Désaisonnement : comment maitriser la reproduction caprine en contre-saison ?

En Saône et Loire, une vingtaine d’élevages désaisonnent une partie ou la totalité de leur cheptel caprin. Laitiers et fromagers ont des stratégies transversales : meilleure valorisation du lait, et meilleure organisation du travail...

 

Simuler les jours décroissants pour des chaleurs en contre-saison

La reproduction chez les caprins est saisonnée, la période d’activité sexuelle se situe en période de jours décroissants. L’obtention de lait toute l’année suppose de trouver des solutions. Le traitement de synchronisation induit un cycle unique sans retours de chaleurs. Le traitement lumineux, en simulant des "jours longs" suivis de "jours courts", permet d’induire une série de cycles sexuels comme en saison.


Simuler les jours longs

L’installation de néons, uniformément répartis au-dessus de l’aire paillée (éviter les zones d’ombre) à 2,5 – 3m au-dessus des chèvres, doit répondre à l’objectif d’une intensité lumineuse de 200 lux au niveau des yeux, correspondant 3 à 5 watts/m². Ils doivent être nettoyés annuellement. Des flashs lumineux sont réalisés sur une période de 2,5 à 3 mois consécutifs à deux moments clés : le premier pour simuler l’aube et le second 16 h après l’aube, période photosensible de la chèvre. Ainsi l’éclairement suffit avec des flashs de 6h à 9h et de 22h à 24h. Attention à ne pas éclairer plus de 5 mois consécutifs au risque de provoquer un état réfractaire.


Puis simuler les jours courts

La mélatonine est une hormone sécrétée naturellement par la chèvre pendant la nuit. Ainsi, pendant les jours décroissants d’automne, la production de cette hormone sera de plus en plus élevée. C’est ce que l’on reproduit avec l’implant de mélatonine.
Si l’arrêt des flashs lumineux a lieu après le 15 mars on doit poser 1 implant de mélatonine par chèvre et par chevrette (50 jours avant la mise à la reproduction) et 3 implants par bouc (60 jours avant les saillies).
Avant le 15 mars, il n’est pas nécessaire d’implanter, on profite alors des jours courts naturels. Attention dans ce cas à ne pas éclairer le bâtiment trop tôt le matin et tard le soir (ex : la traite, l’alimentation…), cela reproduirait involontairement les jours longs.

Charline PIERREFEU, Coop’Evolia - 71 Conseil Elevage - Chambre d’Agriculture 71

 

 


« Michel Lazcano, responsable de l'exploitation caprine du lycée de Davayé, Saône et Loire

185 chèvres alpines, 35 % d’IA, 2 lots de mises-bas (février – septembre), 100 % transformé à la ferme, vente directe/indirecte toute l’année, tout en lissant la charge de travail.  


Développer l’activité grâce au désaisonnement

Au début des années 90, l’idée de développer l’activité caprine a pu se faire grâce au désaisonnement provoquant un véritable bond au niveau de la commercialisation. Avec une production d’hiver, des portes se sont ouvertes nous permettant d’intégrer le GIE Capriferm et d’intéresser des affineurs. La clientèle est régulière toute l’année.


Des atouts dans l’organisation du travail et pour la valorisation du litre de lait

Aujourd’hui, tout le fonctionnement de l’exploitation est lié : le désaisonnement permet d’étaler la production, notamment au printemps où il est intéressant d’écrêter le pic de production. Cela permet de soulager le travail en fromagerie, qui est dimensionnée pour fonctionner avec 2 lots (d’un point de vue matériel, surface et main d’œuvre). Même s’il n’y a pas d’arrêt complet de la production, on ressent 2 périodes creuses (4 mois de tarissement avec les 2 lots) où il est possible de prendre des congés.
Nos prix de vente sont plus élevés en automne-hiver avec les clients indirects, couplés à des rendements plus hauts.


Une conduite plus technique

Gérer 2 lots de chèvres à des stades physiologiques différents nous demande d’être rigoureux et technique. Nous enregistrons bien chaque étape et le protocole est bien calé d’année en année.
Il est plus compliqué de gérer les boucs. Il faut les enlever et les réintroduire au bon moment pour réaliser l’effet bouc sur chaque lot. Leur préparation doit être soignée et planifiée, notamment le traitement lumineux.
On réalise des échographies de constat de gestation avant le tarissement et on bascule les chèvres vides d’un lot à l’autre via des lactations longues.»

Propos recueillis par Charline PIERREFEU

 

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