Faire faire son mélange fermier : Une solution originale et économique

La flambée des prix des matières premières a incité nombre d’éleveurs caprins à rechercher une meilleure autonomie. L’alimentation est le poste de charge souvent le plus élevé pour les troupeaux caprins. Il peut donc être intéressant de stocker ses céréales et de les distribuer aux animaux, soit en brut, soit faire un mélange adapté à la période d’alimentation.

 

 

 

Une prestation de service

Pour des petits troupeaux, ou des fromagers, la contrainte travail et l’investissement dans du matériel de fabrication à la ferme peut être un frein. Le travail à façon, développé pour les activités de semis, labour, épandage, parage ... est proposé par certaines sociétés en matière de mélange d’aliment. Faire faire son mélange en prestation de service peut permettre de se centrer sur l'élevage, et les parties du métier pour lesquelles on a plus d'affinités, et ainsi gagner en efficacité technico-économique.

 

Des camions autonomes

Le camion usine est de fabrication allemande, pays où ce concept est très développé. Il est 100 % autonome en énergie et généralement la compétence des associés de la société leur permet de travailler seuls, sans la présence de l’éleveur.

Le camion peut broyer, aplatir, dépoussiérer (terre…) et la société propose des minéraux, additifs, solutions techniques et formulations préétablies si besoin. L’incorporation d’aliment liquide est possible.

 

Une formule adaptée à chacun

Les matières premières utilisées sont celles présentes dans l’élevage et celles dont le prix est intéressant. L’objectif visé est une bonne adéquation entre les besoins techniques des chèvres et le prix de l’aliment. La formule répond également à une éthique de choix des aliments : production locale, sans OGM, sans huiles de palme, qui peut être soit personnelle ou répondre à un cahier des charges dans lequel l’éleveur est engagé (bio, AOP …). Enfin, la quantité d’aliment fabriqué et le stockage, cellule, big bag, vrac, … sont au choix de l’éleveur.

 

Jean-Luc Nigoul, Saône et Loire Conseil Elevage.

 

« Chèvrerie de la Trufière, Chissey les Macons (71) 

Autonomie et économie

La Chèvrerie de la Trufière, Marie-Emilie ROBIN et Sylvain CHOPIN, transforment et commercialisent le lait de 140 chèvres alpines à 650 litres de lait par an. Ils sont à la recherche de solutions améliorant le revenu et leurs conditions de travail.

 

Une réflexion stratégique

Des cultures de céréales ont été introduites dans l’assolement : maïs, triticale, épeautre … pour être autoconsommées. Nous voulons être moins dépendant du marché des matières premières et nous perfectionner dans la maîtrise de l’alimentation du troupeau.

Nous avons choisi de faire appel à un prestataire pour gagner du temps. La société ABMF basée dans le nord de la Saône et Loire dispose de deux camions usine qui se déplacent de ferme en ferme. Cette année, il nous faut deux heures pour faire le mélange pour 10 tonnes, soit 3 mois, durée liée à notre capacité de stockage. Cela nous coûte 30 € la tonne.

 

Une formulation adaptée

La formulation des aliments a été travaillée avec le conseiller de Conseil Elevage qui suit l’alimentation du troupeau toute l’année.

En début de lactation et avec les fourrages conservés et analysés, un aliment à 21 % de protéines a donné de bons résultats. Puis avec la mise à l’herbe et le passage en monotraite en mai, nous avons opté pour un mélange à 15 % de MAT.

La pulpe de betterave intéressante en début de lactation, avec 1,2 kg de concentré par jour l’est devenu beaucoup moins ensuite car son prix était prohibitif à partir de juin. La source de matière azotée adoptée cette année de part sa valeur, son prix et sa richesse en matière grasse a été le tourteau de colza expellor.

 

Des gains technico-économiques

Les résultats techniques ont été bons, et les animaux sont restés en bonne santé toute l’année. Notre coût d’alimentation devrait baisser d’environ 10 000 €, c’est la prévision que nous avons faite pour 2014.

 

Propos recueillis par Jean-Luc Nigoul

 

 

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