Ensilage Herbe : viser la triple performance

L’ensilage d’herbe est un moyen d’alléger la facture alimentaire. Mais sans qualité, pas d’économie possible. Il faut donc privilégier la qualité plutôt que la quantité.

Les valeurs nutritives de l’ensilage d’herbe peuvent être très variables. Elles oscillent entre 0.65 et 0.98 UFL, 60 à 130 g de PDIN et 60 à 95 g de PDIE par kg de MS. D’une façon générale, c’est souvent un fourrage moins énergétique mais plus riche en matière azotée que le maïs. Dans la ration des laitières, l’ensilage d’herbe est intéressant s’il permet de réduire l’apport de correcteur azoté sans rajouter de concentré de production pour pallier une moindre valeur énergétique.

 

 

Récolter tôt

Dans la pratique, la date d’ensilage est un compromis entre rendement, qualité, météo et organisation du chantier. Pour faire un ensilage de valeur alimentaire élevée, il faut ensiler tôt. Mais plus la récolte est précoce, moins le rendement est élevé. La fertilisation azotée est importante pour atteindre ces objectifs : quantité à raisonner en fonction des espèces, date d’apport au moins 45 jours (350°) avant récolte.

 

 

L’optimum est de récolter la graminée au stade épis 10 cm. Ce stade donne le jour de départ  théorique des chantiers qui devront être réalisés sous  15 jours.  Dans cette période on distinguera trois types d’ensilage d’herbe : ensilage laitier pour augmenter le potentiel lait des rations, ensilage équilibré pour combiner rendement et production modérée et ensilage fibreux pour assurer  les stocks.

Au-delà des 15 jours, les valeurs nutritionnelles de l’ensilage d’herbe sont dégradées. Les ensilages récoltés à plus de 800° ne sont pas adaptés à l’alimentation des vaches laitières. Au printemps 2017, les ensilages  « laitiers » représentaient 20% des analyses, les « équilibrés » 45%, les « fibreux » 20%. 15% ensilages analysés étaient à un stade trop avancé.

 

Viser entre 35 et 40% de matière sèche

La valeur de l’ensilage passe également par une bonne conservation. Le taux de matière sèche joue un rôle important car il permet de limiter la perte des jus et le développement des spores butyriques. L’idéal est de réaliser un ensilage d’herbe entre 35 et 40% de MS, au-delà de 40%, il faudra tasser le silo avec soin. En dessous de 25% de MS, l’utilisation d’un conservateur permettra de limiter les pertes, mais la chute d’ingestion sera inévitable.

 

 

Expérimentations Haute-Loire et  Rhône Conseil Elevage

Exposer rapidement  après la fauche le maximum d’herbe au soleil

L’objectif des deux essais, réalisés en 2016 et 2017, était de savoir en combien de temps et avec quel type de fauche, on pouvait obtenir 35% de MS.

Les deux expérimentations remettent en cause l’utilisation classique de nos conditionneuses. L’important est de réaliser un andain large pour permettre à la plante de perdre son humidité rapidement. Ce sont les stomates, pores des feuilles, par où circulent le gaz carbonique, l’oxygène et l’humidité qui garantissent ce phénomène. Cette évapotranspiration est d’autant plus rapide et efficace quand les stomates sont ouverts, exposés au soleil. Les plantes au cœur de l’andain ne profitent pas de ces conditions de séchage.

 

A l’air les stomates

 Les modalités 2 et 3 permettent une pleine activité des stomates. Par contre, le temps de préfanage doit être de 48 h si on veut atteindre les 35% de MS. La modalité 1, conditionneuse andain serré, n’aboutit pas à l’objectif malgré des conditions météo favorables. C’est encore plus vrai avec une fauche plus rase et des rendements plus importants où l’écart avec la fauche à plat est de l’ordre de 10 points de MS. L’andainage doit être le plus tardif possible, avec un matériel permettant de limiter les remontées de pierres.

Les valeurs nutritives (UFL, MAT) ont été réalisées à j0, j+1 et j+2, elles ne montrent pas de différences significatives. Quand le séchage est rapide on ne perd pas de valeur alimentaire. Au-delà de 72 heures au sol la qualité diminue.

 

Amener de la fibre avec l’ensilage d’herbe

Si la triple performance est au rendez-vous : avec  un ensilage d’herbe en quantité suffisante soit 7 à 8 kg MS par vache par jour, une bonne valeur nutritive à 0.90 UFL et un taux de MS de 40% MS, ce fourrage assure des stocks, de l’énergie cellulose et des fibres longues… Ainsi, en ration mélangée, on  peut réduire voire abandonner le foin.

 

 

Julien GACON et Mickaël COQUARD, Rhône Conseil Elevage

 

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