Conduite au tarissement : préserver le capital santé de la vache

A l’arrière-saison de septembre aux premiers jours de Novembre les vaches taries se trouvent le plus souvent relégués sur les parcelles les plus éloignées du reste de l’exploitation. A une période où les conditions climatiques et les conditions d’ingestion de l’herbe sont irrégulières en qualité et quantités. La non prise en compte d’une conduite spécifique risque d’entrainer en cascade différentes pathologies indisposant le veau et compromettant les performances zootechniques de la vache en début de lactation.

 

Les risques liés à l’herbe d’automne.

  • A cette saison l’herbe est déséquilibrée avec une valeur azotée élevée selon la proportion de légumineuses, et le niveau énergétique à tendance  à baisser.
  • La quantité d’herbe disponible et l’ingestion est irrégulière selon  la qualité des parcelles et les conditions climatiques. (Sécheresse fin Aout, temps froid et humide en Octobre par exemple)
  • La teneur en potassium de l’herbe limite l’absorption du magnésium et contribue à un déséquilibre des éléments minéraux  au niveau sanguin.

 

Dans ces conditions d’alimentation le déficit énergétique à l’approche du vêlage, couplé à une minéralisation inadaptée au tarissement peuvent engendrer des Fièvres de lait, des vêlages lents, des  non délivrances, des  métrites ou des  œdèmes mammaires. Ces  circonstances sont propices à l’acétonémie du début de lactation et compromettent les performances de  production et reproduction.

 

 

Eviter le déficit énergétique

Il faut s’adapter à la fois à la quantité et à la  qualité d’herbe disponible et aux conditions climatiques changeantes afin d’éviter de cumuler un excès d’azote à un bilan énergétique négatif.

Cela implique de complémenter l’herbe d’automne avec un foin d’excellente qualité pour saturer l’ingestion et préserver le volume du rumen. La distribution de concentré contribue à maintenir l’efficacité d’absorption des nutriments par le tapis ruminale et maintenir ainsi  le profil fermentaire.

 

L’objectif est de distribuer une ration à 0.75 UFL et 75 PDI au 8 ème mois de gestation, pour tendre vers des valeurs de ration de 0.85 UFL et 85 PDI en préparation au Vêlage.  Pour cela il faut distribuer de 1 kg en milieu de tarissement  à 3 kg de concentré au moins à l’approche du vêlage.

 

Sécuriser la minéralisation

Il est impératif tout au long du tarissement de sécuriser la minéralisation avec  l’apport de 100 g  d’un AMV spécifique afin de préserver les défenses immunitaires de la vache en préparation au  vêlage et également  la qualité du colostrum. (Voir tableau ci-contre)

Des seaux à disposition sont insuffisants, et il est nécessaire de contrôler la teneur de chaque élément. Le recours  à des bolus à relargage rapide pendant cette période peut être un compromis en complément des blocs à lécher.

En fait, la stratégie de complémentation en AMV dépend du bilan sanitaire et des problèmes rencontrés en période de vêlages. Dans un élevage ou l’on constate plus de 10 % de  non délivrances et + de 5 % de métrites constatées, il est nécessaire de faire le point sur l’efficacité de la nutrition en minéraux et vitamines (Calcium, magnésium, vitamines, cuivre, zinc et sélénium).

 

 

 

 

 

 Préconisation de dosage d’un aliment minéral au tarissement pour une distribution de 100 gr/vache/jour.

 

 

 

 

 

 

 

La BACA est une approche précieuse pour les cas à risques

Le BACA (Bilan Alimentaire Cation-Anion) signe l'équilibre acido-basique au niveau sanguin. Il permet d'évaluer et prévenir les conduites à risque au niveau du vêlage. En début de lactation, l'objectif est d'avoir un BACA de l'ordre de +200 meq/Kg de ration totale pour contrer les risques d'acidose ou doper l'ingestion. En revanche, au tarissement ce bilan doit être négatif, notamment pendant la préparation au vêlage, avec un bilan BACA de -50 à -100 meq/kg de ration, pour prévenir les fièvres de lait.

Pour chaque aliment l'INRA donne une valeur BACA en meq/Kg de MS. Elle se base sur la formule suivante : BACA = (K+Na)-(Cl+S). Cette équation un peu complexe est trés utile pour équilibrer les rations et corriger les pratiques des élevages confrontés à des difficultés de type tonicité du vêlage, oedeme mammaire, fièvres de lait, etc.

Ainsi dans des régimes à dominantes herbes (herbe paturée, ensilage, enrubanage), l'élément Potassium, trés variable en fonction du type de flore, du stade végétatif, de la fertilisation, peut orienter vers un BACA faible ou élevé. Mieux vaut donc bien le cerner pour optimiser la préparation au vêlage. Des analyses de fourrages sont dans ce cas vivement conseillées.

Afin de rééquilibrer la balance anions- cations (BACA), la complémentation en chlorure de magnésium quinze jours avant vêlage sur une base de 100 gramme / vache / peut s’avérer utile pour favoriser l’aptitude au vêlage et la santé de la vache.

 

Après vêlage, maintenir la vache dans une bonne dynamique

Avant tout, suite au vêlage il est nécessaire de  s’assurer que la vache boive et ingère le plus vite possible la ration des vaches en lactation afin de de maintenir un rumen plein et relancer de façon optimale le cycle de digestion.

Dans le cas d’une ration individuelle l’accroissement du concentré doit suivre un rythme  de 2 à 2.5 kg / semaine pour arriver au niveau maximum en 15-20 jours, bon compromis pour  optimiser le bilan énergétique et éviter les troubles métaboliques.

Dans le même temps il faut veiller à adapter la minéralisation en distribuant un minéral à 250g – 300 g /VL / jour avec un niveau en calcium suffisant .L’utilisation de carbonate de calcium ou lithotamne est souvent une nécessité pour compléter les apports.

 Les apports en vitamines à ce stade de lactation sont essentiels pour consolider les fonctions d’immunités et limiter les pathologies.

Enfin la règle de base à l’échelle du troupeau est d’offrir des conditions d’ingestion optimale .Il est donc nécessaire en fin d’été-automne de veiller à ne pas sur-éstimé la quantité et la qualité de l’herbe proposé en aménageant une transition suffisamment précoce avec les stocks d’ensilage pour éviter d’installer le troupeau dans une mauvaise dynamique.

 

Le tableau ci-dessous permet d’évaluer les situations à risques en début de lactation :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Philippe ANDRAUD, Puy-de-Dôme Conseil Elevage

 

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