Enrubannage en élevage caprin : pourquoi pas ?

Aller chercher de l’herbe plus tôt que les foins pour obtenir des fourrages de qualité : Cette technique de récolte permet d’avoir une meilleure souplesse pour l’exploitation des fourrages, notamment dans la gestion des chantiers de récolte et l’organisation du travail.

 

 

Une technique de conservation des fourrages plein d’atouts

Une des difficultés principale des systèmes fourragers à base d’herbe est la maîtrise de la pousse de l’herbe. En effet au printemps il y a excédent d’herbe qui ne peut être récolté en foin (mauvaises conditions climatiques), d’où la pratique de l’enrubannage.

Cette technique sécurise la conservation et la qualité du fourrage tout en apportant une souplesse de chantier inégalable. C’est aussi une possibilité de sauver les parcelles qui ne pourraient pas être récoltées en foin en cas d’intempéries.

Pour avoir un maximum de temps de séchage, préférez faucher le matin après la rosée, d’une hauteur de minimum 7cm ce qui permet d’éviter les souillures avec la terre.

La teneur en matière sèche doit se situer entre 50 et 60%. Au-delà, les risques de butyriques augmentent et les balles auront du mal à se tenir. Au-dessus de 65%, les tiges devenues plus dures risquent de percer les films protecteurs (en particulier avec la luzerne). Les risques de moisissures sont alors plus importants du fait d’un défaut d’étanchéité.

Faucher de préférence avant épiaison permet d’avoir un enrubannage de qualité.

Un stockage soigneux pour un enrubannage de qualité

Les balles doivent être stockées sur une surface plane, propre, à l’abri des rongeurs et des oiseaux (qui peuvent percer les bâches). Il est conseillé de laisser un espace entre les balles pour éviter qu’elles ne se collent et que le film ne se déchire. Si vous voulez stocker vos balles sur plusieurs hauteurs, il faut qu’elles soient denses et que leur teneur en matière sèche soit supérieur à 40%. L’enrubannage est à manipuler le moins possible et avec des équipements adaptés pour minimiser les risques de déchirures.

Conseil pratique : individualiser et identifier les lots de balles permet de distribuer l’enrubannage en fonction du stade physiologique des chèvres.

L’utilisation de conservateur pour limiter les pertes de valeurs nutritionnelles

Les conservateurs orientent et boostent les fermentations naturelles des bactéries et des microorganismes présents sur le fourrage. Ils limitent les pertes de valeurs et éliminent les indésirables (butyrique, clostridium, moisissures,…).

Ces produits sont à utiliser en cas de fourrages trop humides (<50% de MS à la récolte). On peut citer les deux principaux, faisant partie des acides organiques. L’acide propionique a des propriétés antimicrobiennes et élimine champignons et moisissures. L’acide formique va acidifier et inhiber les fermentations indésirables.

 

Distribuer de l’enrubannage aux chèvres, c’est possible !

Compte tenu de leurs bonnes valeurs alimentaires, quelques précautions sont tout mêmes à respecter. Pour commencer à distribuer votre enrubannage, il est important d’attendre 3 semaines de conservation.

L’introduction de l’enrubannage doit se faire avec une transition de 2-3 semaines minimum. Le rationnement de l’enrubannage en caprin nécessite d’apporter un fourrage plus fibreux (foin, paille) qui a pour objectif d’assurer la rumination. Les quantités de matières sèches d’enrubannées distribuées par chèvres doivent se limiter à 1.3 kg/j. Au-delà de 1kg de MS il est conseillé de le distribuer en deux repas afin d’éviter les troubles métaboliques.

Pour éviter les problèmes de conservation et d’appétence, l’enrubannage doit être compris entre 50 et 60% de MS. Dans le cas où l’on observe des moisissures, il est impératif de les retirer pour limiter les risques sanitaires (listéria et butyrique).

Il faut prévoir une analyse fourrage pour connaitre la MS et les valeurs nutritives afin d’ajuster au mieux les niveaux de concentrés.

L’enrubannage est un fourrage très appétent, les chèvres font peu ou pas de refus. 

Une fois entamée, la botte est à distribuer en 2 à 3 jours maximum afin d’éviter la montée en température du fourrage.

 

L’enrubannage un atout économique

Coût de l’enrubannage :

 

L’enrubannage présente un surcoût par rapport à une récolte en foin, mais il permet de valoriser des fourrages précoces et les valeurs alimentaires sont bien supérieures.

 

Aude Pasquet, Adice Conseil Elevage et Séverine Fontagneres, Rhône Conseil Elevage

 

 

 

« Olivier VERNAY, Trèves (69)

Laitier, 360 chèvres Saanen 1059 kg de lait 37,4 TB 32,8 TP  

 

 

Pourquoi utilisez-vous l'enrubannage ?

Je fais de l’enrubannage afin de valoriser au mieux les 1ères coupes.

Je n’ai pas de séchage en grange et la valeur des fourrages en enrubanné est bien plus élevée qu’un foin de 1ère coupe classique.

En moyenne, la valeur de mes enrubannages trèfle violet/ Ray-grass italien avoisine les 17% MAT et les chèvres le mangent très bien. J’en distribue 1,7 Kg brut /chèvre/jour, le but étant de faire des économies de correcteur azoté et de minimiser la quantité de refus.

La conservation en bottes est plus facile à gérer qu’un ensilage,  je n’ai pas de problème d’avancement de front d’attaque qui chauffe en période estivale.

 

Quels en sont les limites ou problèmes rencontré?

Il y a un impact financier à utiliser de l’enrubannage : le coût de l’enrubannage est de 13 euros la botte en le faisant faire par l’entreprise, c’est-à-dire le double d’un foin.  

Il y a aussi  un risque  sanitaire non-négligeable pour les chèvres par rapport au foin : j’ai eu un souci de listéria qui a provoqué des mortalités sur mon troupeau. Je fais donc très attention lors de la distribution à bien trier les moisissures.

La distribution est plus fastidieuse car l’enrubannage est plus lourd et il peut être difficile de défaire les bottes, surtout si elles font moins de 40% de MS.


Selon vous, quelles pratiques adopter pour réaliser un enrubannage de qualité ?

Il faut faucher au bon stade avec au minimum 3 jours de beau temps et des températures clémentes.

Un  bon préfannage permet d’améliorer le taux de MS. J’utilise un round baller avec des couteaux pour avoir des brins plus courts, cela me permet de distribuer plus facilement, car je distribue manuellement.  L’idéal est d’utiliser une presse-enrubanneuse, il n’y a pas de perte de temps entre les deux opérations.

 

Propos recueillis par Séverine Fontagneres, Rhône Conseil Elevage

 

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