Innovation et cohérence pour les système fourrager

Le film « Demain » est au carrefour des changements. L’agroécologie bouleverse nos chemins de réflexion habituelle. L’intensification de ces dernières années a conduit souvent à augmenter le litrage produit par ha de SFP. La culture du maïs a continué son développement. Ses forces, les tonnes de MS à l’hectare et la densité en UFL, en sont les gages de réussite.

La conjoncture actuelle : prix du lait volatil et bas, environnement, sécheresse et réchauffement climatique  se concentre sur les faiblesses du maïs portant sur sa dépendance à la protéine, au labour, aux rotations courtes, aux fongicides.

 

L’agronomie au centre de la réflexion

Ce monde qui bouge, nous demande de nous adapter. Ecrire un système fourrager innovant et cohérent est le challenge pour chaque exploitation.

Avoir une entrée sol avant une entrée animal est la voie de réflexion.  Paysans nous avons toujours été, éleveurs nous sommes et agronomes nous devons redevenir pour toujours se projeter agriculteurs de demain.

La flore microbienne du rumen a guidé nos formations. Les vers de terre en seront le nouvel angle. Développer nos   compétences sur la vie du sol, sa fertilité la bonne utilisation de la matière organique est un plan d’action fort.

 

L’échange,  le moteur de l’évolution des pratiques

La trilogie cellulose brute, amidon et protéine guide le bon fonctionnement de la panse. Penser l’équilibre Maïs/Pâture/Herbe stockée oriente l’assolement et les rotations. Parler « rotation longue » est un leitmotiv. Réfléchir à l’introduction de nouveaux fourrages : Méteil protéique, Sorgho BMR, Graminée provençale,… est une voie de motivation pour créer de la passion. Garder son bon sens paysan sera primordial. Retenir que la luzerne s’est toujours appelée reine des fourragères, faire des « top » ensilage herbe et pâturer « longtemps » doivent rester dans la mémoire collective. Fauche à plat et pâturage dynamique sont aussi des nouveautés à examiner.

Travail du sol, semis direct, techniques sans labour sont un panel de pratiques à acquérir, échanger, étudier, tester pour les mettre en œuvre à bon escient.

Comme les couverts végétaux et les cultures intermédiaires, les pratiques utilisées en agriculture biologiques se développent. Le partage de compétence entre tous, au service de nos campagnes, est un moteur du développement.

Pour finir parler d’exploitations bas carbone n’est que la mise en œuvre effective de cette évolution culturelle. Et demain 10 et 11 g/l d’acide palmitique (C 16:0) dans le lait serait un bon traceur d’un système fourrager « vert », d’un bon fonctionnement du rumen et d’une exploitation bas carbone.

 

Jean-Claude Guillaume, Président Rhône Conseil Elevage

 

« GAEC Ferme du Marjon, Soucieu en Jarrest (69)

Un projet ambitieux

Le Gaec Ferme du Marjon est une exploitation en adaptation où les hommes et les femmes sont au centre de la réflexion.

Le début des années 2000 a été un premier tournant avec la création d’un atelier de transformation suivi quelques années plus tard par la mise en place d’une chèvrerie.

L’après 2010 est marquée par une nouvelle phase de projet. Un cadre  est élaboré pour mûrir la réflexion : se mettre tous autour d’une table, partager les points de vue, prendre le temps, se faire encadrer, jouer avec les atouts et les contraintes du milieu.

Pour ces passionnés, les vaches Holstein sont au cœur du projet dans  cette zone péri-urbaine où l’élevage disparaît petit à petit. Un bâtiment neuf dimensionné pour 120 vaches et une production supérieure au million de litre agitent les premiers scénarii…

 

Un virage décisif

La proximité des consommateurs et la richesse de la transformation poussent les associés à modéliser leur exploitation vers un axe plus large. La construction d’un bâtiment neuf est actée mais son dimensionnement est réduit à 60 places. Les fromages poussent la réalisation d’un séchage en grange pour récolter 400 T sur 100 ha cultivés avec des prairies multi-espèces. Les objectifs sont de transformer 120 000 l en lait de vache, 60 000 l en lait de chèvre et de livrer 390 000 l à la coopérative Sodiaal.

Le défi pour ces 7 personnes en positive attitude est de rembourser  84 000 €  par an. La lettre de mission passée avec Rhône Conseil Elevage est de travailler sur le choix des prairies multi-espèces, l’énergie dans la ration et la place de la culture du maïs. Il faut également garder un œil sur la réponse des animaux et faire le lien sur les résultats économiques avec les autres partenaires de l’élevage.

Et comme le monde est toujours en mouvement, la conversion en Bio s’est faite tout naturellement au mois de mai 2016.

 

Propos recueillis par Laurine Desmaris, Rhône Conseil Elevage

 

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