielle de protéines. Faire des sur-semis en fin d’année (pois, féveroles, vesce ou divers trèfles…), permet de récolter au printemps des fourrages riches en matière azotée totale. L’autonomie alimentaire est plus facile à atteindre avec ces techniques et un sol toujours couvert, bon pour l’agronomie mais également en accord avec la réglementation des zones vulnérables. La difficulté est de ne travailler le sol qu’en conditions portantes et pas trop humides.

Anne Blondel et Camille Olier, Ain/Saône-et-Loire Conseil Elevage

 

 

« GAEC de la Grange, St Olive (01)

Tester des pratiques innovantes

Le Gaec de la Grange à St Olive a semé début août 2014 un mélange de légumineuses en semis direct, sans travail du sol. Cette mise en pratique faisait suite à une réunion locale où une vingtaine d’éleveurs se sont retrouvés, sur l’invitation de Ain Conseil Elevage, pour comparer les mélanges à semer en dérobé après céréales. Cet élevage de 70 vaches laitières exploite un terrain limoneux de Dombes.

 

Un essai, deux objectifs, des résultats

Le premier objectif est de récolter un fourrage riche en protéine pour le troupeau afin d’économiser des quantités de tourteau acheté. Le second est agronomique, il est d’améliorer la structure du sol grâce au travail racinaire de l’inter-culture. La culture a été récoltée en ensilage le 20 octobre 2014 à l’auto-chargeuse. Elle a produit un rendement de 3,6 tonnes de matière sèche par hectare. Le fourrage obtenu, à 31% de matière sèche, titrait 222g/kg de protéines brutes. Ses valeurs sont de 0,69UFL, 132PDIN, 68PDIE. Il est distribué, depuis mi-décembre, à raison de 9 kilos de matière sèche par vache laitière. Le reste de la ration est composé de 6 kilos d’ensilage de maïs, de 2 kilos de foin  de luzerne, de 3 kilos de céréales, de 1,2 kilos de tourteaux, d’1 kilo en moyenne de VL de production, de 300g de matière grasse et de 130g de minéral. Elle permet une production de 29,3 kilos de lait par vache à 5,6 mois moyen, pour une économie de 20€/1000l.

 

C’est à voir !

Les éleveurs ne se sont pas arrêtés là. Ils ont semé mi-octobre un mélange de pois, vesce, féverole et céréales. Il est prévu de le récolter début mai en ensilage, avec de nouveau deux objectifs : du rendement et de la valeur en protéine.

 

Rémi Berthet, Ain Conseil Elevage

 

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