De l’eau de qualité pour la flore …. Du rumen !

Le rumen et les autres pré-estomacs des ruminants renferment une quantité impressionnante de micro-organismes. Les bactéries sont les plus nombreuses, viennent ensuite les protozoaires et les champignons. Le bon fonctionnement de la flore du rumen réside notamment dans le bon abreuvement des animaux.

 

 

Flore du rumen, un milieu riche, fragile et évolutif

Aujourd’hui les techniques génomiques permettent d’identifier plus précisément les espèces présentes, et de mieux appréhender leur métabolisme complexe. Une même espèce de bactérie peut parfois effectuer des fermentations différentes selon la façon dont la vache est alimentée.... Des travaux récents ont montré que la flore du rumen est extrêmement différente d’un animal à l’autre au sein d’un même troupeau, mais également, qu’elle évolue au cours de sa vie. Par exemple entre le début et la fin de la lactation.

A la naissance le jeune animal nait avec un tube digestif quasiment stérile, et c’est le contact étroit avec la mère qui permet à la flore de coloniser le tube digestif. La salive de la vache est riche en bactéries qu’elle transmet au veau en le léchant...On comprend dès lors l’importance capitale de l’hygiène de la case de mise bas. Divers pathogènes sont présents et tentent également de coloniser le tube digestif. L’utilisation de levures vivantes dans l’alimentation du jeune veau peut favoriser la maturation du rumen tant au niveau de la flore, que des papilles. Cela prépare l’animal au sevrage et à sa vie productive... 

 

Un apport insuffisant en eau perturbe l’assimilation des nutriments

 

Une diminution de l’apport en eau limite la quantité de matière sèche ingérée, perturbe fortement la rumination par un brassage du contenu digestif moins efficace et réduit l’activité des micro-organismes. Les bolus enregistreurs intra ruminaux (Smaxtec) donnent des informations précieuses sur la prise d’eau. Ils révèlent une grande variation de la prise d’eau au sein des troupeaux. Par exemple 50 % des vaches environ ne boivent pas au vêlage. De même de nombreux animaux dominés consomment moins d’eau et réduisent leur ingestion et leur production. Les bovins apprécient les abreuvoirs larges permettant de voir l’eau, et ce qu’il y a autour. Attention enfin au débit. S’il est insuffisant l’animal réduit sa consommation et ne fréquentera pas davantage l’abreuvoir. Il va de soi que le nombre d’abreuvoirs, leur propreté, leur localisation ont une très grande importance... Notons que la vache n’est que moyennement motivée pour marcher sur une longue distance (>100 m...) pour s’abreuver. Il est illusoire d’espérer attirer les vaches vers le robot en les privant d’eau au parc... Enfin, un apport insuffisant d’eau perturbe l’assimilation des nutriments dans l’intestin...L’absorption d’éléments indésirables (toxines...) est favorisée, on parle alors du « syndrome de l’intestin poreux » délétère en termes d’immunité.

 

 

 

La qualité de l’eau aussi

Un essai réalisé au Canada a démontré que des bovins réduisent leur prise d’eau de 30 % environ si elle contient seulement 0.05 mg de bouse / litre (ce qui est absolument invisible à détecter à l’œil nu, l’eau semblant parfaitement limpide...). Les bovins ont un odorat bien plus puissant que celui de l’homme. Rappelons enfin que dès que l’on manipule des animaux, on doit observer des émissions d’urine abondantes, nombreuses et de couleur claire. Un jet d’urine peut abondant doit amener à s’interroger sur l’abreuvement... Conclusion : surveiller régulièrement la propreté des abreuvoirs et les nettoyer !

 

Il est aussi vivement conseillé d’apporter de l’eau aux jeunes veaux dès le plus jeune âge...La seule distribution de lait dans les niches n’apporte pas suffisamment d’eau, et le fonctionnement du rumen est perturbé. L’apport d’eau n’est pas favorable aux diarrhées contrairement aux idées reçues, bien au contraire...

 

Bruno Martin (Lallemand Animal Nutrition) & le groupe nutrition FIDOCL

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