Coût de production d’une chevrette

Renouveler ses chevrettes : oui, mais à quel prix ? En élevage caprin, le coût du renouvellement peut peser lourd et l’alimentation est le poste le plus onéreux… L’avenir du troupeau ce sont les chevrettes. Il est important d’investir dès cette première année de vie pour obtenir de bonnes primipares exprimant tout leur potentiel.

 

La phase lactée : la poudre de lait, l’élément essentiel

L’objectif de cette période est d’atteindre 17 kg au sevrage. Pour optimiser cette période, il faut faire attention à la mortalité, à l’ambiance des locaux et au rapport qualité prix de la poudre la poudre de lait. En effet, elle doit apporter suffisamment de protéine (23 %) et de matière grasse, pour reconstituer un lait à 3,5 %.

Ne pas hésiter à peser les chevrettes pour assurer une bonne homogénéité des lots et les sevrer au bon moment. Pendant cette période une chevrette va consommer 20 kg de poudre de lait et 7 kg d’aliment. Ce qui représente un cout moyen alimentaire de 42 € par chevrette.

 

Du sevrage à la saillie : optimiser votre foin

L’objectif est d’être à 35 kg à 7 mois. Pour atteindre ce résultat avec un coût raisonnable, il est important de distribuer un foin de bonne qualité afin de ne pas donner plus de 500 g de concentré. Constituer au moins 2 lots de chevrettes à 4 mois afin d’éviter la concurrence à l’auge.

Durant cette période une chevrette va ingérer 75 kg de concentré et140 kg de foin. Ce qui représente 43 € par chevrette.

 

De la saillie à la mise-bas : utiliser des aliments simples

L’objectif est d’assurer les besoins de gestation et de préparer la future lactation.

Durant cette période il est important de s’assurer que les chevrettes ont toute une place à l’auge et suffisamment de place, 40 cm à l’auge et 2 m² par chevrette. La réalisation des échographies permet de réformer rapidement les animaux vides, pensez ensuite à réadapter la ration. De plus, une mise-bas tardive induit des charges supplémentaires. L’objectif est de ne pas dépasser 13 mois avant la première mise-bas.

Les habitudes alimentaires se prennent précocement. On peut utiliser des aliments pour chèvres adultes pendant cette période, cela évite les transitions alimentaires trop brusques en fin de gestation. L’utilisation de matières premières (céréales, luzerne…) est également plus économique.

Une chevrette va ingérer durant cette période 90kg de concentré et 250 kg de foin. Ce qui représente 61 € par chevrette

 

Un investissement qui vaut le coup !

Nourrir une chevrette pendant un an coute en moyenne 146 €. A cela, il faut rajouter les frais d’élevage : la mortalité, frais vétérinaires, de reproduction, matériels, …

Une chevrette peut couter au total entre 220 € et 250 €. Alors oui le renouvellement est un réel investissement, il doit être raisonné au plus juste pour ne pas engendrer des coûts inutiles.

*Prix indicatif : poudre de lait 2 000 € /T, aliment 350 €/T.

 

Séverine Fontagnères, Rhone Conseil Elevage.

« GAEC du Marjon, à Soucieu en Jarrest (69)

Une attention particulière portée à l’élevage des jeunes.

Ce GAEC de 4 associés conduit 60 vaches laitières et 70 chèvres Alpines. La production est transformée.

 

Quelle importance donnez-vous au coût d’élevage de vos chevrettes ?

L’élevage des chevrettes a beaucoup d’importance. En effet, il s’agit de l’avenir du troupeau, l’avenir de l’exploitation. Elles sont génétiquement meilleures que leur mère et il est important qu’elles expriment leur potentiel génétique et cela passe déjà par une bonne croissance, nous donnons le meilleur pour nos chevrettes. Nous sommes attentifs au rapport qualité prix des aliments que nous donnons à nos animaux.

 

Comment faites-vous pour optimiser vos coûts de production ?

Tout commence à la naissance par l’apport du colostrum, c’est leur premier vaccin !

On achète une poudre de lait de qualité  ainsi qu’un aliment premier âge. Nous donnons par la suite un aliment composé de matière première à 21% de protéines, utilisé également pour nos vaches. Le meilleur foin est donné aux chevrettes afin de limiter la consommation des concentrés.

On réallote régulièrement nos chevrettes en 3 lots. Une pesée par mois est nécessaire, afin d’éviter la concurrence mais aussi de mieux les observer.

 

Pensez-vous encore avoir des marges de manœuvre pour améliorer la rentabilité de votre renouvellement ?

Oui, il y a toujours des points sur lesquels on peut s’améliorer. Notre coût alimentaire pour une chevrette est de 147 €.

Nous pensons l’améliorer en investissant dans un séchage en grange pour produire un foin de meilleure qualité et ainsi diminuer la quantité de concentrés distribués. De plus, l’achat de cornadis autobloquants permettrait d’individualiser la ration.

 

Propos recueillis par Séverine Fontagnères.

 

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