Elever ses génisses avec le MILK BAR

Dans l’élevage des génisses, le bon déroulement de la phase lactée est primordial. Plusieurs méthodes d’allaitement sont possibles : seau avec ou sans tétine, biberon, DAL…..Mais  depuis quelques années certains éleveurs font le choix d’un autre outil : le MILK BAR . Comment fonctionne-t-il? Comment l’utiliser ?

 

 

Une tétine innovante

Le principe fondamental du milk bar repose sur la conception de la tétine. Elle possède un clapet à l’intérieur qui assure un débit lent et constant, provocant une salivation importante et efficace. Le débit moyen est de 1 L /3 mn au début, il augmente en fonction de l’usure de la tétine

Quand les veaux boivent trop rapidement ou la tête en bas, la gouttière œsophagienne se ferme mal. Le lait passe par le rumen où il aigrit et fermente en l’absence d’enzymes ce qui provoquent des troubles digestifs. Grace à l’ergonomie de la tétine milk bar, le veau boit lentement le cou tendu comme s’il tétait sa mère. Il n’y a plus de problème de fermeture de la gouttière œsophagienne.

De plus la tétine par sa forme, augmente la succion du veau, il produit d’avantage de salive qui est indispensable à la coagulation du lait dans la caillette. Il n’y a plus de lait cru qui pénètre dans l’intestin, évitant ainsi la principale cause des diarrhées alimentaires.

Ayant salivé suffisamment le veau n’éprouve pas le besoin de sucer ce qui l’entour. Les risques de veaux qui se tètent entre eux sont réduits

 

Conseils d’utilisation

Il est recommandé de positionner le milk bar  à 60-70cm du sol. Mais cette position rend contraignante le remplissage du bac puisqu’il faut lever les seaux.

Le milk bar est facile à mettre en place grâce à ses crochets de fixation à cran. Il se pose sur des barrières ou des rails d’une épaisseur allant de 2mm jusqu’à 75mm. Cependant quand les veaux grossissent, ils arrivent à décrocher le bac lorsqu’il est vide en donnant des coups de tête.

Il existe une astuce  pour que le biberon ne se décroche pas. Si le box possède un cornadis il faut passer les attaches rouges du bac entre le tube qui bloque les cornadis et le tube du dessous. Ainsi les veaux ne peuvent plus renverser le bac.

 

Le lavage du bac est très facile, il n’y a pas d’angles aigus, de rainures ou de vices où il peut rester du lait. Cependant il faut insister sur le lavage des tétines où le lait à tendance à rester et bien faire égoutter les biberons.

 

Un temps de buvée cinq fois plus long au Milk Bar

Une expérimentation a été menée à la ferme expérimental des Trinotières durant les hivers 2013/2014 et 2014/2015, pour comparer buvé au seau et au milk bar. David Plouzin en charge de l’essai note : « Le temps de buvée moyen est de 1,50 mn au seau contre 10,20 mn au Milk Bar. Le faible débit de la tétine entraîne un temps de buvée plus long ainsi qu’une salivation plus importante. » et il conclut «  Dans les deux lots, l’objectif de 200-210 kg à 6 mois est atteint. Le choix du mode de buvée se fera donc selon l’élevage, la race, le logement de façon à limiter les problèmes sanitaires, réduire les succions entre veaux et travailler efficacement. » 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gaec les Perrins, Saint Geoire en Valdaine, 38

Gaec composé de 2 associés, 80 vaches montbéliarde. Les vêlages sont répartit toute l’année avec un petit pic en été.

Pourquoi avoir choisit le milk bar ?

Il y a quelques années, j’ai eu beaucoup de vêlages sur une courte période, apprendre à boire aux veaux dans un seau me prenait trop de temps. J’ai donc cherché une solution pour l’allaitement plus efficace. Cela fait maintenant quatre ans que j’utilise le milk bar. Il me faut moins de vingt minutes pour soigner un lot de 12 veaux, lavage compris. En plus du gain de temps le milk bar permet de donner du lait chaud puisque le volume important distribué limite la perte de chaleur.

 

Comment organisez-vous la buvée des veaux ?

Dans un premier temps, il faut constituer un lot homogène. Les veaux ne doivent pas avoir plus de 15 jours d’écart sinon il y a trop de concurrence entre les individus. Ensuite, je numérote les biberons pour ne pas les mélanger, ainsi je peux appliquer le principe un veau une tétine. Lorsque je démarre un lot je mets des tétines neuves sur le biberon et je les change quand les veaux sont sevrés (entre 10 à 12 semaines). Les tétines ne doivent pas resservir.

Pour habituer les veaux à boire au biberon, je commence avec le milk bar individuel. Après 3 repas, ils passent au milk bar collectif. Je distribue du lait reconstitué (en poudre) mais l’on peut également utiliser du lait entier avec le milk bar.

Ce système demande différents types de biberons, ce qui génère un investissement au départ (environ 667€ pour2 biberons de 2 tétines et 3 biberons de 6 tétines), mais le matériel est solide. Mes biberons ont 4 ans et ne présentent aucun signe d’usure.

 

Quels conseils pouvez-vous donner aux futurs utilisateurs ?

Le plus important est de conserver un temps de surveillance. En effet on ne peut pas savoir si le veau consomme une quantité suffisante de lait. Parfois ils restent devant le biberon sans boire, c’est pourquoi il est important de ne pas partir dès que le milk bar est en place. En générale je reste un moment derrière pour vérifier si tout va bien. Ce temps d’observation permet de détecter les problèmes sanitaires, notamment les diarrhées. Même si le milk bar permet de réduire les diarrhées alimentaires, il n’a aucune action sur les diarrhées d’origine environnementale. La dernière observation que j’ai pu faire porte sur le comportement plus craintif des animaux. En effet les veaux n’ont plus l’habitude d’être pris au cornadis, ils sont donc plus vif lorsqu’on veut les attraper.

 

Mathilde VIAL, Isère Conseil Elevage

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