Coût de production : optimiser tout ce qui peut l'être

Serge Couzon conduit une exploitation laitière avec son épouse dans les monts du Lyonnais (Loire). Il y a 4 ans, il sollicite son ECEL pour le calcul de ses coûts de production et participe à une journée d'échanges entre éleveurs. Une démarche qui a constitué un déclic pour lui, il nous livre son expérience.

EARL La Ferme Couzon,  à St Christo en Jarez

Côté technique, Serge et Virginie Couzon gèrent un troupeau de 40 Prim’holsteins à 8 650kg/VL à 40.5g/kg de TB et 34.2g/kg de TP pour un droit à produire de 300 000l. 20 000l sont transformés et valorisés en vente directe. Les 11 génisses, entrées dans le troupeau en 2015, ont vêlé à 25mois.

Pourquoi avoir choisi de travailler sur votre coût de production ?

« Il y a 4 ans, j’étais débordé et je souhaitais faire le point sur la cohérence de mon exploitation en terme de résultat dégagé par rapport au temps passé. Dominique Tisseur, conseiller Economie à Loire Conseil Elevage m’a calculé mon coût de production et l’analyse s’est faite en groupe. Cela m’a permis de faire le point sur ce qui était bien sur mon exploitation et les limites de mon système. En positif, mon coût de concentré était inférieur à la moyenne  48€ (moyenne Loire 2015 : 80€): j’avais déjà l’habitude de commander mon tourteau par semi. Je suis automne en concentré énergétique sur mon exploitation.
Par contre, mon bâtiment récent et mes investissements étaient lourds à cette époque et le sont toujours. Cette année-là, j’avais prévu de changer un tracteur pour des raisons fiscales. Mais après cette journée collective, j’ai préféré payer un peu plus de MSA que de m’endetter plus. C’était une très bonne décision. Pas de regret au vu du prix du lait cette année.

Quelles sont les pistes de travail que vous avez mis en place sur votre exploitation ?

J’ai fait encore plus attention à l’utilisation des intrants. Je pèse régulièrement ma boite de concentré, je vérifie la quantité de produit utilisé pour le lavage pour ne mettre que ce qu’il faut. Rien ne sert de gaspiller.
A l’affut de nouvelles techniques, je me suis engagé en MAEC. Je ne désherbe plus mes céréales depuis 4 ans et j’implantation des prairies dans les céréales en mars. C’est bien économiquement et environnementalement : moins d’intrants, moins d’érosion et moins de travail en aout.
Pour les maïs : j’utilise des 1/2 doses de désherbants depuis 4 ans et  cette année, j’essaye le désherbage mécanique.
J’optimise les primes : pour prétendre à l’aide légumineuse, j’ai semé des mélanges de prairies riches en légumineuses. Ce sera encore moins d’engrais azotés achetés et moins de tourteau utilisé pour équilibrer la ration.
Pour le pâturage, j’ai travaillé cette année sur la qualité et la quantité  d’herbe disponible. J’ai des paddocks de 1ha qui sont pâturés 2 à 3 jours. Une astuce : distribuer rapidement la ration le soir et un peu de foin le matin pour ne plus voir les vaches se coucher quand vous les lâcher !
J’essaye d’utiliser au mieux mes effluents d’élevage. J’ai une cuve souple et fumière couverte pour ne pas les diluer. Cette année, je n’ai pas fait de tas de fumier dehors.
Enfin, j’apporte une attention particulière pour produire du lait en quantité et de bonne qualité. 

Selon vous, comment pallier la volatilité des prix du lait ?

Je suis en train d’étudier une piste de valorisation pour améliorer mon coproduits viande : la vente de steaks hachés, à suivre. Il faut rester très cohérent sur l’adéquation produits/charges. Mon métier, choisi par passion, me plait mais il faut garder des exigences en terme de revenu et garder la tête sur les épaules : les investissements doivent être réfléchis.
Les regards extérieurs de Loire Conseil Elevage et du CER me permettent de prendre les bonnes décisions. »

Propos recueillis par Florence Fargier, Loire Conseil Elevage

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