Herbe : quelle place dans le système fourrager ?

Quand la production d’herbe est au cœur des systèmes fourragers, elle assure l’autonomie fourragère des exploitations. Essayons de voir comment on peut faire évoluer son système et quels seront les facteurs de réussite.

 

 

Adapter son système d’élevage à son environnement

Sol et climat vont conditionner les choix de cultures et de rotations sur votre exploitation. Essayer, observer, mesurer vous permettront de prendre les bonnes décisions. Le parcellaire de votre exploitation sera une limite ou un avantage : que rapporte des heures de tracteur sur la route ? Comment sont valorisées vos parcelles les plus éloignées ? Réfléchir à un remembrement est un gain assuré. Lorsque la réflexion d’un projet de construction commence, réfléchir à la valorisation du parcellaire est indispensable. La distance parcourue, et donc la consommation de carburant, en dépend si la position est centrale de même que la surface d’herbe valorisable par le pâturage…Il est important de faire le bon choix.

 

Définir l’intensification optimale de son système

En élevage laitier, la recette laitière est principalement faite par le lait. Il faut un niveau minimum de production laitière à l’hectare pour assurer du produit et diluer les charges de structures. A l’inverse, en intensifiant la production à l’hectare, il faut veiller à ne pas pénaliser l’efficacité de l’exploitation en diminuant le ratio EBE sur produit. La réduction du produit primes et le dérapage des charges opérationnelles (coût concentrés, semences, engrais…)  en sont souvent les principales causes.

 

Mettre en adéquation productions fourragères et besoins des animaux

Une première solution est de viser l’autonomie protéique avec un système fourrager basé sur l’herbe. Pâturage et récolte d’un ensilage d’herbe au top seront les facteurs de la réussite du système. La valorisation des céréales produites sur l’exploitation apportera la totalité ou une partie des besoins énergétiques : épis de maïs et céréales à paille complètent bien une ration à base d’herbe. Autrement, des achats de concentrés à base d’amidon, de sucres et cellulose seront nécessaires.

La seconde solution est de viser l’autonomie énergétique avec un système fourrager associant herbe, maïs et céréales. Seuls des tourteaux seront achetés. Pour limiter la dépendance azotée, l’ensilage de maïs ne doit pas être en plat unique. Assurer 15 à 25 kg d’ensilage de maïs à la ration hivernale en association de 15 à 25kg d’un ensilage d’herbe toujours au top et de fibres selon les besoins, seront la base de la ration avec apport de tourteau. La complémentation individuelle pourra se faire avec un mélange céréales à paille et tourteau. Varier les sources de tourteau permet d’avoir à la fois des vitesses de dégradabilité variables et d’éviter des carences d’acides animés essentiels.

Quel que soit votre système : produire de l’herbe au top

Couvrir les besoin alimentaires des vaches laitières, c’est apporter 0.90 UFL et 100PDIN avec un fourrage ingestible.  Quel fourrage s’en rapproche le plus ? L’herbe jeune. Pour preuve, voici les valeurs des ensilages d’herbe réalisés  cette année :

 

Cru 2016 : des ensilages d’herbe énergétiques avec peu de matière sèche et d’azote

 
              
   

MS

MM

MAT

CB

Sucres

UFL

UFV

PDIN

PDIE

PDIA

UEL

 

Mélange graminées

41 éch.

301

111

131

249

132

0,90

0,85

79

70

21

1,11

 

Prairie permanentes.

27 éch.

300

117

137

240

127

0,93

0,88

84

65

20

1,10

 

RGI

124 éch.

272

119

132

245

143

0,88

0,83

80

66

21

1,11

 

Mélange gram/lég

79 éch.

325

112

133

243

138

0,91

0,85

81

75

22

1,11

 

Luzerne

2 éch.

373

122

156

239

94

0,87

0,81

89

67

24

1,09

              
 

Moy. 2016

 294 éch.

322

114

132

252

119

0,89

0,83

80

72

21

1,11

              
 

Moy. 2015

495 éch.

387

108

140

277

88

0,83

0,76

87

66

24

1,09

 

Récolter au bon stade pour de bonnes valeurs

Quel que soit le type de prairie que vous choisissez d’ensiler, il est possible d’obtenir un fourrage de qualité en récoltant au bon stade. La date de récolte choisie doit permettre d’obtenir un fourrage à moins de 25% de cellulose brute (CB). Ainsi, la valeur UFL sera au rendez-vous. Cette année où les températures ont permis une pousse hivernale importante, le ray grass d’Italie a des valeurs légèrement plus faibles : les feuilles poussées en décembre et janvier se sont retrouvées fanées dans l’ensilage en avril. La valeur azotée est  faible cette année. Le mois de mars, froid, a ralenti le démarrage de la minéralisation du sol de même que la saturation en eau du sol sur le nord du département en avril. L’implantation de légumineuses dans les mélanges prairiaux a pour intérêt de limiter les apports d’azote minéral sur les prairies tout en maintenant voire augmentant le niveau azoté du fourrage. Ainsi, cela réduit les intrants sur l’exploitation.  

 

De la matière sèche pour assurer une bonne ingestion et un effet mécanique

L’année 2016 a compliquée la récolte des premières coupes en ensilage. Elle nous a parfois montré les limites des choix faits en terme de chaine de récolte. Il est important de garder de la souplesse pour qu’un maximum de silos soit réussi c’est-à-dire récolter à plus de 30% de matière sèche. Il y a plus de 6 points de moins de matière sèche entre 2016 et 2015 ! Les conditions météorologiques ne sont pas les mêmes, c’est vrai. Mais quels sont les facteurs clés pour un maximum de matière sèche rapidement? D’abord, viser une prévision météorologique avec 2 jours ensoleillés, faucher dès la levée de la rosée, assez haut : 7cm, étaler le fourrager sur le plus de surface possible et andainer si nécessaire. Nos voisins du Nord y arrivent ainsi.  

L’explosition au soleil : premier facteur de séchage

Un ensilage d’herbe récolté à plus de 30% de MS, bien tassé et fermé hermétiquement, sera  ingéré de façon maximale par les animaux. Il assurera une partie de la fibrosité de la ration. La production laitière sera au rendez-vous.

Produire une herbe de qualité, bien la récolter et bien la conserver, c’est un hiver assuré.

 

Florence Fargier, Loire Conseil Elevage

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