Faire pâturer des vaches est conciliable avec le maintien de hauts niveaux de production, à condition de maintenir une part conséquente de ration au bâtiment (au moins la moitié) et d’offrir un herbe de qualité irréprochable à ces animaux à forts besoins.
L’herbe pâturée de bonne qualité, c’est-à-dire jeune et maintenue feuillue, possède des valeurs alimentaires équivalentes à une ration mélangée à base d’ensilage soit 0.90 à 0.95 UFL/kgMS et de 15 à plus de 20% de MAT. Cette herbe sera appétente et facilement consommée par les vaches à condition qu’elle ne soit ni trop courte, ni trop longue, soit au niveau du bas du mollet à l’entrée des animaux dans la prairie. On n’hésitera pas à faucher les restes après le passage des animaux pour ne pas pénaliser l’ingestion en fin de parcelle et permettre une repousse d’excellente qualité.
Bien valoriser le pâturage avec le robot ne s’improvise pas
Le passage d’un troupeau à haut niveau de production à la traite robotisée impose un enjeu supplémentaire pour la gestion du pâturage qui sera d’autant plus important que les stalles seront saturées. Pourtant, le pâturage fait du bien aux animaux en soulageant les boiteries d’origine infectieuse, en leur procurant une cure de vitamines à moindre coût et en favorisant l’expression des chaleurs et le comportement naturel des animaux. Le pâturage fait aussi du bien à l’image des filières laitières, au porte-monnaie grâce à l’abaissement du coût d’alimentation et de mécanisation et à l’éleveur qui apprécie de voir ses animaux au parc. Pâturer efficacement avec le robot est un défi que certains éleveurs relèvent en mettant en place des systèmes de circulation bien pensés et adaptés à leur bâtiment, leur parcellaire et au niveau de saturation des stalles.
Au GAEC le Salève en Haute-Savoie, les 95 montbéliardes à 10 500 kg pâturent avec une traite robotisée
L’exploitation est située à 700m d’altitude à proximité de Genève. L’installation de 2 robots Lely il y a trois ans n’a pas empêché les éleveurs de continuer à faire pâturer leurs vaches. Ce qui les motive est le bien-être des animaux, l’économie réalisée sur le consommation de fourrages conservés et la possibilité d’abaisser la pression microbienne du bâtiment.
L’organisation est bien rodée :
- Le matin à 7h, les vaches à traire (observation visuelle des mamelles) sont levées des logettes et bloquées dans les couloirs devant chaque robot.
- Les vaches déjà traites sont menées dans un premier parc qui sera fermé.
- Les vaches restées au bâtiment sortent au compte-goutte en sortie des robots vers un deuxième parc.
- Toutes les vaches sont alors dehors vers 8h30-9h. Le deuxième parc est fermé.
- Vers 10h30, les premières vaches sorties sont ramenées au bâtiment.
- Vers midi, les vaches du deuxième parc sont ramenées.
La ration mélangée, constituée de 18kg d’ensilage de maïs, 4kg de foin de séchage et de 3,75kg d’un concentré à la carte, est distribuée le soir à 17h est sera repoussée le matin uniquement au retour des animaux du parc. Au moment de sortir pâturer, les vaches ont donc faim et sont donc très motivées à brouter l’herbe de bonne qualité des prairies naturelle et multi-espèces proches du bâtiment. Du foin de séchage est distribué l’après-midi si elles ont encore faim. Au robot, la complémentation est constituée d’un concentré de production du commerce.
Cette année, la mise à l’herbe a été effectuée le 31/03 et permet depuis de valoriser environ 1/3 de la ration, avec une très légère baisse de lait. Le nombre de traites à 2,5-2,6 a baissé en moyenne de 0,2 par rapport à l’hiver. Au contrôle de mai, les résultats sont au rendez-vous : les vaches affichaient une moyenne à 33,8kg de lait à 38,9 g/kg de TB et 33,7g/kg de TP pour un mois moyen à 7,8.
Jean-Christophe Michaud, coopérative Eleveurs des Savoie pour le groupe Robot de la FIDOCL