Coût de production de l’atelier lait : références Loire 2015-2016

Depuis 7 ans, Loire Conseil Elevage a inclus dans son offre de services le calcul du coût de production/1000l. Les assemblées de section de mars 2017 ont été l'occasion de présenter une synthèse des coûts de production calculés sur le département (exercices clos entre octobre 2015 et mars 2016). Des références récentes auxquelles se comparer selon son système.

 

Les exploitations laitières de la Loire ont été regroupées selon 5 systèmes :

  • Lait intensif (Ensilage Herbe et E. Maïs) en zone de montagne (type Monts du lyonnais)
  • Spécialisé lait (tout herbe et céréales) en zone de montagne
  • Lait et grandes cultures en plaine
  • Agriculture biologique
  • Elevages avec robot de traite

Selon le système, les résultats moyens présentés ci-dessous, sont établis à partir de l'étude de 15 à 75 cas.

Une productivité de la main d’œuvre qui augmente depuis 15 ans

Depuis 2002, la productivité du travail a augmenté régulièrement dans tous les systèmes. Les exploitations robotisées sont en moyenne de dimension supérieure aux autres, c’est le système qui présente la plus forte productivité du travail.  Reste à définir pour chaque exploitation, quelle est la limite litrage/UMO sans risque de perte d’efficacité économique.

 

En dehors du système bio, peu de différence au niveau du produit de l’atelier lait entre les systèmes

En lait conventionnel, peu de différence de prix du lait vendu entre les systèmes. Sur l’année 2015-16, l'amélioration de la qualité du lait en système robot engendre un prix du lait remonté au niveau des autres systèmes.  En système bio, le prix du lait payé  est resté stable entre 2015 et 2016, autour de 450€/1000l.
Au niveau du co-produit viande, peu de différence entre les systèmes non plus. En plaine, l’élevage de taurillons peut expliquer un co-produit viande un peu meilleur. En revanche, au sein d’un même système, les écarts entre exploitations sont importants (de 20€ à 100€/1000l). Suivant les fourrages et la place disponibles, des solutions peuvent être trouvées.

Les primes pèsent significativement dans les produits, surtout en système AB et en zone de montagne. L’optimisation des primes est à ne pas négliger (attention au chargement en zone de montagne par exemple).

Globalement, la perte de produit sur l’atelier lait est de 50 à 55€ /1000l par rapport à l’année précédente, expliquée par la baisse du prix de vente du lait.

 

Le poids des charges alimentaires dans les charges courantes

Les charges courantes peuvent être illustrées par « la pile de factures » à payer.  La charge d’alimentation des animaux est la charge courante  la plus élevée, elle tourne autour de 90€/1000l en moyenne sauf en système robotisé ou en bio où elle avoisine les 120€ /1000l en moyenne. C’est une charge qui a peu évolué ces dernières années mais qui présente des écarts conséquents d’une exploitation à une autre au sein d’un même système (x2,5 entre les cas les plus extrêmes). En bio, elle était plutôt autour de 90€/1000l en 2014 pour monter à 122€ un an plus tard, du fait de l’impact de la sécheresse et des achats plus importants.
Les charges liées aux surfaces sont un peu plus faibles en montagne du fait des céréales et de l’herbe, plus élevées en plaine avec l’impact de l’irrigation. C’est en bio qu’elles sont les plus faibles à cause du cahier des charges qui limite les intrants.
Pas de différence entre systèmes au niveau des frais d’élevage.

Les charges de mécanisation hors amortissements représentent les dépenses de gasoil, de la CUMA, de l’entrepreneur, de l’entretien du matériel. Les systèmes herbagers et bio étant moins intensifs à l’ha, elles sont plus élevées/1000l. On constate un effet positif d’un remembrement qui conduit à regrouper les parcelles autour du siège de l’exploitation et à limiter les heures de tracteur.
Les charges d’entretien du bâtiment (eau, électricité…) sont limitées.

Au final, tout comme les produits, les charges courantes ne sont pas très différentes d’un système à l’autre.

 

Le niveau d’amortissement : un repère pour se fixer un budget d’investissement possible

Les exploitations robotisées sont souvent des exploitations avec des investissements récents d’où le poids des amortissements. Dans le groupe bio constitué, plusieurs exploitations sont en système séchage en grange, générant des amortissements plus importants aussi. En moyenne, 100 à 120€/1000l d’amortissements constituent un niveau raisonnable mais là encore, il existe des disparités entre exploitations. Il paraît prudent de se fixer un budget d’investissement possible à partir du niveau actuel des amortissements en matériel et bâtiment. La charge globale de mécanisation (amortissements du matériel + entretien, CUMA…) ne devrait pas dépasser 125€/1000l en plaine et 130€/1000l en montagne.

Les charges supplétives constituent « la rémunération des moyens mis en œuvre pour produire ».  La rémunération incluse dans le coût de production est forfaitaire pour permettre les comparaisons, à hauteur de 1,5 SMIC/UMO.

Le coût de production global tourne autour de 550€ à 570€/1000l en système lait conventionnel et 690€/1000l en bio.

 

 

 

 

 

Des ratios de gestion à surveiller pour piloter sur le moyen terme

L’EBE/produit brut est un critère d’efficacité économique. On constate qu’il diminue comparativement à quelques années antérieures. Les systèmes herbagers et bio s’en sortent plutôt mieux, ce sont les systèmes les moins sensibles au prix du lait. L’EBE/UMO est faible, impacté directement par la perte de produit sur l’atelier lait. Il faudrait qu’il soit d’au moins 50k€ pour rémunérer la main d’œuvre et rembourser les annuités. Le rapport annuités/produit brut est un ratio important à suivre : il doit être contenu en-dessous de 15% ; de 15% à 20% la situation est tendue voire très tendue au-delà de 20%. Le disponible par UMO a pratiquement baissé de moitié de 2014 à 2016.
Un produit lait en baisse de 50-55€/1000l et des charges qui sont restées stables impactent inévitablement la rémunération réelle du travail.

On l’a dit, ces moyennes cachent des disparités entre exploitations au sein d’un même système. Qu’est-ce qui caractérise ceux qui obtiennent les meilleurs résultats ? La technicité d’abord : productivité par vache, âge au vêlage des génisses, valorisation de la charge alimentaire, optimisation de la place dans les bâtiments… Ensuite, c’est la cohérence globale du système qui reste un objectif à atteindre : équilibre entre surface, volume de lait et main d’œuvre.

 

Références: D. Tisseur, Loire Conseil Elevage (2016)

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