Fourrages 2016, attention à la qualité en élevage caprin !

La campagne 2016 froide et humide à partir de mars n’a pas été favorable pour des récoltes précoces. Sur la plupart des zones, les ensilages et enrubannages d’herbe ont pu être récoltés au stade optimum, de fin avril à mi-juin. Dans la majorité des cas, les foins séchés au sol ont été récoltés tard, jusqu’à la fin juin pour certaines coupes.

 

 

Des fourrages récoltés tardivement permettront des performances limitées

Pour les zones de plaine et de moyenne montagne jusqu’à 700-800 mètres d’altitude, les stades optimum de récolte pour un meilleur rapport quantité/qualité se situe de la mi-mai à la fin mai.

En effet c’est à cette période que les 900 à 1000 °C jours nécessaires pour atteindre le stade début épiaison des graminées sont obtenus. Considérant les relevés 2016, le stade des 900 °C a été atteint au 15 mai à 400 m d’altitude et au 25 mai à 600 m. A noter que certains éleveurs ont réussi une coupe la 1ère semaine de mai soit à 750-800 °C.

Pour les éleveurs qui n’ont pas réussi à profiter des 2 ou 3 fenêtres météo de mai, la réalisation des chantiers se sont décalés sur la mi-juin, voir sur la fin juin. A ces dates, les cumuls de température atteignent 1300 à 1500 °C jours, soit 500 °C de plus que les stades de récoltes conseillés !

 

Ingestion limitée = production limitée

Les fourrages récoltés à des cumuls aussi importants auront des valeurs faibles en protéines (entre 5 et 7%) et élevées en cellulose (supérieures à 35%), ce qui limitera leur ingestion. Il est important d’avoir une estimation des valeurs énergétique et protéique pour ajuster au mieux les rations.

Il est certain que dans le cas où ces fourrages seront utilisés de manière importante dans l’alimentation, la production permise sera limitée. En effet, la forte fibrosité et l’encombrement d’un fourrage limitent son ingestion et la quantité de concentrés distribués est raisonnée pour ne pas dépasser 40 % de la ration MS.

Vincent Desbos, Ardèche Conseil Elevage

 

 

Exemples de rations avec les fourrages 2016

Pour bien préparer la prochaine lactation, il est important de favoriser l’ingestion dès le 4e mois de gestation :

  • Augmenter le nombre de distributions et le pourcentage de refus. Il est conseillé de proposer 3 repas. Laisser la possibilité aux animaux de trier en tolérant 20 à 25% de refus minimum.
  • Corriger la teneur en protéines dès l’utilisation des fourrages 2016. Pour la phase de tarissement, il faut complémenter en protéines pour atteindre au moins 12% de teneur en protéines sur la ration totale et 16-18% en lactation.
  • Le tourteau de colza est, par exemple, un correcteur assez économique.
  • Pour favoriser l’ingestion totale et remonter la teneur en protéines de la ration, l’utilisation de la luzerne déshydratée peut s’avérer intéressante. Il faut l’intégrer dès le 4ème mois de gestation, de manière à atteindre 500g/ch/j en lactation.

Concernant l’utilisation d’un foin de luzerne récolté de manière bien trop tardive, les mêmes causes vont produire les mêmes effets. Ces fourrages seront fibreux et donc peu ingérés, et pauvres en protéines.

Il est important de réaliser un nombre de distributions important, au minimum trois, et ne pas dépasser 1 kilo distribué par repas. S’assurer que le fourrage est disponible pour les chèvres et accepter jusqu’à 30 % de refus. Il faut également intégrer un correcteur protéique pour obtenir un niveau azoté suffisant dès la cinquième semaine avant les mise-bas, ainsi que de la luzerne déshydratée de manière à compenser l’ingestion limitée par la mauvaise appétence du fourrage.

Malgré l’ajustement de la complémentation, les fourrages 2016 de qualité moyenne, ne permettront pas de réaliser des performances exceptionnelles.

 

Vincent DESBOS, Ardèche Conseil Elevage

 

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