Grand troupeau : comment faire pâturer plus de 80 vaches ?

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Comme le résume cette citation de Mark Twain, faire pâturer des grands troupeaux est possible. Avant toute chose, l’envie de l’éleveur est primordiale pour maintenir le pâturage en grand troupeau. L’intérêt économique peut être une motivation supplémentaire : une étude du PEP de 2012  montre que les élevages de plus de 80 vaches qui valorisent le pâturage réduisent leur coût de production de 50 €/1 000 litres.

 

 

 

Un parcellaire adapté

Pour apporter en vert au moins un tiers de la ration fourragère, il faut prévoir 20 ares par vache environ. Cela représente 16 ha pour un troupeau de 80 laitières. Les aménagements de stabilisation sont primordiaux pour réaliser la sortie des animaux, surtout en conditions humides. Avec des pattes et mamelles propres, les conditions sanitaires sont maîtrisées. Il y a moins de risques de maladies du pied et de contaminations butyriques. Des points d’abreuvement nombreux limitent les déplacements des vaches donc la dégradation des accès.


Modifier la complémentation

Avec un grand troupeau il est plus difficile d’avoir une ration couverte uniquement par l’herbe. Au printemps, il faut profiter d’une herbe de qualité pour réduire la complémentation des animaux. A partir de 10 kg matière sèche d’herbe pâturée, il n’y a plus besoin de tourteau à l’auge pour équilibrer une ration avec de l’ensilage de maïs.
Pour les animaux en début de lactation qui reçoivent plus de concentrés, le fractionnement des apports limite les risques d’acidose. Avec un DAC, vérifier les consommations individuelles pour s’assurer que le temps de séjour dans le bâtiment est suffisant. Pour sécuriser la fibrosité de la ration, la consommation de 1 kg de foin le matin à l’auge est une technique efficace.


Gestion de lots

Au pâturage il est possible de gérer différemment les vaches en début de lactation et les autres. Le bâtiment doit être adapté pour que les deux lots puissent accéder aisément à la salle de traite. Une technique envisageable en pâturage tournant : faire pâturer la parcelle fraiche par les vaches fraiches et laisser la place ensuite aux autres vaches pour finir la parcelle.

Anne Blondel, Ain Saône et Loire Conseil Elevage

 

 

« GAEC Pogevia, Sandrans (01)

110 vaches pâturent 230 jours par an


Situé en Dombes, le gaec exploite 90 ha de prairies, 24 ha de maïs ensilage et 66 ha de cultures. L’intérêt économique et le gain de temps de travail ont incité les 3 associés à maintenir le pâturage. Leur botte secrète pour obtenir de bons résultats : chemins, points d’eau et type de prairie adapté au climat et au sol.


L’herbe est bien adaptée

Le sol limoneux est sensible à la battance et hydromorphe. Les rendements maïs sont irréguliers mais l’herbe est bien adaptée. 90 % de la ferme a été drainée permettant ainsi d’avoir le maximum de jours où les vaches peuvent sortir au pré. Le réseau d’eau a été installé au moment du drainage, 7 km de tuyaux ont été enterrés. Chaque parcelle dispose de points d’eau, avec une capacité suffisante, alimentés par un forage. Les prairies sont constituées d’un mélange de RGA et Trèfle Blanc. Un essai en rajoutant de la fétuque des près est en cours.


Un pâturage tournant

Les vaches sont lâchées dès que le temps et la portance le permettent. Certaines pâtures sont à 1 km de la ferme. Pour la qualité des accès, un chemin a été refait totalement sur 900 m. 35 ha sont pâturés au printemps et 45 à 50 l’été, pour 110 vaches. La surface a été recoupée en parcelles de 4 ha sur lesquelles le troupeau reste 2 à 3 jours. La gestion du changement de parcelle se fait grâce au calendrier de pâturage pour avoir une durée de 21 jours entre 2 passages. Les refus sont fauchés. Un apport de 25 m3 de lisier est réalisé avec un complément de 60 unités d’azote.


2 kg de MS d’ensilage de maïs en fond de cuve

Les vaches reçoivent 2 kg de matière sèche d’ensilage maïs chaque jour. Ceci permet de limiter les conséquences des changements d’alimentation en cas de mauvais temps. Les vaches n’ont plus de tourteaux pendant 2 à 3 mois au printemps suivant la valeur de l’herbe. Les fraîches vêlées reçoivent 2 kg de VL fermière. L’aménagement du bâtiment en logettes permet de rentrer les vaches facilement si besoin en cas de pluie.


Propos recueillis par Rémi Berthet, Ain Conseil Elevage

 

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