Gérer l’efficacité alimentaire de son troupeau : Synthèse des constats d’alimentation de l’année 2018

Les éleveurs adhérents à ACSEL Conseil Elevage ont la possibilité de calculer, après chaque contrôle de performance, le coût alimentaire de la ration distribuée aux vaches et la marge alimentaire, fonction du prix du lait payé. Cette analyse permet des ajustements techniques et économiques rapides.  Voici les principaux enseignements de l’analyse des résultats de 2018.

Cette année a été marquée par une grande sécheresse de fin juin à la rentrée des animaux. De ce fait, les stocks ont été consommés plus tôt que prévu, la récolte de foin médiocre en quantité et le pâturage n’a duré que 3 mois. La conséquence est une production de lait plus faible de 10% les 4 derniers mois de l’année.

 

 

Un outil performant et simple d’utilisation

A la suite du contrôle de performances, le conseiller saisit les quantités d’aliments distribués dans la ration, les valeurs alimentaires et les prix des différents composants. Le logiciel Milklic met en relation la production de lait et les taux butyreux et protéique du contrôle avec la ration réellement consommée par les animaux présents.

Le constat d’alimentation calcule le coût de la ration et des différents aliments, ramenés aux 1 000 litres et à la vache.

 

Différents groupes possibles de comparaison….

La base de données comprend les résultats de plus de 100 élevages. Elle permet une comparaison des exploitations en fonction des systèmes d’alimentation hivernale dominants.

-          Groupe foin : 21 élevages en système Comté avec une alimentation à base de foin (ventilé ou non) et de regain.

-          Groupes par secteur géographique: élevages avec une ration à dominante ensilage maïs et herbe : 79 élevages avec une alimentation à base d’ensilage de maïs et 20 à 35% d’ensilage d’herbe ou enrubannage.

Groupe robot: le coût de l’alimentation en système de traite robotisée est analysé à travers les résultats de 17 élevages.

 

….avec des écarts de coûts alimentaires

En moyenne, sur l’ensemble des 117 élevages ACSEL, le coût des aliments « concentrés + coproduits + minéraux » représente 82€ pour 1 000 kg de lait produit. C’est 3€ de moins qu’en 2017.   

 Les élevages en système foin, doivent compenser une plus faible valeur énergétique des fourrages par des achats de concentrés. Dans ce groupe, les concentrés représentent près de 250 grammes de concentrés pour produire 1 kilo de lait. Pour les 21 élevages du groupe, le coût des aliments concentrés est de 72€ pour 1 000 kg de lait produit.

Les systèmes alimentaires à base d’ensilage sont plus autonomes pour les apports énergétiques. Une part de la ration est constituée de coproduits (drèches de brasserie, pulpes de betterave…) ou du maïs épi. Le coût moyen des aliments, hors fourrages, de ces groupes est inférieur à 75€ pour 1 000 kg de lait produit.

 

 

 

Les éleveurs en système foin ont des coûts alimentaires supérieurs aux autres. Pour ce groupe, le coût des concentrés + coproduits est de 82€ pour 1 000 kg de lait produit. Certains éleveurs travaillent avec les céréales de l'exploitation et des aliments simples ce qui explique la fluctuation du coût alimentaire (hors fourrages) qui varie entre 67 et 90€/1 000 kg de lait. Une économie non négligeable.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les quantités de concentrés distribuées doivent être mises en relation avec les objectifs de production et les valeurs des fourrages. Rechercher une augmentation de lait par la seule voie des concentrés n’est pas économique.  Les données par animal montrent que dans tous les groupes, les quantités de concentrés par vache atteignent ou dépassent 1800 kg par an.

 

 

 

 

 

 

 

A quantité de concentrés identique, les vaches peuvent produire 1 500 litres de lait d’écart. Sur le graphique, tous les élevages sont représentés, en croisant la quantité de concentrés et la production moyenne du troupeau. Les 2 points rouges correspondent à des élevages qui distribuent 180g de concentrés par litre de lait. La moyenne de production

du troupeau est respectivement  de 6 900 et 8 500 kg. Les 2 points verts correspondent à des élevages qui produisent 7 800 kg de lait de moyenne, l’un distribue 160g de concentrés par litre, le deuxième 310g. La quantité de concentrés distribuée n’est donc pas un gage de production basse ou élevée. C’est l’efficacité globale qui doit être analysée.

 

La part de pâturage représente moins de 10%  de la ration totale dans les systèmes ensilages. Les élevages foin valorisent le plus l’herbe au pré, avec  25% de pâture dans l’alimentation annuelle. Les élevages robots, quant-à-eux, ont presque abandonnés la sortie des vaches à la pâture.

 

Coût de ration et marge alimentaire sont le reflet de l’efficacité du rationnement.

Lorsque la place dans les bâtiments est limitée, et c’est souvent le cas, il est important de regarder le coût alimentaire par animal. Il est compris entre 3,2 et 4,1€ par jour dans les systèmes. Les écarts s’expliquent par le coût de la ration totale, mais aussi par la capacité des vaches à exprimer le potentiel de la ration. La concurrence à l’auge ou pour le couchage et le manque d’abreuvement sont souvent les causes de sous valorisation du potentiel des animaux et des aliments. Sur ce graphique, le calcul de la marge est fait avec le prix réel payé aux producteurs, donc variable selon les laiteries.

 

 

La marge alimentaire aux 1 000 litres représente l’écart, en euros, entre le coût alimentaire et le produit lait. Sur le graphique, la marge est calculée avec un prix forfaitaire du lait fixé à 350€  pour tous les groupes. Elle traduit la maitrise de l’efficacité alimentaire mais aussi la qualité du lait livré (taux et niveau cellulaire).  Le groupe Plaine, qui a la meilleure maitrise du coût alimentaire, dégage une marge supérieure aux autres groupes. Pour les systèmes de montagne, une partie des contraintes d’environnement doit être compensée par un prix du lait plus élevé qu’en plaine.

 

Le lait d’équilibre, un indicateur de synthèse

 

 

Le lait d’équilibre représente la quantité de lait que doit produire une vache pour « payer » son alimentation quotidienne compte tenu du prix du lait payé. Par exemple, avec un litre de lait vendu à 0,35€ et un coût de ration de 3,5€, les vaches doivent produire au moins 10 litres de lait par jour pour payer leur alimentation. Ce critère combine donc le coût de ration et le prix payé par la laiterie. Il peut fluctuer selon les mois. En système foin et Comté, le prix du lait étant élevé, le lait d’équilibre est  3.6 kg plus faible que pour les systèmes robot avec un coût de ration plus élevé et un prix du lait industriel.

 

 

 

 

 

 

Suivre chaque mois l’évolution de la marge alimentaire, adapter la ration au potentiel des animaux, des fourrages et du prix du lait, sont des leviers indispensables pour gérer son troupeau et son revenu. Les conseillers d’ACSEL Conseil Elevage  sont formés et compétents pour vous proposer des conseils en toute indépendance et aux plus prêt de vos intérêts.

 

Alice Remy,  ACSEL Conseil Elevage

Avril 2019

 

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