GAEC des Prés, 2 associés (Olivier Jacoud et Cyrille Juban), St Denis sur Coise (42), Monts du lyonnais, 90 ha, 75 montbéliardes à 8600 kg

Dans cette zone réputée intensive Ray-grass/maïs, qu’est-ce qui vous a poussé à travailler sur l’autonomie en protéines ?

Lorsque nous avons pris la décision de regrouper nos structures en janvier 2016, l’objectif premier était de ne pas agrandir le bâtiment, quitte à ne pas faire la référence. En restant dans la même conduite, notre bilan fourrager serait à terme excédentaire. Avec le regroupement des deux structures, on se trouvait avec deux blocs. Celui destiné aux vaches laitières, n’est pas très propice à augmenter le pâturage que l’on valorise déjà 245j/an. De fait, on a décidé de recomposer nos mélanges de prairies (50% de trèfles), et d’allonger la durée d’implantation (2 à 3 ans). Nous avons aussi débuté la culture de protéagineux… 

Quelles difficultés avez-vous rencontrées sur les cultures ?

Au début, nous avons mal maîtrisé les désherbages et récolté trop tardivement le soja (15 octobre). La deuxième année les résultats étaient plutôt satisfaisants malgré la grêle. Cette année, nous avons eu quelques difficultés sur le désherbage du soja. Petit à petit, nous acquérons des compétences. La féverole est une plante très sensible aux aléas climatiques (gel, pluie excessive).

Aujourd’hui nous travaillons avec les espèces les plus résilientes aux aléas climatiques, c’est pour cela que nous avons décidé d’arrêter la féverole. Le lupin et le pois, cultures d’automne se conduisent comme une céréale, avec un point de contrôle autour du salissement. Pour le pois, il faut bien organiser la rotation (anthracnose) et être vigilant sur les attaques de puceron.

Et d’un point de vue zootechnique ?

Depuis 2019, nous toastons les graines préalablement triées.

Pendant l’hiver 2019, nous avons remplacé les 600g du mélange blé/orge et les 600g du correcteur azoté (44% de MAT) par 1.5 kg de méteil (40% pois, 40% de lupin et 20% de soja toasté). La production de lait et la qualité étaient identiques.

Aujourd’hui, on utilise le méteil riche en matière grasse quand la ration est plus déficitaire en énergie (été 2020 pour faire face à la canicule, cet hiver pour compenser la qualité des maïs).

Qu’avez-vous à ajouter ?

Aujourd’hui, il est important de souligner que ces cultures sont mal reconnues dans le programme de la PAC. Malgré le fait qu’elles sont bien autoconsommées par notre cheptel, elles ne sont pas comptabilisées dans notre surface fourragère de l’ICHN, c’est une incohérence notable. De plus, les aides directes à la culture sont moins conséquentes qu’un mélange luzernier par exemple.

L’objectif est de continuer à gagner en technicité sur la culture des protéagineux afin de mieux face aux aléas climatiques.

En 2020, en concertation avec notre conseiller, nous fais le choix de réaliser un diagnostic cap2R avec Loire Conseil Elevage afin de mesurer l’impact de nos pratiques.

Notre empreinte carbone (0.88 kg eq CO2/ L lait) est inférieure aux résultats traditionnels des monts du lyonnais. Certains points forts émergent : bonne valorisation de l’herbe, autonomie protéique intéressante, et quantité de concentré maîtrisée.

Nous avons fait des économies significatives sur la fertilisation (-50% d’achat d’azote total) grâce à l’implantation de toutes les prairies à base de légumineuses et aux cultures de protéagineux (précédent de céréales) dans l’assolement.

Il est important de travailler sur plusieurs leviers à la fois (composition prairies, plusieurs espèces de protéagineux) mais il faut souligner que le premier élément significatif pour gagner en autonomie protéique est de réduire la surface en ensilage maïs, régime très « gourmand » en azote…

Olivier Robert
Loire Conseil Elevage