Essais de méteils réalisés par des éleveurs en Dombes

Depuis maintenant deux ans, un groupe d’éleveurs s’est formé autour de certains membres précurseurs dans la réalisation d’essais agronomiques. Rémi Berthet, conseiller en Dombes, a d’abord proposé aux éleveurs du secteur de se retrouver pour observer les résultats d’essais de trèfles incarnats. Tours de plaine et interventions d’experts se sont succédé au fil des saisons. Une grande journée organisée en mars 2015 en partenariat avec Bressor Union a rassemblé plus de 50 éleveurs et permis d’étoffer le groupe.

Conseil Elevage accompagne les éleveurs dans leurs démarches collectives

Conseil Elevage intervient en proposant une animation du groupe, en apportant son expertise en terme de méthodologie dans l’accompagnement de projets. L’entreprise de Conseil Elevage n’intervient aucunement dans les décisions prises par les éleveurs. L’animation consiste à les rendre possibles en proposant des rencontres, en faisant émerger les thèmes et objectifs, en synthétisant les résultats des essais et en répondant aux questions techniques.

 

Implanter un méteil dans quel objectif ?

L’implantation de méteil peut revêtir différents objectifs.

Des objectifs différents selon les régions.

Les éleveurs bretons cherchent à produire de la protéine et de la fibre, avec un objectif de rendement de 10 à 12 tonnes de matière sèche par hectare. Les éleveurs drômois dans un contexte où la culture du maïs n’est pas toujours possible, implantent des méteils pour produire de la matière sèche et des UF. En Dombes, alors que la culture du maïs ne pose pas de problème et donc que les UF ne sont pas limitants, l’intérêt est de produire de la protéine et de la fibre. Les éleveurs du groupe se sont fixé un objectif de 8 tonnes de matière sèche par hectare. Utiliser ce type de méteil dans une ration de vache laitière nécessite de concentrer l’énergie en complément. L’ensilage de maïs plante entière peut être remplacé par du maïs grain humide ou du maïs épi ou coupé sous l’épi.

Autonomie protéique, agronomie et santé

Au-delà de l’objectif d’améliorer l’autonomie protéique, les éleveurs qui ont réalisé ces essais évoquent des intérêts au niveau agronomique pour leurs sols, et au niveau de la santé de leurs animaux. Au niveau agronomique, la féverole fait l’effet d’un pseudo labour. Les méteils n’épuisent pas le sol comme les ray-grass. Un éleveur de Dombes rapporte l’intérêt qu’il a trouvé à l’implantation de méteils, déjà rien que comme engrais vert et pour le travail du sol. Au niveau de la santé animale, la ration est sécurisée avec une diminution du risque d’acidose, et les chaleurs des vaches sont plus visibles.

 

 

Différents types de méteils

On distingue les mélanges d’été ou « petits méteils » pour leur cycle court, des mélanges d’hiver ou « grands méteils » pour leur cycle plus long.

 

Les mélanges d’été ou « petits méteils »

Un premier essai mené en Dombes a donné les résultats suivants. Le mélange de trèfles et vesces semé au 5 août 2014 a donné 3,6 tonnes de matière sèche à 22% de Matière Azotée Totale (MAT). Incorporé dans la ration des vaches laitières, avec du maïs épi et 1kg de correcteur, il a permis de tenir une moyenne de 29kg de lait par vache au cours de l’hiver.

 

L’inconvénient de ce type de mélange réside dans son coût d’implantation par rapport à la possibilité de récolte. Les éleveurs de Dombes ont donc décidé de réaliser une négociation groupée de semences, avec un engagement de surfaces, pour abaisser par le volume le prix à l’hectare des semences. Ils sont partis pour semer 200ha d’un mélange de trèfles et vesces sur l’été 2015. L’implantation d’un même mélange permettra aussi de comparer plus facilement les essais.

 

Les mélanges d’hiver ou « grands méteils »

Des méteils d’hiver ont été implantés en sursemis, avec une céréale qui sert de tuteur et un mélange de légumineuses, à raison de 150 à 160kg par hectare. Par rapport au stade et à l’effet tuteur, c’est l’avoine qui semble être la céréale la mieux adaptée au contexte de la Dombes. Les éleveurs de Dombes ont aussi réalisé un appel d’offre sur ces mélanges, en fixant les variétés de légumineuses souhaitées, et 200ha de ce type de mélange sont aussi engagés pour la campagne 2015.

Suite aux résultats des premiers essais, les éleveurs investis ont décidé de tous rouler après le semis, ce qui n’avait pas été fait en 2014 et avait provoqué des problèmes de levée. Ils ont décidé de mener différents tests de fumure, ce que la grande surface engagée va leur permettre. Pour ce qui est des résultats 2014, les méteils comprenant de grandes quantités de céréales (100 à 120kg/ha) ont donné des résultats à l’analyse autour de 13 à 15% de MAT, ce qui ne correspond pas à l’objectif local. Les méteils avec seulement 20 à 40kg de céréale par hectare ont titré 19 à 22% de MAT, avec 0,7 UF (ce ne sont pas les UF qui sont recherchées) et 140 PDI. Semés autour du 5-10 octobre 2014, ils ont été récoltés autour du 10 mai 2015, avec un rendement d’environ 5 tonnes de matière sèche par hectare. Restés au sol deux jours, leur taux de matière sèche est de 40%, rendant l’emploi de conservateur obligatoire.

 

Deux parcelles étaient atteintes d’anthracnose, une maladie qui apparaît comme une brulure de cigarette. Elle fait baisser le rendement en faisant couler certaines fleurs et donc en limitant le nombre de gousses, et en faisant griller les feuilles basses. Ces parcelles n’auraient pas pu être conduites en grain.

 

 

Cécile Pandrot et Camille Olier, Conseil Elevage 01/71

 

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