Confort et pénibilité : ergonomie en salle de traite

Une traite confortable au quotidien, éloigne le médecin !

Souvent deux fois par jour, jusqu’à 365j par an, la traite est une action répétée qui doit être réalisée le plus confortablement possible pour préserver sa bonne santé, et dans un environnement étudié pour limiter les dangers.

 

 

 

Une bonne posture, l’élément clé pour maintenir sa forme

Par leur répétition, les mouvements réalisés en salle de traite doivent respecter les grands principes de posture pour éviter à long terme tout risque de TMS (trouble musculosquelettique).

Il n’existe pas d’installation idéale, des contraintes techniques et économiques viennent souvent compromettre les plans initiaux ; cependant elle doit être adaptée au cheptel (pour réduire la durée de traite) et  à la taille du trayeur principal (ou au trayeur le plus grand si plusieurs trayeurs). Le quai de traite doit arriver à hauteur de hanche pour travailler le buste droit et la mamelle doit être la plus proche possible du trayeur pour lui éviter de tendre les bras, l’un des grands principes d’ergonomie étant de garder au maximum les coudes au corps. Les trayons doivent se situer à une hauteur comprise entre les coudes et les épaules du trayeur, il faut travailler au maximum les bras en dessous du niveau du cœur. L’emplacement du matériel doit également être pensé : trop bas, il nécessitera de se pencher ou de se courber pour le saisir, trop haut, il entravera les mouvements des épaules et le champ visuel. Les supports de lavage doivent aussi être à une hauteur ne nécessitant pas une forte courbure du dos.

Concernant le type d’installation, plus les chèvres sont serrées sur le quai, plus la distance parcourue par l’éleveur sera réduite. On améliore également la sécurité en limitant les coups de pattes ou les torsions de bassin avec les animaux agités. La traite par l’arrière est souvent préférée pour son confort de travail et la bonne visibilité des mamelles. Sur les rotos, adaptez la vitesse à votre mouvement, afin de limiter les torsions de bassin.

 

 

Bien porter les charges

Les membres supérieurs ne sont pas faits pour porter des charges importantes. Les barrières de contention, les ponts levis, peuvent être une vraie contrainte pour le corps (traction) : il faut les choisir légers ou les équiper de système de contre-poids, et veiller à leur bon graissage. Le + : des installations pneumatiques. De même, le poids des griffes a son importance, choisissez-les légères et pensez au système de maintien des griffes (cordelettes par exemple).

Que ce soit pour la gestion du colostrum ou pour transporter quotidiennement le lait, les bidons sont responsables de nombreuses douleurs lombaires. Pensez à les mettre sur roulettes si la salle de traite et la laiterie sont de plein pied, et évitez au maximum de les porter. Le lactoduc secondaire pour le colostrum, la boule à lait pour le transport entre différents sites de l’exploitation, des pompes pour l’acheminement en fromagerie, sont autant d’investissements bénéfiques à votre corps.

 

Circulation des hommes et des animaux

De plus en plus constaté en caprin, la salle de traite de plein pied reste la meilleure installation d’un point de vue sécurité. En effet, les escaliers sont source d’effort et de risque de chute, d’autant plus si l’on y porte des charges. S’il vous est malheureusement indispensable d’en avoir un, il devra être sécurisé par des mains courantes et muni d’un revêtement antidérapant. 

Les chèvres sont capables de monter et descendre des plans inclinés. Cependant, pour faciliter leur montée rapide, les plans inclinés seront préférentiellement réservés à la descente. Equipez vous de barres de sécurité pour éviter les chutes des animaux du quai ou des pont-levis. Pour faciliter la venue des animaux, des barrières poussantes (type chien électrique) ou les chiens de troupeau (bien dressés) peuvent être une aide précieuse.

Les glissades sont un risque réel de blessure pour les éleveurs, cinq facteurs en sont à l’origine :

  • La nature du revêtement de sol : résine ou carrelage détériorés, sols trop lisses (béton lissé, carrelage sans motif anti-dérapant)
  • La vitesse de déplacement des personnes : cadence de traite trop élevée, quais trop longs, intervention inopinée sur les animaux détournant l’éleveur de l’activité de traite
  • Le type de chaussures portées : ayez des chaussures de sécurité à semelle anti-dérapante, à la bonne taille
  • La présence de souillures sur le sol et les marches
  • La présence d’objets entravant la circulation : tuyaux, seaux, bidons, chiens, différences de niveaux de sols…

 

L’exposition au bruit

Le bruit peut entrainer des séquelles auditives irréversibles mais est également néfaste à la santé : augmentation de la tension artérielle, accélération du rythme cardiaque, troubles du sommeil et digestifs, fatigue et baisse de vigilance. Les animaux quant à eux sont plus sensibles que l’homme et les bruits insolites ou intermittents sont source de stress et génèrent une agitation qui va allonger le temps de traite, voir provoquer un accident.

En salle de traite, le bruit provient principalement de la machine, la prévention consiste donc à réduire le bruit à la source. Pour la pompe à vide, son positionnement est le principal point permettant la réduction du volume sonore : elle doit être placée en dehors de la salle de traite, ou pourquoi pas à l’extérieur du bâtiment à condition d’être dans un local isolé phoniquement (pour soi-même et le voisinage) et protégé des intempéries. Il est parfois possible d’installer un silencieux. Pour le régulateur de vide, son bruit strident et aigüe est extrêmement fatiguant pour le trayeur ; là aussi, placez-le si possible dans la laiterie (à l’abri de la poussière) mais attention : pour pouvoir contrôler visuellement ses fluctuations en cours de traite, il faudra trouver un compromis entre confort auditif et proximité visuelle. Pour les pulsateurs, peu de solutions mais certaines peuvent se trouver avec votre concessionnaire. Installer des matériaux en caoutchouc sous la pompe à vide peut réduire le bruit, tout comme enfouir l’échappement et régler correctement le débit en fonction des besoins.

Il existe d’autres sources de bruit dans le bloc traite : le tank, les cornadis, les barrières… dans certaines situations le bruit peut atteindre les 100dB. Les tampons caoutchouc peuvent réduire les bruits métalliques, certains matériaux pour les parois de salle de traite peuvent réduire leur réverbération. Enfin, les protections auditives sont des alliés précieux.

 

Ne négligez pas la lumière

Un bon éclairage en salle de traite assure un travail plus sûr et plus efficace. Il influence la position du trayeur : les zones d’ombre diminuent la visibilité et imposent au trayeur de se pencher pour mieux observer et intervenir sur la mamelle. Les zones d’ombre ou d’éblouissement sont une source de stress pour les animaux et perturbent leur circulation. Il est conseillé d’avoir 150 lux en salle de traite et en chèvrerie et jusqu’à 300 lux en laiterie.

 

Des préconisations à appliquer aussi dans la laiterie

Enfin, la laiterie doit également être pensée : il faut prévoir un espace libre autour du tank pour assurer le nettoyage et les vérifications techniques. Le point de vidange doit être placé directement au-dessus d’une grille pour éviter les écoulements sur le sol (risque de glissades), le positionnement de la canne à lait doit permettre de vider ou vidanger le lait dans de bonnes postures, prévoir un escalier pratique pour avoir accès au-dessus du tank. Pour la réduction du bruit généré par le groupe froid, il est possible de séparer la laiterie de la salle de traite par une porte coulissante.

L’incidence de tous ces facteurs est souvent sous-évaluée, mais traire en sécurité et confortablement au quotidien permet de préserver sa santé et d’éviter d’en faire une contrainte.

 

Florine WOEHL, ADICE

 

 

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